Pipi Tornado, un tsunami délirant

C'est pas un EP, c'est cinq singles qui valent tube. Tu veux du groove, tu veux du punk, tu veux du rock, tu veux de la chanson ? Tu aimes le rythme qui défonce les oreilles autant que les guibolles ? Tu trouveras forcément ta pépite dans le rock bipolaire de Pipi Tornado. Ce quatuor mené par une ahurissante hybridation entre Nina Hagen et Mimi Cracra porte bien son nom de catastrophe naturelle.

Lance la galette, et n'en loupe pas une seconde, ça va tout donner en juste un quart d'heure, comme un bon dessin animé plein de rebondissements atroces. Avec un arrière-plan de synthé grinçant façon fête foraine, Pipi Tornado nous entraîne dans son train fantôme échevelé dont le tempo ferait pâlir de transpiration les justaucorps d'aérobic. Les artistes à peine échappés de l'asile commettent dans la foulée cinq titres qui s'enchaînent sans prendre le temps de respirer, et qui laissent haletant après cette débauche d'énergie trop rapide.

Tout à coup, on hallucine, on croit voir des araignées partout, on les chasse en s'assenant de grands coups de batterie. « Spiders » démange et donne envie de s'arracher les cheveux, ces cheveux que Mélodie méprend pour des araignées.

Pas du tout calmés, on repart bille en tête à la poursuite de l'amour avec la ballade romantique survoltée « Pipi of the Apes ». Hurlements simiesques de pédales d'effet poussées à fond, synthés techno et voix hululante de folie, voilà un titre qui donne la banane.

Pour continuer dans les courses-poursuites, sur un autre style, « Rats » déroule les allitérations roucoulantes sur un rythme saccadé groove, donnant un petit côté beat box à ce slam guttural.

On ne va pas se calmer, la pilule commence à peine à faire effet, et la pop chaloupée surmontée d'une voix presque suave sur « Back Now » camoufle sous ses cuivres un hymne belliqueux. Une véritable furie susurre des paroles de menace létale. Rends le briquet, sinon gare !

Comme rien n'est sérieux sur cet EP, à part le professionnalisme mis dans les compositions déroutantes, les artistes terminent le délire en retombant en enfance. Zozotement juvénile, retour au stade urogénital, « Roddy Pee-Buddy » démolit la cloison entre la gentille folie et la vilaine réalité à coup de guitares dévastatrices.

On pisse un coup, et on relance le disque, encore une dose, vite !