Vous vous souvenez de Alt ? Le groupe de Drancy figurait en bonne place dans le top de l’année de votre serviteur après avoir pondu deux EP 4 titres d’excellente facture. Le projet du trio est de sortir 4 EP avant de décider de la suite des événements. Pas une bête idée quand on sait à quel point l’étape du premier album est importante. Alt poursuit donc son chemin avec la sortie du 3e EP de sa série, I’m a model. L’occasion de prendre la température et de voir comment le groupe envisage son évolution.
Les défauts de jeunesse entraperçus sont toujours là : la production manque vraiment de quelque chose et la voix mériterait d’être retravaillée. Ces deux défauts ne sont pas rédhibitoires, mais ils le deviendront certainement si le groupe poursuit son chemin. Pour l’heure, concentrons-nous sur ces 4 nouveaux titres, car il est clair que le combo a souhaité expérimenter un peu et s’éloigner de ce qu’il avait déjà réalisé.
Le groupe conserve une patte viscérale et énergique assez reconnaissable. A ce titre, « The Maze », le premier morceau, s’appuie sur les qualités qu’on connaît à Alt : des ambiances sombres et un peu déglinguées, une batterie qui évoque l’industriel puissant des années 1990, des mélodies simples mais accrocheuses et une vraie alchimie qui porte l’ensemble au niveau supérieur. « I had a dream » est globalement du même tonneau bien qu’un peu moins réussi car moins énergique. Il faut dire que le groupe ne peut pas encore vraiment se permettre de laisser trop d’espace à cette voix qui n’est pas suffisamment solide pour maintenir le niveau d’intensité à elle seule. C’est sans doute le plus gros problème des groupes émergents, notamment au sein de la scène française : prendre en compte toute l’importance du chant. Non pas que la voix soit mauvaise, mais clairement pas assez puissante ou charismatique pour que les instruments puissent véritablement se reposer sur elle.
Le mid-tempo « The Plan » souffre du même souci. Sa tentative de proposer un refrain ouvertement mélodique est louable, mais bute sur une voix qui n’est pas encore au niveau, sans compter que la mélodie n'est pas particulièrement inspirée. Aucun problème en revanche pour « Silhouettes and summer Frowns », qui passe comme une lettre à la poste en accélérant le tempo juste ce qu'il faut pour que la voix redevienne un instrument parmi d'autres. Une fois de plus très mélodique, il rassure sur le fait que Alt, s’il souffre de défauts qu’il lui faudra impérativement corriger s’il veut un jour pouvoir prétendre jouer dans la cour des grands, n’en possède pas moins un vrai potentiel et une capacité à pondre des titres terriblement accrocheurs dans un registre assez différent de ce que l’on connaissait déjà. Le final notamment constitue une très belle surprise. Ce sont donc paradoxalement les qualités du combo qui font ressortir des défauts que l’on espère voir rapidement corrigés afin de pouvoir profiter pleinement des compétences de Alt, qui confirme qu’on peut attendre de belles choses de sa part.