Tout se joue avant six ans selon le bon docteur Dodson… Ce sept septembre à l’International, nous avons pu voir ce qu’il en était de l’accompagnateur d’artistes Yann Landry (a.k.a La Tête de l’Artiste) qui y fêtait ses cinq ans. Verdict du jury ? Il peut prétendre à passer en CP sans problème au vu de la prestation de ses camarades de jeu. Ceux qui ont répondu à son invitation ce soir-là lui ressemblent ; de l’Ambulancier à Daniel Jea en passant par les Montpelliérains de Pipi Tornado, tous ont en commun une rage de vivre communicante et un professionnalisme à toute épreuve.
En guise de la vedette américaine promise, v’la-t’y pas qu’on a droit à une vraie reine de Baal ! En fait, non, c’est à un roi du riff énervé, mâtiné de boucles électro qu’a été confié le soin d’ouvrir cette soirée. Et Palem Candillier alias l’Ambulancier, a du métier pour chauffer une salle. De l’énergie à revendre également avec sa doublette de brancardiers spécialisés en soins musicaux ! Libéré du poids de sa gratte - c’est Baptiste Rigaud qui tient le manche tandis que Reddy Red officie à la basse - notre forcené semble atteint du syndrome de la Tourette et gambille sec sur la microscopique scène de l’Inter. Point de gros mots en revanche, mais de petits saillies pleines d’humour entre chaque morceau. On a droit aux titres de son premier EP ( “Anti-système solaire”, “Alignement désastre” ou le fameux “Monogame”), mais l’Ambulancier nous balance un paquet d’inédits en avant-première de son concert le vendredi 16 à la péniche Antipode. On capte des envie de “Partage” ou d’Iowa, voire des brides de “Cheat Code” ; des textes toujours à la hauteur d’un son rageur mais totalement maîtrisé.
Celui qui relève ensuite le gant est un fin bretteur gratteux qui vend ses services de samouraï ronin à qui peut se les offrir. Pour ses aventures en solo, Daniel Jea s’est offert ceux de France Cartigny - clavier, bassiste et chanteuse - et d’Emilie Rambaud, émérite batteuse du duo The Buns. Avec une gouaille sans pareil (son “Madame Casio” est irrésistible !), la première va tenir avec lui le devant de la scène avec des ouh ouh aux choeurs drôlatiques tandis que la seconde la jouera plus discrète, mais tout aussi implacable en arrière plan. S’il débute son set avec son “À l’instinct à l’instant”, fer de lance de son récent album, c’est pour mieux ralentir ensuite la cadence car il a un aveu à nous faire… Il veut réhabiliter le slow, rien que ça ! “Tout est mieux” avec vous, poursuit-il avant d’exploser en plein vol avec le fulminant “Au milieu”. “Quitte moi” sera lui tout en nuances, entre frappes subtiles d’Emilie et éruptions électriques de la guitare. Une saine colère refera surface durant les morceaux suivants, tous très cinglants et et précis de part leurs titres lapidaires ; “Avance”, “Ne pas”, “Après”, “Un Pas”… Le dernier, “Bitume” ne déroge pas à la règle, mais il faudra attendre la sortie en novembre du prochain album pour l’écouter plus avant.
Soyons honnêtes pour une fois - mais on nous y reprendra pas, promis - on a raté les premiers titres du set des Pipi Tornado, occupé qu’on était à tailler une bavette avec les collègues… On ne saura donc pas qui est le mystérieux “Roddy Pee Buddy” et ni si dans “Pipi of the Apes”, la chanteuse Mélodie Pastor a rencard avec un gorille géant. Ce que l’on peut affirmer haut et fort en revanche, c’est que cette dernière bouffe littéralement l’espace. L’exiguïté de la salle ne rentre pas en compte ; elle nous ferait la même dans un Zénith. Car cette diva punk aux courbes voluptueuses, montée sur des boots plateformes qui la rendent encore plus impressionnante est de la trempe d’une Nina Hagen, icône rock qu’elle admire d’ailleurs. Son comparse bassiste Lionel Puyal s’entend comme larrons en foire avec Christophe Sanchez échappé de Bagdad Rodéo et qui tient la guitare pour l’occasion. De vrais siamois du riff ! On ne voit pas Samuel Devauchelle s’agiter comme un diable de Tasmanie sur sa batterie, mais on le perçoit très nettement ! Lors du précédent set, on entendait le maitre de cérémonie balancer ses “DJ !” enamourés, son absence fut remarqué lorsque Mélodie le remercia de les avoir invité. Probablement tanqué à l’étage, il n’a pu qu’entendre le doux sobriquet d’enfoiré qu’elle lui a attribué pour la peine… Bigger than life Miss Melo et ses boys, promis à un bel avenir car uniques en leur genre !
Crédit © Photos - Meteo Rock By Chris / Rstlss et Yann Landry