A deux doigts !
Ce 28 mars, c’est la 1ère date parisienne de Pamela Hute. L’album Bandit est dans les bacs depuis le début du mois.
Des réponses à mes questions.
Je suis impatiente de les découvrir en live et de les entendre défendre le LP.
Je suis curieuse du résultat on stage du mixage de John Agnello.
Le travail de production passera-t-il le cap de l’épreuve du direct ?
Est-ce que je vais garder le même enthousiasme : le rock et le mélange des genres pêchu, tout en nuances ?
Intriguée : mais où est le bassiste, entité fantôme de l’album ?
Pamela Hute, rappelons-le c’est le trio éponyme, que constituent aux claviers-synthés Igor Bolender, à la batterie Ernest Lo, mené par Paméla chanteuse, guitariste, compositrice.
Pamela Hute, 2 LP et des EP autoproduits à leur actif, ont déjà étrenné quelques scènes et les festivals. Seuls, au Printemps de Bourges en 2009 ou en 1ère partie de Shaka Ponk à l’Olympia en 2012, entre autres.
J’ai aimé l’album, j’ai remarqué les bonnes critiques. Je pars confiante.
La 1ère partie de ce concert assurée par June Bug (tiens encore une fille à la guitare.. et au ukulélé, qui est également leader d’un trio à son nom) vient de s’achever.
Pamela traverse la salle et rejoint les coulisses, emmitouflée dans un sweat à capuche qui lui mange le visage, fait ressortir son teint diaphane. Balayant la trajectoire de son regard bleu, elle se fait discrète et c’est grâce à cela qu’on la reconnaît.
21h00. la salle s’est remplie pour Pamela Hute.
Dans les 1ers rangs pas de surprise : les inconditionnels. Ceux qui connaissent les paroles par cœur (qui osent le montrer !) se déclinent au féminin. Tout à l’heure les mots et les mélodies seront sur leurs lèvres et leurs yeux brilleront d’admiration pour cette fille à la rock attitude : un stoïcisme et une guitare dont elle ne se départit pas.
Simple, pas de dress-code, l’événement voit se côtoyer plusieurs générations. Ca va du blouson perfecto-la cinquantaine accompagnant sa progéniture à des gens qui semblent venus en famille, des potes et des couples de tous âges. Rare, pour un groupe qui joue sa notoriété en devenir.
Des mobiles immortalisent l’événement.
L’entrée du groupe, Pamela en chef de file sur un titre diffusé par la sono, saveur glamour et éclairage minimaliste.
Puis très rapidement, déboule "Just like this" que Pamela attaque avec sa Fender Mustang (la guitare blanche). Les titres de l’album vont s’enchaîner "From time to time", "Radio", "Mad words", "Running away", "Nothing shines like the moon".
Puis le groupe intercale des morceaux de l’album 2009 Turtle Tales from Overseas et termine par l’un d’eux "My dear".
Pas de déception quant à leur interprétation : rock, rock, rock. On les sait capables. Et une surprise à la clé : une interprétation rock, rock, rock. Let set n’a pas suivi le parti-pris de l’album qui jouait sur des climats variés : rock, grunge, pop.
Une découverte également, la batterie, le plus souvent discrète sur Bandit. Ernest Lo se fait remarquer par une frappe puissante, précise et par sa dextérité des syncopes qui mettent en valeur le tempo linéaire du genre.
Pamela va faire alterner les guitares, elle empoigne la seconde, la belle rouge (dont je n’ai pu identifier le nom) qu’elle fera claquer sur "Nothing Shines like the Moon" qu'elle prendra plaisir à faire mugir et saturer devant l’ampli en fin de morceau.
Peu loquace la dame, c’est la guitare qui parle et la batterie qui se fait entendre
Il faudra attendre la moitié du concert pour que le public commence à se manifester bruyamment. "Mental" donne le signal de départ : applaudissements nourris et premières paroles de Pamela "comment allez-vous ?"
La question de Pamela aura déclenché une réaction du public, qui répond à l’invitation tardive et discrète à participer. "Hystérical" lui en donne l’opportunité. La guitariste qui avait déjà montré sa complicité de jeu avec le batteur vient cette fois installer une alliance avec Igor Bolender. C'est à son tour de se distinguer. Une combinaison réussie : synthé-guitare. Avec une super pêche.
Aux trois-quart du set Pamela commence à se libérer.
"Don’t help me" la voit amorcer des pas dansés en pivotant sur elle-même, sa guitare toujours solidement lovée sur sa poitrine. Elle pilote ce titre avec une puissance surprenante. Le geste ample à la Pete Townshend avec lequel elle exécute le dernier accord plaqué, la batterie précise et puissante. Le morceau rallie le public qui ovationne.
Aux manifestations de joie, Pamela réagit en battant la mesure en tapant des mains au-dessus de la tête et achève "Umbrella" par un discret "merci !"
Bien qu’elle n’aime pas frimer en changeant souvent de guitare (c’est elle qui le dit en introduction), c’est pourtant ce qui va se produire. "Mastodont" avec une nouvelle Interprétation au chant et aux machines et une tonalité new wave. Dommage, la voix est enterrée (problème technique ?)
Pam montre une impassible maîtrise et rattrape l’imperfection en cours de route. La bouche toujours prête à mordre le micro.
La linéarité rock du répertoire est bousculée grâce au pont sur "Mastodont". Il insuffle une respiration, une nuance qui commençait à manquer.
On sent la meneuse maintenant plus à l’aise et elle exprime son jeu de guitare, très, très saturé sur "Lovely" au cours duquel Igor invite la salle à chanter ensemble sur le "la, la, la", de cette composition qui s’y prête aisément.
"My dear", vient clôturer le set et permet de saisir un trop fugace instant le (charmant) sourire de la chanteuse, qui appelle aussi à taper des mains. Le public la suit. A la fin du titre, après un rapide salut amical. Pamela remercie et puis sort de scène. Suivie par les 2 musiciens.
La fin du set, abrupte, ne décontenance pas les spectateurs et le traditionnel "Wo ooh Wo ooh" de rappel ne se fait pas attendre. Le groupe non plus.
Le rappel
"Radio" est rejoué. Il sera le morceau dont l’interprétation se démarquera le plus des titres orignaux avec un chant plus scandé que ceux interprétés jusqu’alors et une couleur grunge.
En deuxième titre, sitôt les premières notes de "Parachute" amorcées, le public précède Pamela. "Il y a des connaisseurs dans la salle" s’amuse-t-elle.
Une interprétation très glamour aux humeurs cabaret et qui lui va bien.
Elle claque des doigts pour battre la mesure et remue les épaules, libérée de sa guitare.
C’est sur cette ambiance intimiste qu'est clôturé le concert.
Il est 22h00 : Pamela dit "merci".
A l’issue du concert, j’ai maintenant réponse à mes questions :
John Agnello a eu, aussi, le talent de ne pas dénaturer les univers et les capacités des musiciens.
On a bien affaire à du vrai live qui ne se cramponne pas à la réalisation studio.
Je garde le même enthousiasme pour le rock pêchu que nous concocte Pamela Hute, mais je dois tirer un trait sur la diversité des genres.
C’est Igor Bolender qui cumule deux portefeuilles et officie en tant que bassiste sur une machine pendant qu’il distribue accords et mélodies sur la seconde.
J’ai aussi mon ressenti sur le set qui vient de se dérouler. J’ai apprécié, oui, mais… je suis partagée :
l’éxécution de la musique : Un rock parfait en jeu et en énergie.
Mais les titres sont calibrés par l’album et leur interprétation sort très peu de ce cadre. Le répertoire manque de respirations (changements d’intensité ou de tempo).
La prestation scénique : Grande frustration. On est souvent emballé parce qu’emmené à la frontière du débridé, initié par le jeu de guitare de Pamela, là où elle se lâche. Elle est à 2 doigts de nous embarquer et puis… on reste en ½ cale sèche, car c’est précisément le moment qu'elle choisit pour achever les morceaux. En pleine ascension, en pleine puissance.
Enfin, il y a le gros défaut du manque d’échange avec le public qui est réduit à sa portion congrue.
En conclusion, le set auquel j’ai assisté ce soir m’a laissé sur ma faim, mais j’ai très envie de suivre l’évolution de Pamela Hute car je suis convaincue qu’elle est en mesure d’offrir tout ce qu’elle a à donner.
La tournée française de Pamela Hute se poursuit avec d'autres scènes :
05/04 – Cargo de Nuit à Arles (13)
12/04 – Festival les Virevoltés à Vire (14)
26/04 – MaMa. Scène Pression Live à Bourges (18)
08/06 – Lo Bolegason à Castres (81)
17/07 – Festival Place aux Artistes à Saint-Quay-Portrieux (22)