The Revival Hour – Scorpio Little Devil


Il y'a des album comme ça qui sont difficiles à digérer. Et je n'entends pas donner à cela un sens péjoratif. Simplement, certains albums assomment par leur maestria et restent insaisissables.  C'est le cas de ce Scorpio Little Devil du groupe The Revival Hour.

Et si l'album est insaisissable, le genre du groupe en lui même est indéfinissable. Blues, Rock, Pop, Soul, Electro, trip-hop... A vous de choisir.

 

Reste que ce Scorpio little Devil tient presque de la perfection. Tant d'intelligence au service de tant de faux tubes, ça frise le scandale. Si chaque titre sonne comme une évidence, aucun ne viendra vous hanter véritablement, ou tout au mieux laissera un souvenir brumeux d'un rêve étrange, avec pour seul guide dans ce dédale musical une superbe voix tapissée de velours, hypnotique, contrebalancée par une rythmique tribale ("Eyed The Beast") ou superbement soulignée par des violons ("Riverbody", "à fleur de peau").

On peut entendre parfois ("Pyre") une certaine ressemblance avec d'autres groupes plus connus et reconnus, comme disons, Radiohead; mais là où la bande de Thom Yorke n'oublie jamais de nous gratifier d'un earworm (vous savez, ce petit truc qui vous rentre dans la tête et qui refuse d'en sortir) bien senti, The Revival Hour nous laisse continuellement au bord de la route. La perfection, certes, mais qu'on ne touche pas du doigt, juste des oreilles.

Cette splendide alchimie a donc quelque chose d'un peu inquiétant. Si, enfin, on réussi à allier intelligemment le fond et la forme et par là contenter aussi bien l'auditeur exigeant que celui plus occasionnel, pourquoi prendre ce soin extrême de ne jamais rien imposer? Ne serions-nous plus que les victimes de la modestie des puissants?

 

Ainsi coule l'album, tel un fleuve à la force tranquille, aussi sage qu'il est sûr de lui. Néanmoins, ce serpent de mer aura du mal à cacher une certaine froideur, non pas par sa composition, mais par la distanciation que cette musique semble exiger. Les chimères n'existent pas, pas vrai?

Alors à ceux qui voudront voyager dans ce rêve profond et envoutant, jetez vous avec délice dans ce terrier du lapin blanc superbement aménagé, les autres préfèreront peut-être garder les pieds sur terre, non pas que l'expérience ne les tente pas, mais parce que le retour sera définitivement plus douloureux que le départ.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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