Les mythiques Depeche Mode sont revenus le mois dernier chez Columbia avec un treizième album du nom de Delta Machine. Un titre illustrant bien ce qui nous attend. En effet, la bande à Dave Gahan nous emmène nous balader de l’autre côté de l’Atlantique dans un Delta à la fois bluesy et moderne. A la production, Ben Hillier et au mixage Flood, deux professionnels ayant déjà fait un bout de route avec Depeche Mode par le passé.
Etre chroniqueur peut-être une tâche qui procure beaucoup de plaisir, car certains disques nous emballent tellement que les mots coulent de source en abondance. Mais le chroniqueur connait, lui aussi le syndrome de la page blanche. Car parfois, l’inspiration se fait attendre. On écoute et réécoute l’album, et on se demande, « Mais que vais-je bien pouvoir en dire ?! ». Pour ce nouvel album de Depeche Mode, on est plutôt dans le deuxième cas de figure. Attention, cet opus n’est pas mauvais du début à la fin, il y a quand même des éléments intéressants. Mais, on est bien loin du disque qui excite, titille l’imagination et donne envie d’écrire des pages et des pages.
Comme on pouvait s’y attendre, Depeche Mode nous a encore surpris avec une nouvelle évolution, car c’est un groupe qui a la capacité de se renouveler tout en gardant sa marque de fabrique. Cet album sonne très moderne, composé avec la plus délicate précision. Il est très aéré. La production est propre avec une partie instrumentale assez minimaliste. Le son est généralement plutôt froid, mais très futuriste, où synthétique et électrique se croisent et se recroisent. On a là de la new wave de 2013 sans fioritures, avec toujours ce soupçon de synthpop ayant fait le succès du groupe. Et surtout, on retrouve sur cet album une délicieuse touche de blues (« Slow », « Goodbye »). Il y a même un côté épique parfois (« Secret To The End », « Broken »). Cet album vise plutôt à installer une ambiance que l’on sent souvent tendue et inquiétante.
Mais bon, il faut le dire, l’ensemble est plutôt plat, et la plupart du temps, on s’ennuie ! Non pas que cela soit mauvais, mais point de titres pour nous sortir réellement de la torpeur. Et sur tout un album, cela devient vite lassant. On en vient même à se demander pourquoi certains morceaux ont vu le jour (« My Little Universe »). Les deux gros tubes sont « Angel » et « Soothe My Soul ». Le premier est un morceau au fond de beat marqué. Quant au deuxième, c’est le titre qui passe sur les radios en ce moment. C’est le morceau le plus accrocheur et enjoué du disque. « Should Be Higher » a également un coté hypnotique entraînant. Pour le reste, eh bien, à voir ce que cela va donner en concert, mais on espère que le groupe va leur injecter un peu d’adrénaline sur scène. En fait, il faut se mettre dans un état d’esprit particulier pour être envoûté par ce disque. C’est un album qui ne captive pas après écoutes et réécoutes, et puis un jour, on réalise qu’on a trouvé la faille pour pénétrer dans cet univers assez spécial.
Ce qui n’a pas changé, c’est la captivante voix grave et mélodieuse de Dave Gahan.. En quête de foi et de sacré, son chant sans fausses notes se marie parfaitement à l’instrumentale. II laisse le temps d’un « The Child Inside » le micro à son acolyte Martin Gore. Malheureusement un autre titre ultra soporifique du disque.
Après plus de trente ans de carrière, on sent un groupe beaucoup plus mature. Trop peut-être ? Il se fait plus sage et réfléchi en se reposant beaucoup sur la technologie. Le trio a au moins le mérite de se mettre dans l’air du temps avec facilité et crédibilité. Mais l'ensemble reste fade, soyons honnête. En tout cas, pour ceux ayant apprécié, c’est un album qui ne se démodera pas de sitôt. Il passera plutôt à travers les âges sans vieillir.
Tracklist:
1 - Welcome To My World
2 - Angel
3 - Heaven
4 - Secret To The End
5 - My Little Universe
6 - Slow
7 - Broken
8 - The Child Inside
9 - Soft Touch / Raw Nerve
10 - Should Be Higher
11 - Alone
12 - Soothe My Soul
13 - Goodbye
Titres supplémentaires disponibles dans la version Deluxe :
1 - Long Time Lie
2 - Happens All The Time
3 - Always
4 - All That’s Mine