2h45. 2h45 de concert à Toulouse le 13 novembre dernier pour la bande de Robert Smith. Le dernier passage de The Cure à Toulouse remonte à 2000 et pour son retour dans la ville rose, le groupe a mis les petits plats dans les grands comme pour se faire pardonner de ses longues années d’absence et d’un album sans cesse reporté…
Il fallait arriver tôt au Zénith de Toulouse en ce dimanche 13 novembre. En effet, en ce retour de week-end et dernier jour de la ristourne gouvernementale sur le prix à la pompe, nombreux étaient les toulousains sur les rocades et les rues de la métropole. Qui plus est, le concert de The Cure de ce soir est sold-out, si bien que plus de 10500 personnes ont répondu au rendez-vous donné par Robert Smith. Il est à peine 19h, les Parkings sont déjà pleins et les fans jouent des coudes pour pouvoir pénétrer dans l’arène du Zénith de Toulouse. C’est bon signe ! Une fois rentré dans les lieux, le public se presse aux abords de la fosse ou se précipite sur les places assises réservées avec en fond sonore une pluie torrentielle qui se diffuse dans les haut-parleurs de l’immense salle. On se croirait en Grande-Bretagne ! Du côté des spectateurs, la moyenne d’âge dépasse allègrement la quarantaine. Les fans de The Cure se sont déplacés en nombre afin de (re)vivre encore une fois les heures glorieuses du p’tit groupe de Crawley…
Twilight Sad
Mais pour l’heure, ce sont les écossais de Twilight Sad qui doivent lancer les hostilités avec un univers post rock aux teintes krautrock / gothiques à la manière de Neu !, Tangerine Dream ou même The Cure. Mais loin de se contenter de singer ses glorieux aînés, le groupe délivre une musique sombre assez personnelle et plutôt bien amenée. Il faut dire que le jeu de basse entêtant de Johnny Docherty et des nappes de claviers de Brendan Smith amènent à l’ensemble un côté dark / new wave intéressant.
De son côté, le chanteur James Alexander Graham délivre une prestation habitée avec une gestuelle qui n’est pas sans rappeler Dave Vanian de The Damned…
Twilight Sad à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
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Twilight Sad à Paris - Crédits photos : David Poulain
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Le public toulousain montre pas mal d’intérêt à l’égard du groupe et réagit plutôt bien aux morceaux proposés. Et même si c’est The Cure qui est attendu avec impatience, Twilight Sad recueille tous les suffrages et des applaudissements fournis ! Ce n’est que justice…
Au final, même si la musique de Twilight Sad n’offre pas tellement de surprises dans ces approches, force est de constater que le groupe a réussi à intéresser le public et délivrer un set de qualité. On sent que les écossais en ont encore sous pied et qu’ils ont toutes les cartes en main pour véritablement décoller.
Setlist Twilight Sad
- Kill It In The Morning
- Let’s Get Lost
- VTr
- That Summer, At Home I Had Become The Invisible Boy
- There's A Girl In The Corner
- I’m Not Here (Missing Face)
- 10 Good Reasons For Modern Drugs
- Keep Yourself Warm
- And She Would Darken The Memory
The Cure
Après un long changement de plateau et les dernières balances effectuées par les roadies, le noir tombe sur la scène et les lumières tamisées accompagnent l’entrée de The Cure : Jason Cooper derrière la batterie, Roger O'Donnell et Perry Bamonte aux claviers, Reeves Gabrels à la guitare, l’increvable Simon Gallup à la quatre-cordes et bien entendu le maître de cérémonie : Robert Smith. Dès l’arrivée du leader sur les planches au son de « Alone », un nouveau morceau, le public exulte comme un seul homme. Le musicien lui, arpente la scène plusieurs fois pour saluer les fans et répondre aux (millions de) sourires. En l’espace de quelques secondes, on sent que Robert Smith est heureux de retrouver le public. Son public si fidèle. L’émotion de ce début de set est réelle et palpable !
Comme on pouvait légitimement s’y attendre, The Cure a à cœur de faire un tour d’horizon de son imposante discographie et de revenir sur ses nombreuses compositions marquantes, celles qui ont façonné tout un pan du rock des années 1980 / 1990. Ainsi, de nombreux morceaux de Pornography (1982) sont mis à l’honneur à l’instar de « The Figurehead », « A Strange Day », « The Hanging Garden » ou « One Hundred Years » à côté d’autres titres emblématiques comme « Pictures Of You » ou « Lovesong » en cette première partie de set très prenante. Même si Robert Smith a (pas très bien) vieilli, sa musique, elle, reste toujours aussi vivace et pleine d’émotion. Ainsi, lorsque The Cure va piocher dans ses premiers enregistrements des titres comme « Play For Today » (1980) ou « Faith » (1981), on prend la mesure de la portée de l’œuvre de The Cure au travers des décennies passées.
The Cure à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
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The Cure à Paris - Crédits photos : David Poulain
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Le public toulousain est aux anges et envoûté par ce concert, madeleine de Proust qui le transporte dans des vertes années (« Shake Dog Shake », « Push », …). Mais contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le set n’est pas tourné vers une nostalgie trop prégnante car on a affaire à un groupe qui a encore des choses à dire, voire à prouver. En effet, Robert Smith et les siens ne se reposent pas sur leurs lauriers et ne proposent pas un show en pilotage automatique. Bien au contraire, le groupe montre qu’il en a encore dans le ventre et déroule des parties de haute volée. À ce titre, le bassiste Simon Gallup (avec son t-shirt d’Iron Maiden sous son cuir), est bien en place et délivre des lignes de basse qui font mouche (« A Forest »). Tout comme son leader, l’homme fait montre d’une véritable envie et ça se ressent plutôt bien sur scène. Derrière le duo, la machine tourne à plein régime, notamment grâce au batteur Jason Cooper et au gratteux Reeves Gabrels qui ne seront jamais pris en défaut. En ce qui concerne les claviers, les parties de Roger O'Donnell et Perry Bamonte amènent des ambiances crépusculaires à la musique de The Cure.
Du côté des nouveautés, The Cure a joué quatre titres à l’ambiance écorchée : « Alone », « I Can Never Say Goodbye », « And Nothing Is Forever » et « Endsong » issues du prochain disque Songs Of A Lost World. Ces ballades très prenantes et bien ficelées passent avec brio l’épreuve du live et laissent entrevoir la sortie d’un album sans doute très sombre. En effet, à l’image d’« I Can Never Say Goodbye », dédié au frère de Robert Smith disparu en 2019 après ses parents décédés la même année, les quatre ballades sont lancinantes, plaintives et épurées. Un moment très fort de ce concert…
The Cure à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
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The Cure à Paris - Crédits photos : David Poulain
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Après une première partie de concert intense, le premier rappel laisse la part belle aux classiques du groupe qui font bouger les nombreux spectateurs comme un seul homme aux sons de « Faith », « One Hundred Years » et l’excellent « A Forest », qui font hérisser le poil et monter les larmes aux yeux. Mais Robert Smith et sa bande ne comptent pas en rester là et mettent en place un second rappel des famille qui terminera de mettre à genoux tout le zénith avec des morceaux comme « Lullaby », « The Walk », « Friday I'm In Love » ou le superbe « Close to Me ». Avant de finir sur le triptyque « In Between Days », « Just Like Heaven » et le mythique « Boys Don't Cry » repris à gorge déployée par le parterre toulousain. La messe est dite. (Dieu) le père Robert Smith peut quitter la scène avec la satisfaction du devoir accompli : les fidèles de The Cure sont en transe. Amen.
The Cure à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
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The Cure à Paris - Crédits photos : David Poulain
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En fin de compte, malgré toutes ces années d’absence à Toulouse, The Cure a été accueilli à bras ouverts par le public de la ville rose, ravi de voir que Robert Smith et les siens ont toujours le feu sacré. Le set du groupe est sans conteste comme l’un des meilleurs concerts de cette année 2022 et une date à marquer d’une pierre blanche ! Malgré le poids des années, The Cure tient toujours le haut du pavé et il l’a encore prouvé ce soir. Il ne reste plus qu’à espérer maintenant ne pas devoir attendre 22 ans de plus pour retrouver Robert Smith sur les planches et de pouvoir écouter ce Songs Of The Lost World qui se fait toujours désespérément attendre, 14 ans après 4:13 Dream…
Setlist The Cure
- Alone
- Pictures Of You
- A Night Like This
- Lovesong
- And Nothing Is Forever
- If Only Tonight We Could Sleep
- A Fragile Thing
- The Figurehead
- A Strange Day
- The Hanging Garden
- Push
- Play For Today
- Primary
- Shake Dog Shake
- From the Edge Of The Deep Green Sea
- Endsong
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- I Can Never Say Goodbye
- Faith
- One Hundred Years
- A Forest
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- Lullaby
- Hot Hot Hot !!!
- The Walk
- Friday I'm In Love
- Close to Me
- In Between Days
- Just Like Heaven
- Boys Don't Cry