Iggy Pop And The Stooges !!! On ne va quand même pas s’amuser à les présenter ! Iggy et les Stooges ! Bordel ! La grande classe ! La puissance à l’état pur comme ils le disent sur l’album du même nom. Mais qu'en est-il quelques… 40 ans plus tard ? Putain, 40 balais. On est raisonnablement en droit de s’inquiéter de la santé des rescapés du groupe de Ann Arbor, Michigan.
Fini les gros labels, Iggy en a écumé pleins (Virgin, Elekra, Columbia), c’est sur Fat Possum, label plutôt consacré aux géniaux mais obscurs bluesmen comme T-Model Ford, R.L. Burnside ou autres Junior Kimbrough, que sort le petit dernier Ready To Die.
Enfournons la galette, et pan ! Burn dans ta gueule ! D’entrée de la grosse purée sonore. L’iguane a retrouvé la patate abandonnée à Houellebecq… C’était pas trop ma came. La voix est plus mature forcément mais diablement efficace dans les graves. James Williamson défouraille comme aux plus beaux jours pour sortir un mur de gratte façon Detroit Sound qui a fait la légende des Stooges. Du bon, du gros, du gras, des larsens ; c’est bien du Stooges. Avec "Job" notamment les Stooges font du Stooges, mais que demander de plus ? Quand Iggy fait du jazz, on se fait chier… Donc revoilà l’iguane dans son élément. Un bon gros riff qui tourne en boucle. Des paroles façon "Je t’attends" de Johnny Hallyday, scandées plus de 50 fois dans un morceau de 3 minutes joué à fond les ballons. Stooges are not dead ! Yeah.
Restons dans le festif avec des titres comme "Gun". "If I had a fucking gun , I’ll be shooting everyone" ! Vla que l’iguane se met en tête de purifier les paysages ricain ! Un morceau second degré musicalement facile à aborder. Un bon gros gimmick qui tourne en boucle et toujours ses solos incisifs ou le sieur Williamson pousse sa Les Paul dans ses derniers retranchements.
Revoila les Stooges, Ready To Die. Connaissant le tempérament d’Iggy, gageons que ce ne sont pas des paroles en l’air. L’iguane délivre un message urgent du calibre des classiques de Raw Power. A près de 60 balais. On n’est pas là pour se faire emmerder. Ce n’est pas le bon riff poilu de "DD’s" qui va nous faire mentir. Ca sent l’urgence stoogienne mais avec une voix décidément plus posée. L’iguane nous entraine dans une ambiance dont il a le secret. "Dirty Deal" est un bon gros boogie rock poisseux à souhait respirant le cambouis de Detroit. Iggy se laisse un peu aller et putain que c’est bon ! Ca sent bon les Stooges seventies tout ça.
Iggy ressort parfois son coté crooner sur des guitares elles toujours incisives comme sur "Sex and Money". Les parties sax groovent à mort et Iggy sonne comme sur In The Deathcar. C'est bien, mais on commence à s'éloigner du sujet.
Mais attention, le jazzman baladeur rode. Sur "Unfriendly world", Jazzy Iggy is back ! Passez votre chemin les rockeurs. This one is not for you. Pire insulte, je crois même que les grattes sont des acoustiques… Vous imaginez l’affront ! Il a y trente ans, ces ustensiles auraient au mieux fini comme du bois de chauffage chez les frères Asheton ou au pire dans la tronche du malade qui aurait osé introduire ça dans l’arène ! Mais laissons donc ce genre de sucrerie à Iggy Crooner sur ses albums solos et que les Stooges fassent du Stooges, bordel !
Iggy sait crooner. Il nous l’a déjà prouvé, parfois de fort belle manière, parfois la pilule fut plus difficile à avaler. En tout cas, force est de constater que ce "Beat That Guy" non plus n’a pas grand-chose a faire sur un album des Stooges. Bien fait mais à la fin j’ai cru que Slash jouait (bourré certes) le solo de "November Rain"… Carrément hors sujet. Trois morceaux mous, c’est rédhibitoire.
Mais si on met cela de coté, c’est quand même du pur bonheur de retrouver quelques titres qui tiennent la route et ne font pas tâche dans la discographie stoogienne. Cool que des mecs comme ça aient encore la foi pour sortir des trucs de cette qualité. L’iguane a plusieurs personnalités, on le sait. Mais là, on voit les soubresauts de la bête pas encore morte et comme il le dit prêt à en découdre en étant prêt à mourir ! Ce cinquième effort 30 balais après le premier fait largement oublier la déception du Weirdness paru il y a quelques années. Les papys se régalent et nous régalent ! Mais qu’on ne vous y reprenne plus à faire du slow sur un album des Stooges !!!
Note réelle : 8 pour les morceaux poilus et 6 pour les morceaux mous hors sujets