Les Salauds – Les Salauds

Les Salauds ? Y en a plein… Partout…  Mais comme nom de groupe, ça reste plutôt étonnant. On est en droit de s’attendre à du poilu, des anarchistes, des poètes, des provocateurs… Tout et n’importe quoi… Et pourquoi pas des réunionnais tant qu’on y est ?

Décidément, ça bouge au pays de la Dodo ! Après la compil Maudit Tangue, voila que les heureux élus y vont de leur album entier. D’abord Les Salauds sont au programme du jour (attention le Mothra Slapping Orchestra est dans les starting blocks et ne devrait pas tarder à arriver sur les ondes de La Grosse Radio). Album éponyme, essayons d’analyser un peu ce premier effort discographique des Salauds

Un rapide coup d’œil aux photos de pochettes signées par l’inévitable Mikael Thuillier et on s’imagine ces Salauds comme des Red Hot pétant le feu (chili peppers oblige). Du funk et du groove, y en a. Le chant en français a des choses à dire, souvent sur le ton de la déconnade et du deuxième degré ou parfois tout connement du bon premier degré sans (Patrick) fioriture ! Ca fait du bien ! Cela est parfaitement illustré par le terrible "Papa veut une babysitter" avec son français punkisant sur des rythmiques laissant entrevoir un groove funky. Ca rappelle des choses comme Ludwig Von 88 avec moins de disto et un peu plus de finesse musicale.
 


 

Dans le registre barré et festif, au refrain bête et méchant, je demande "J’ai vu ta gueule à la télé". On est sur du punk rock binaire à la Toy Dolls. J’aime bien. Le solo est barré. On crie, on braille, on s’amuse. Du rock déjanté quoi. Toujours ce premier degré avec "Miss Méteo". C’est un peu dans le style Dyonisos mais en restant un peu moins barré. On aimerait musicalement un éclat de folie qui ferait décoller l’ensemble. De belles promesses quand même. La fin de "Miss Météo" avec ses dialogues façon film de cul vaut son pesant de cacahuètes.

Les Salauds aiment jouer avec la langue (même pas de sous-entendu grivois ici…) française. "Romantique" nous propose un gros travail sur la rime en « ique ». Dans le domaine, j’avais aussi "supercalifragilistique", merci Mary Poppins mais plus difficile à caser. Ca reste des morceaux très funs avec des moments joyeusement bordéliques, le tout sur une rythmique acdc-ique ! On triture toujours la langue de Molière (molle hier mais ptet’ dure demain) avec "Uniforme" ou le mythe de l’infirmière est revisité par les Salauds. C’est marrant. Une compo mid tempo pour calmer un peu l’ensemble  et y rajouter du groove. Ca rappelle parfois les nantais d’Elmer Food Beat.

Coté second degré avec parole décalé, tournons nous plutôt vers la jouissive (surtout quand elle était encore un jeune top model apolitique) "Carlita". Comme "Cendrillon" est la ballade de Téléphone, "Carlita" est la femme qui fait rêver Les Salauds. Les textes souvent portés sur le cul et rappellent aussi leurs compères insulaires réunionnais les Showdus qui eux assument clairement leurs penchant pour le cul (on trouve sur leur premier album une ode à Clara Morgane). "Carlita", déjà courtisée par Bertignac et notre Nicolas National est devenue la proie des Salauds. C’est drôle et bien foutu.

Les Salauds savent aussi donner dans le plus calme. Le bateau ivre nous le prouve avec son intro toute douce, bien groovy. On se rapproche des maitres du morceau maritime : Noir Désir (des mexicains je crois) avec leurs sombreros de la mer. Ils lorgnent aussi du coté du blues avec "Même pas mal" en  rajoutant une touche bluesy avec des parties d’accordéons bien senties…

Le grand truc des Salauds, c’est quand même les femmes ! Comment pourrait-on être salaud si les femmes n’existaient pas ? Les femmes préfèrent les Salauds c’est bien connu. C’est ce que les trois gaillards essayent de nous expliquer dans le morceaux du même titre à grand coup de guitares distordues. Le chant en français est efficace. On sent du bon boulot et du potentiel mais on aimerait un peu plus d’explosivité.

Les textes ne font pas forcement dans la philosophie ou dans la poésie lyrique mais tiennent la route. C’est encore le cas avec "Macadam", ode au plus vieux métier du monde. On est sur du rock énervé bien fait. Manque peut-être l’étincelle de génie ou de folie qui ferait décoller le combo vers les hautes sphères de l’aristocratie musicale mais il est bien possible qu’elle arrive assez vite. A bientôt bande de Salauds !
 

Note réelle 7,5 (un bon 15 quand même quoi...)

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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