21 février 2023 à Perpignan. Il se passe quelque chose du côté de Vinochope, magnifique écrin pour héberger quelques furieux rockers venus retrouver un enfant du pays exilé depuis quelques années du côté de la Belgique.
Si Perpignan fait couler beaucoup d'encre avec les Limiñanas depuis plus d’une dizaine d’années, quelques valeureux défenseurs de la cause rock ‘n’roll et même garage punk pour être plus précis avaient déjà fait parler la poudre quelques années auparavant. Et si les Hushpuppies avaient ouvert la voie parisienne, le héros du soir, un certain Pierre Casteil pour l’état civil en avait fait de même en emmenant son groupe Jack Of Heart dans la prestigieuse écurie Born Bad Records.
Jack Of Heart, à l’époque, a fait le tour du monde. Une poignée de 45t pour se lancer sur les labels spécialisés dans le genre (Nasty Product de Toulouse en tête) puis très vite deux longs formats chez Born Bad Records salués par la critique.
La belle histoire dure depuis près de 20 ans maintenant, par intermittence. Les changements de personnels sont légions et Piero même ses Jack Of Heart un peu à la manière dont Rudi Protrudi manage ses Fuzztones. Mais l’âme du groupe, c’est bien lui et se soir, on attend de voir de quel bois il se chauffe, l’ami Piero !
Dans la salle, chauffée à blanc par les 45t d’Arno Banano, on retrouve pas mal d’activistes rock 'n' roll. On croise ici et là, un bassiste des In Fuzzed, un guitariste de Yegg, Ivan Telefunken qui joue avec les Limiñanas… Du beau monde…
Et sur scène ? Encore un Limiñanas à la basse, Mikey, qui dans une autre vie jouait dans un des premiers gangs perpignanais de Piero, les Mighty Go Go Players. Les deux se connaissent bien. Ça devrait envoyer. A la guitare Shaul, première lame chez The Hands notamment et lui aussi ancien Go Go Player. Piero a emmené avec lui, un jeune batteur, inconnu des radars perpignanais. 21h15 ! C’est parti pour un déluge sonore avec Jack Of Heart.
Piero sur scène a des allures de Jim Morrison ! Le mec gère son groupe. Il mène la danse. On se chauffe tranquillement et les premières giclées de fuzz électrisent la salle. Ça va envoyer sévère. La section rythmique s’en donne à cœur joie pour poser les fondamentaux. Mikey semble s’éclater avec des parties de basse bien différentes des Limiñanas. Il pousse sa Gibson Firebird des années 70 dans ses derniers retranchements. Sur scène, il prend les feux de la rampe, au milieu sur le devant.
Les quatre semblent se trouver assez facilement. Ça joue bien. On sent que les automatismes commencent à venir après quelques dates. Dommage qu’on soit déjà en fin de tournée parce que si ces quatre décident de remettre le couvert, ils vont sans nul doute nous faire de très belles choses.
Ce soir, quelques coups de cœur. En début de setlist, ce "Baby Bitch" qui fut le premier single du deuxième album, In Yer Mouth est toujours aussi percutant. Imparable. Un uppercut direct à la pointe du menton. Piero a pris ses marques, le show est lancé.
Alors pour les habitués de Jack Of Heart, niveau vestimentaire, on est sur du classique. Point de bas résilles ce soir, attribut qui a pourtant très souvent fait partie de l’univers "jackofheartien". On restera soft.
Durant ce set d’un peu plus de 45 minutes, on appréciera aussi la relecture de "Love In Vain", le premier 45t de Jack f Heart sorti à l’époque sur le label de Piero, Profet Record.
Puis, une ou deux reprises bien senties, ça fait le boulot. "It’s all aver now" des Rolling Stones, que Piero nous annonce en version Bobby Womack, tant la "cover" de Bobby tient la dragée haute à l’originale.
Et puis un final dingue où tout le monde est à fond et pour enfoncer le clou avec la reprise de "96 Tears" de Question Mark and the Mysterians. C’était sorti chez Perpetrator Record en face B du single "Marry Me".
Voilà, ce soir Jack Of Heart était en terre catalane pour partager et revenir sur presque deux décennies de musique. Et ils avaient l’air de bien s’amuser. Alors quand on parle de la suite avec eux, personne ne ferme les portes… Peut-être d’autres dates ? De nouveaux morceaux ? L’avenir nous le dira, mais ce qui est sûr, c’est que le rock garage c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Et donc si Piero compose de nouveaux trucs avec ses trois là pour les mettre en valeur, y a moyen que ça dépote…
