On ne présente plus les quatre français de Phœnix, qui malgré leur sale habitude de parler anglais... sur des scènes françaises, sont en passe de devenir l'un des groupes majeurs de la scène pop-rock internationale. Après un dernier album Wolfgang Amadeus Phœnix en demi teinte, (une première partie truffée de tubes géniaux dignes du titre de l'album, puis une seconde bien terne comparée à la précédente), les revoilà avec leur nouveau-né Bankrupt. Wolfgang Amadeus Phœnix les avait véritablement révélés en 2009, alors que le quatuor comptait déjà quatre albums à son actif et rencontrait déjà un certain succès outre-manche. Il leur avait même permis d'être récompensé d'un Grammy Award pour le meilleur album en 2010 ! Autant dire que leur cinquième opus était attendu au tournant, puisqu'il s'agit pour le groupe de confirmer son talent aux yeux du monde, ou de prendre le risque de sombrer dans les limbes des groupes talentueux mais qui ne parviennent pas à s'inscrire dans la durée.
Et le voilà dans les bacs depuis le 22 Avril 2013 : Bankrupt !, album dans la continuité de WAP puisque toujours produit par les doigts de fée de Philippe Zdar, quoi qu'un peu plus symphonique du fait d'une importante utilisation des claviers. Pochette fruitée, grosse promo et anecdotes d'enregistrement à foison. En effet, il semblerait que l'invité sur cet album soit un synthétiseur pour enfant acheté une misère sur Ebay ! De même, le groupe avoue s'être fait plaisir en s'offrant la console ayant servi à l'enregistrement du monumental "Thriller" de qui-vous-savez, ainsi que la boite à rythmes qu'utilisait Stevie Wonder. Le tout donnant un son à la fois cheap et sophistiqué. Ça, c'était pour le côté anecdotique, passons maintenant à la musique.
Toujours vitaminée, encore planante. Des sonorités aiguës, une voix devenue reconnaissable entre mille, des notes de shynthé qui transportent l'auditeur, des rythmes entraînants et beaucoup plus marqués par les percussions... de la pop en somme. Mais de celle qui ferait se lever un club du troisième âge pour une danse endiablée. Des chansons qui, certes, ne dénoncent aucune injustice ou scandale mais qui donnent le sourire, la pêche (signification de la cover ?) et le groove. Et qui peuvent même surprendre, ce dont on pouvait douter. Comme c'est le cas pour "Bankrupt !", une piste de plus de six minutes, qui étonne d'abord pas son aspect électronique, qui monte en puissance, limite transe, pour ensuite plonger dans la tristesse avec le réveil de Thomas Mars aux alentours des 4 minutes 30. Suivi d'un retour aux sources avec "Drakkar Noir", qui nous fait retrouver le dynamisme des Versaillais déjà présent sur United. Encore une fois, on peut remarquer une nette différence entre les deux moitié de l'album : la seconde étant beaucoup plus efficace et pleine de pep's.
Un album sur le fil entre passé et futur, entre nostalgie et progrès. En effet, on retrouve bien là quelques caractéristiques de la pop très démonstrative des seventies, mais aussi des effets électroniques très actuels, voire post-modernistes. Encore une fois, "Bankrupt !", avec sa sublime utilisation du clavecin, en est l'une des illustrations, entre des effets robotiques et un côté ballade traditionnelle.
Et si on ne trouve pas forcément LE tube lors de la première écoute, même si la plupart d'entre vous auront déjà entendu "Entertainment", ce sont plein d'effets, de couches variées et de paroles bien placées qui viennent nous surprendre à chaque recoin de chanson au fil des lectures. Même s'il faudra attendre de voir ce que deviennent des pistes comme "SOS In Bel-Hair" ou "Chloroform", qui prendrait même des airs légèrement dubstep. "Bourgeois", fragile mais puissant, fera aussi probablement parler de lui.
Au final, une galette moins impressionnante que WAP, mais tout à fait dans sa continuité et parfaitement maîtrisée. Surtout lorsque l'on sait que certains des quatre musiciens ont échangé leurs places lors de l'enregistrement, nous prouvant que Phœnix est surtout un concept, une mayonnaise qui une fois tous les ingrédients réunis prend forcément; et pas une démonstration musicale pointue. Album enrichi d'ailleurs, dans sa version deluxe, d'une onzième piste durant environ une heure, composée d'enregistrements studios bruts qui montrent la qualité de leurs premiers jets. Pas la révélation de l'année, mais dix pistes pleines de couleurs qui relèvent le défi, et qui promettent de faire danser cet été.
Les Versaillais, qui pour le coup n'ont pas totalement réussi à renaître des cendres de leur dernier album, tenteront de rallumer la flamme pour de bon le 26 mai à la Cigale à Paris, le 5 juillet au festival Rock Werchter en Belgique, le 6 juillet aux Eurockéennes de Belfort, le 13 juillet au festival Musilac d'Aix-les-Bains, le 23 juillet au Paleo Festival de Nyon en Suisse pour finir le 24 août au festival Rock en Seine de Paris.
Bonne écoute !
Tracklist :
1. Entertrainement
2. The Real Thing
3. S.O.S In Bel Air
4. Trying to be cool
5. Bankrupt !
6. Drakkar Noir
7. Chloroform
8. Don't
9. Bourgeois
10. Oblique City
11. The Bankrupt! Diaries