Ca bouge du coté du rock garage bordelais. La patrie des JC Satan se pose comme une place forte du style en ce moment. Les Dos Hermanos sont là pour le confirmer. Bâti sur les cendres d’un ancien groupe plutôt surf, les Sunmakers, le duo nous livre ici un premier album à la pochette révolutionnaire nous replongeant dans les affres de la guillotine.
Plusieurs titres de l’album sont dévolus à ce thème là. "Robespierre" par exemple, avec ce petit son caractéristique du garage sixties, est plutôt plaisant avec une fille qui hurle dans les aigus avec une voix de crécelle… Minimaliste à souhait. Les influences surfs sont toujours présentes. C ‘est frais à l’approche de l’été. A écouter avant de sortir la planche. Chouettes chœurs beachboysiens d’ailleurs.
Toujours sur le thème 1789 (pas la comédie musicale, rassurez vous), "Louis 16". L’idée c’est d’être festif et d’envoyer la sauce. Les paroles, on s’en cogne, on peut les remplacer par des la la la, des gna gna gna ou tout ce qu’on veut. L’important c’est que ça déboule. M’enfin les Deux Hermanos devait avoir un souci avec l’histoire de France ou alors sont férus de révolution française. Robespierre et Louis 16 sur le même album, c’est gonflé.
Cet album nous livre donc quelques compos super efficaces. Du rock garage à quatre accords super bien fait. Exemple, "Don’t talk to me". On retrouve le son des girls group (désolé pour le mec…) comme les Broods ou encore les Headcotees. "N°13" avec un riff basique, des filles qui hurlent et des chœurs braillards est un bon morceau garage. Une bonne chambre d’écho et le tour est joué. Toujours ce petit son de gratte bien bordélique pour adeptes des guitares Vox.
Coté surf, on n’est pas en reste. "Set up" est twangy à souhait avec un final plutôt réussi partant en quenouille. Sont biens barrés ces deux là. "The Buster" renoue avec la tradition surf. Pour moi les effets sur les voix sont superflus mais je comprends bien qu’à deux, il faille meubler un peu… Des morceaux comme "Blue night in summer" sont résolument sixties dans le son des guitares. Ca rappelle le son des Phantoms Surfers, ça renvoie aux fêtes des collèges américains. Si les Deux Frères voulaient faire du garage sixties façon USA, c’est parfaitement réussi. Après, restons conscient que ce style ne touche qu’un petite frange de la population rock ‘n’ roll. Le succès risque de rester confidentiel tant bon nombre de groupes font ce style de musique depuis que Jack et Meg ont montré la voie du revival.
Parfois, on s’aventure dans un registre un peu plus psyché comme dans ce "Everyone is the back of my door". La fuzz fonctionne parfaitement et donne un coté lysergique au morceau. C’est dans l’esprit premier Pink Floyd. Sur "Waste your time" on trouve encore du pur bonheur pour garageux sixties; j’ai même cru entendre quelques nappes d’orgues fuzzy. Grande classe. "Loud" est parfaitement loud. Ca doit dépoter en live. Une minute 16 sur l’album, je suis sûr qu’en concert on peut descendre sous la minute ! Record battu !!!
Apologie du truc entêtant, "Faye Dunaway" avec un refrain plus abrutissant que "Kili Watch" de Johnny Hallyday dans les années 60 quand il était encore rock ‘n’ roll. Pour ceux qui ne connaissent pas, écoutez ça sur Deezer ou autres, ça vaut son pesant de cacahouètes en paroles débiles voire inexistantes et morceau accrocheur. C’est encore une réussite.
Conclusion : c’est un ouvrage fun et fort sympathique que nous livrent ici les Dos Hermanos. Citons aussi l’influence Magnetix, autre duo bordelais qui connait un succès certains ces dernières années. Du bon boulot ! En jetant un œil sur la bio fournie (après écoute afin de ne pas se laisser influencer), on retrouve la patte des albums enregistrés aux studios Swampland de Toulouse par Lo Spider. Un gage de qualité dans le petit monde du garage.
En tout ca, à deux, ces Dos Hermanos nous foutent un joyeux bordel dont la fougue est forcement communicative. Un bon album à écouter dès maintenant et à garder près de l’autoradio pour aller à la plage et surfer !