1200 personnes se sont retrouvées le weekend du 20 mai pour célébrer la musique indé à la troisième édition du Foul Weather Festival au Havre. Avec une programmation aussi riche en post-punk/psyché/rock indé, il était difficile de passer un mauvais moment.
Niché dans les hauteurs du Havre dans le fort de Tourneville, ancien bastion militaire transformé en friche artistique à la fin des années 1980, le Festival du Foul Weather a très rapidement trouvé sa place dans les nombreux festivals indépendants qui se sont développés ces dernières années.
L’évènement a été lancé par Fake Live, une toute petite association comprenant 8 membres. Le festival lancé en 2020 a la volonté de promouvoir les scènes indépendantes internationales, nationales et surtout locales. Contrairement à un gros festival, le Foul Weather est à taille humaine, il est organisé et aménagé pour être vécu.
Le festival est organisé autour de 3 scènes :
La grande scène du “Tetris”, une plus petite scène, “la Halle” et la scène “Garage”. Cette dernière reçoit des DJ set. Il faut 3 minutes pour se déplacer d’une scène à l’autre, ce qui rend l’expérience agréable, sans avoir le sentiment ou le stress de devoir “faire vite” pour ne pas louper ses groupes préférés. Bières et restauration locales viennent également renforcer ce sentiment agréable.
Jour 1
Ellah A. Thaun (Rock/expérimental - Rouen)
Rien de mieux qu’un groupe local pour commencer ce premier jour de festival. Les Rouennais de Ellah A. Thaun ont ouvert les festivités avec leur rock expérimental et c’était tout ce que l’on pouvait demander de mieux pour se mettre les pieds à l’étrier. La voix et la guitare saturée se mélangeant à la batterie très rythmique accompagnée par le clavier et la basse forment un tout à la fois prenant et déroutant, c’est là qu’est la force de Ellah A. Thaun : nous faire entrer dans une zone de confort musicale (le rock) tout en nous questionnant sur sa définition (l’expérimental).
Delivery (Post-punk - Australie)
La scène du Tetris fut quant à elle ouverte par le groupe de Melbourne Delivery. La musique du groupe rappelle le post-punk des beaux jours, simple, efficace et punchy sans pour autant mettre en avant un punk agressif. Le groupe parfait pour la fin de journée avant d’entrer dans les festivités nocturnes.
Autobahn (Post-punk/synth wave - UK)
Premier concert au Havre pour les anglais d’Autobahn, ils venaient fêter la sortie de leur troisième album tout fraîchement paru sur le label Though Love Records (Ulrika Spacek). Le groupe a donné une performance à la hauteur de l’énergie post-punk de sa discographie.
Pause
- Les 30 minutes de break - il est important ici de noter que le festival propose une pause de 30min entre deux concerts à ce moment de la journée. C’est relativement rare de ne pas courir d’une scène à l’autre dans un festival. Au Foul Weather, la pause imposée fait partie de ces petites choses qui vous font apprécier l’ambiance et le lieu, vous avez le temps de vivre l’expérience Foul Weather, en buvant un coup ou en vous restaurant.
Ditz (Post-punk - UK)
Le groupe quintette considéré par Joe Talbot (IDLES) comme le meilleur groupe de post punk de Brighton se sentait comme à la maison sur la scène du Tetris, il a tenu son show de A à Z sur les bases qui avaient fait sa réputation, à savoir sauvage et énergique. Passage dans la fosse à multiples reprises, petite bière pour se redonner la forme, leurs titres phares « Seeking Arrangement » et « Role Model » ont généré d’énormes pogos dans la salle.
A Place to Bury Stranger (Rock/shoe gaze - USA)
Ambiance et atmosphère mystique, il était difficile d’y voir quelque chose sur scène tant la fumée opaque recouvrait tout l’espace et empêchait la lumière de pénétrer le public. C’est notamment pour cela que le groupe a descendu tous ses instruments dans le public pour y performer 3 morceaux.
Bracco (Post-punk/electro - Paris)
Le chanteur de Bracco nous présentait son nouveau slip pour clôturer la scène des Halles. Sautant dans la foule et se laissant porter par le public avec son micro bien enfoncé au fond de sa gorge, il ne lui a fallu que 3 minutes pour enflammer la salle. A mi chemin entre post-punk et electro, le duo mené par Baptiste et Loren a été très bien reçu par le public et a su faire trembler le sol de la salle.
PVA (Post-punk/electro - UK)
Pour clôturer cette journée, le trio anglais plus électro que post-punk tombait à pic. La chanteuse Ella Harissa a bien enflammé le dancefloor pendant 1 bonne heure, le public était en transe, c’était une très belle note pour terminer cette bonne première journée.
Jour 2
Metro Verlaine (Rock - Rouen)
Rien de mieux en ce deuxième jour de festival qu’un groupe local pour ouvrir la scène du Tetris avec cette fois une formation Ébroïcienne, les Métro Verlaine. Le post punk romantique mené par Raphaëlle Verlaine à la voix et Axel Verlaine à la guitare nous montre que Évreux a sa place sur les cartes de France du rock et du punk. Ce doux mélange éclectique, maintenant chanté en anglais nous rappelle une musique aux influences de groupes de post-punk des années 80 mais aussi de la scène new-yorkaise CBGB. Le show s’est bien tenu et nous a lancé pour le reste de la journée.
Nice Biscuits (garage/psychédélique - Australie)
Encore peu connus en Europe, le sextet de Brisbane qui a récemment ouvert pour The Brian Jonestown Massacre est venu nous apporter une belle dose de rock psychédélique. Les voix des deux chanteuses Billie Staret et Grace Cuell s'entremêlent avec beaucoup de volupté. Basse, guitare, synthé et batterie viennent accompagner ces voix en posant une mélodie à l’exploration sonore psychédélique. C’était leur première tournée européenne avec une date exclusive au Havre et c’était une très belle découverte.
Cumgirl8 (Punk/Rock - USA)
Tapez Cumgirl8 sur Google et vous aurez du mal à trouver le groupe, pas de référencement pour le quatuor féminin, c’est ce qu’elles ont déclaré et c’est ce côté très DIY, jem’enfoutiste que l’on a retrouvé sur scène. Les Américaines ne s’étaient pas déplacées pour rien, c’est la batteuse, Chase Lombardo qui nous l’a fait comprendre dès le début en ouvrant les festivités. Son lancement rappelait Kim Pine interprété par Alison Pill dans le film “Scott Pilgrim vs. the World” et son coup de baguette juste avant le générique de début du long métrage. Pour en revenir aux américaines, le show était mené par la batteuse et la guitariste, la chanteuse et la deuxième guitariste étaient plus en retrait mais sans empêcher le déploiement de leur énergie punk sur scène, très bon show.
Clavicule (Post-Garage - Rennes)
Le quatuor Rennais a enchaîné sur la scène des Halles et à gardé les festivaliers à leur chaude température. Clavicule fait partie de ces groupes incontournables à voir en live, l’énergie qui s’en dégage happe de manière instantanée le public présent. On le sait déjà lorsqu’on les écoute, mais lorsqu'on les voit, c’est une véritable prise de conscience.
Clamm (Punk/Rock - Australie)
Clamm s’inscrit dans la continuité des autres formations punks Australiennes comme Civic ou Amyl and The Sniffers. La déception n’était donc pas au rendez-vous avec un bon concert bien brut de décoffrage, sans ménager le public. Les échanges de regards avec le chanteur y ont beaucoup contribué, cette transmission d’énergie en dehors de la musique, avec ses yeux, ont rendu le moment unique.
Vlure (Rock/electro - Ecosse)
Une fin de soirée avec Vlure c’est comme commencer sa journée avec un shot d’adrénaline. Les Écossais ont délaissé leur lande natale pour venir mettre le feu aux poudres de la Normandie et c’était sacrément bien réussi. C’était le concert le plus chaud et le plus wilde de ces 2 jours, le chanteur a passé la moitié du concert à slammer et le groupe a envoyé des accroches de synthétiseurs avec des rythmes de guitares discordantes. C’était le meilleur moyen de clôturer la scène des halles.
DECIUS (Acid house - UK)
Decius, c’est l’alliance entre 3 producteurs d’acid house londoniens et de Lias Saoudi, le chanteur du groupe Fat White Family. Au programme, chant posé sur des beats de raves de cave. En somme une douce manière de clôturer la scène du Tetris.
En fin de compte, lorsque l’on quitte le festival, que l’on ait fait une journée ou deux, c’est avec le sentiment d’avoir vécu une expérience agréable, riche en découverte musicale mais aussi riche en expérience humaine. Le rapport aux uns et aux autres, entre les festivaliers, l’équipe mais aussi à travers la transmission d’énergie entre les groupes et le public, reste quelque chose d’assez unique qui n’a pas de prix.
Et tout ça on le doit à l’équipe du Foul Weather, plus précisément à la petite équipe et ses bénévoles.
Photos : Sacha Lbs
Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe