Hypnotheticall – A Farewell to Gravity

2e album pour les progueux italiens d’Hypnotheticall. Bon, progressif, c’est assez vite dit : si la musique du combo est technique, on est à des kilomètres de la virtuosité d’un Dream Theater. Pas forcément un mal, puisque cela donne l’occasion de se concentrer sur ce qui selon votre serviteur fait cruellement défaut aux américains : les mélodies. Bien que ce 2e album n’hésite pas à se tourner vers le riff plombé, rappelant parfois Superior dans la démarche, ce qui par ailleurs n’est pas forcément son point fort. Le refrain de « Home », qui se tourne vers le métal, est assez peu convaincant. Là où Hypnotheticall s’avère bien plus intéressant, c’est quand il s’aventure sur des terrains plus alambiqués qui s’éloignent du prog’ pur et dur pour rappeler d’autres influences, A Perfect Circle en tête. Il arrive même que le meilleur des deux mondes se trouve réuni en un morceau, comme sur « Brainstorming Line », qui envoie des riffs qu’on aurait pu croire forgés en Allemagne, avec toujours des transitions très travaillés et plus contrastées, et surtout un refrain qui ce coup-ci fonctionne sans accrocs.

 

La musique du groupe se veut exigeante et plutôt complexe mais évite (et c’est pas plus mal) de faire dans le progressif de papa, hyper compliqué et déjà entendu tellement souvent qu’on a parfois l’impression d’assister à un concours de bites autoparodique dans une scène prog' qui, malgré quelques exceptions notables, peine à se renouveler. Rien de tout ça ici, malgré des musiciens qui font tout pour s’éloigner des sentiers battus, proposent une ambiance qui plaira immédiatement aux amateurs de prog' et offrent des ritournelles enchanteresses (toujours ponctuées de riffs lourds pour relever la sauce) qui font la part belle à la rythmique basse/batterie avec des percussions pas piquées des vers (« First draft of a Lie). Rajoutez quelques intermèdes assez surprenants, et l’album présente clairement de vrais points forts pour les personnes qui apprécient l’ambiance prog’ mais sont plus circonspects devant les solos de 10 minutes. Les italiens ont fait les efforts nécessaires pour proposer un album véritablement varié, qui plus est dans un style qui manque cruellement de représentants depuis que Superior a raccroché les gants après son excellent Ultima Ratio.


Pourtant tout n’est pas rose, notamment du fait d’une production faiblarde qui se ressent particulièrement sur le chant. Le chant, qui n’est clairement pas la préoccupation première des groupes de prog’, obsédés par leur sacro-sainte partition. Vu le niveau, les mecs chantent juste, mais de là à trouver un « vrai » chanteur au timbre charismatique, c’est une autre paire de manches. Marco Ciscato fait partie de ces gens certainement appliqués mais à qui il manquera toujours le truc en plus pour faire la différence. Son timbre plaintif peut même s’avérer agaçant, voire dissonant par moments. De plus, notre ami n’est pas aidé par un mix qui ne le met vraiment pas en valeur alors que davantage de chœurs et d’emphase auraient pu l’aider à s’en tirer avec les honneurs. Plus généralement, si les compositions de ce « A Farewell to Gravity » s’avèrent agréables à l’écoute, elles manquent néanmoins de mélodies véritablement marquantes pour marquer les esprits. L’album reste plutôt réussi, mais de là à ce qu’il parvienne à s’éxtirper du cercle restreint des amateurs de prog’, voilà sans doute toute la difficulté qui attend le combo transalpin.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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