Mine de rien, ce bon vieux Jo Dahan est toujours resté sur le devant de la scène indépendante française depuis le split de la Mano Negra. En effet, l’ex bassiste émérite de ce fer de lance de la fin du rock made in France a pas mal bourlingué par la suite avec Les Wampas, Tarmac ou la carrière solo de Gaëtan Roussel. En plus de jouer ici et là avec les ex membres de la Mano Negra sur des projets comme Les Patron$, on retrouve aussi le bonhomme devant la caméra avec ses potes du Groland ou au sein de la compagnie Royal Deluxe… Bref, il est partout ! Et ce soir, l’indéboulonnable Jo Dahan est à Toulouse, au bar du Gai Pêcheur.
Et pour cause ! Le musicien vient à peine de sortir son deuxième album solo, Injoignable, et il compte bien le promouvoir comme il se doit. Pour ce faire, le bougre s’est entouré de deux fines gâchettes : Tommy Haullard (clavier, chant) et Joseph Cartigny (batterie, chant). Ces gars-là doivent avoir à eux deux l’âge de Jo (ou pas loin) mais leur talent et leur savoir-faire sont indéniablement présents…
Mais commençons par le début.
C’est vers 20 heures que le bar du Gai Pêcheur commence à se remplir. Ça traîne pas mal des coudes du côté du zinc, mais petit à petit, on commence à se diriger vers la petite terrasse du lieu. Ainsi, le concert se tiendra sous un patio fort agréable où se presse d’ores et déjà pas mal de monde. Le matos de Jo Dahan et les siens est installé avec un petit verre de rouge sur les amplis. Voilà qui est de bon augure pour la suite…
Et quelle suite ! D’entrée de jeu, le trio attaque son set avec « Shuffle », un morceau en guise de tour de chauffe qui n’a pas de mal à faire venir les derniers retardataires sous le patio. En l’espace de quelques mesures, le public se resserre autour des musiciens et les jambes des toulousains commencent à se délier et les sourires apparaître. Ça danse ici et là et les aficionados connaissent déjà les paroles des nouveaux titres aux refrains qui rentrent dans le cervelet (« J’arrive »).
Jo Dahan à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Même s’il est clair que Jo Dahan n’est pas le meilleur chanteur du monde, force est de constater que c’est un musicien accompli. En effet, l’homme ne sera jamais pris en défaut au fil de son set et fait preuve d’une (d)étonnante vitalité, notamment grâce à l’excellence de Joseph et de Tommy qui mettent en place une section rythmique au cordeau sur laquelle Jo n’a pas de mal à se caler et faire vivre les morceaux. Ainsi, ce fier capitaine de navire se met vite le public du Gai Pêcheur dans la poche au fil de ses compositions qui couvrent un spectre musical très large. Il n’y a qu’à écouter des titres comme « Amitiés Guerrières », « Saphyr » ou « J'arrive » pour se rendre compte que l’univers de Jo Dahan est bien plus ouvert qu’il n’en a l’air. Mais loin d’être un infâme patchwork qui part dans tous les sens, la musique du bonhomme s’avère extrêmement riche et fédératrice (le rock sulfureux de « Tout L'Monde », le côté pop délicieusement éléctro d’« Encore Un Diamant » ou le punkisant « C’est Un Bon Signe »…). Qui plus est, le trio opte ce soir pour des pour des morceaux personnels et non pas de titre issu de l’ère de la Mano Negra afin d’éviter le piège de la nostalgie poussive. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce parti pris est payant puisque le public adhère avec ferveur aux compositions proposées ce soir (« J’arrive » et le très bon « C’était Mieux Avant »). Mais chassez le naturel, il revient au galop, on aura quand même droit au classique « Darling Darling » qui fait toujours son petit effet !
Comme on pouvait s’y attendre, quelques morceaux du dernier album Injoignable sont mis à l’honneur ce soir. Ainsi, des titres comme « J’arrive », « Comme Bach », « C’est Un Bon Signe » « Amitiés Guerrières » ou « Saphyr » remportent tous les suffrages d’une audience il est vrai toute acquise à la cause de Jo Dahan et qui passent extrêmement bien l’épreuve du live. Il faut dire que le trio est en grande forme et que les deux jeunes recrues qui accompagnent le maestro ne sont pas des manchots. Les deux musiciens amènent énormément de pêche à l’ensemble et on sent que l’alchimie est belle et bien présente dans le trio. La communication est omniprésente et il est clair que ces gars-là prennent du plaisir… et ça s’entend ! Ainsi, le Gai Pêcheur a parfois droit à quelques improvisations ici et là (lorsque Jo Dahan cassera deux fois une corde de sa Gretsch, notamment) ou sur les fins de morceaux en fonction de la réponse du public. La classe…
Jo Dahan à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Petit-à-petit, on se dirige vers la fin du set après les très bons « Silence Please », « Let's Go Baby (Where The Action Is) », une reprise de Robert Parker, et un « Saphyr » en forme de de valse d’antan pendant lequel, Jo s’occupera uniquement du chant tandis que Tommy passera à la gratte. Ensuite, le trio terminera de mettre tout le monde à genoux avec le morceau éléctro / rock « Gonzo », une sorte de composition à l’ossature répétitive mais avec des structures à tiroir qui laissent la part belle à une improvisation musicale d’environ 25 minutes ! Le public est aux anges même s’il a du mal à savoir dans quelle(s) direction(s) va ce titre… qui se terminera sur le refrain de « Tout L'Monde » histoire de boucler la boucle ! Mais devant les sollicitations d’une audience chauffée à blanc, Jo Dahan et ses acolytes vont en remettre une couche avec trois morceaux supplémentaires dont un « Goo Goo Munk » des Cramps et un « Darling Darling » qui vont clore avec brio ce concert ô combien prenant…
Merci Monsieur Dahan !
Setlist Jo Dahan
- Shuffle
- C'est Un Bon Signe
- Je Donne Ma Langue Aux Anglais (I Love you)
- Le Chant Des Sirènes
- Gaufrettes Verkade
- J'Arrive
- Amitiés Guerrières
- Encore Un Diamant
- J’aimerais Être Un Chien
- Darling Darling
- C'était Mieux Avant
- Zéro
- Comme Bach
- La Rue De Belleville
- Tout L'Monde
- Silence Please
- Let's Go Baby (Where The Action Is)
- Saphyr
- Qu’Il Est Con
- Minorité
- Gonzo
- Goo Goo Munk
- Darling Darling
- + 1
