Shaolin Temple Defenders, groupe français, est en piste sur la route du soul-funk depuis dix ans. Il donnait le concert parisien de sa tournée internationale au New Morning le 15 mai, matière à interpréter live From the Inside, le dernier album paru en février dernier.
Brother Lion, le chanteur, en marge du show, nous a accordé une interview où l’on découvre un univers dans lequel la scène, les roots et la musique actuelle jouent un rôle de premier plan.
Brother Lion, peux-tu lever le mystère sur la signification du nom du groupe Shaolin Temple Defenders ?
Shaolin Temple Defenders c’est le titre d’un film de kung fu des années 70. On a construit une histoire autour de ça en faisant le parallèle entre les moines Shaolin défendant le kung-fu et nous, musiciens, défendant la soul music ! Pour ce qui est un hommage au cinéma des années 70 on se réfère à ces courants autour de la production asiatique et de la Blaxploitation. Nos références sont aussi un groupe comme Wu-Tang. Ils ont été le fer de lance de ce mouvement un peu revival des films de kung-fu.
Pour les membres du groupe, comment vous vous êtes rencontrés ?
A l’époque, en 2002, à Bordeaux, il existait une scène groove avec des amateurs de reggae, de rock, d’afro-beat, de salsa et de musiques latines, mais pas de soul-funk. Avec quelques musiciens venus de ces scènes, on s’est trouvé. On a pensé que ça serait cool de monter un répertoire de soul-funk.
Bordeaux, c’est une scène qui bouge bien, qui est très réceptive ?
Oui. On y a été précurseurs sur la scène du soul-funk et on a été bien accueilli. Il y a eu l’effet nouveauté pour cette région dont la scène reggae, funk, rock reggae, jazz, blues est très vivante.
Le répertoire de Shaolin Temple Defenders est-il une œuvre collective, textes et musique ?
Je suis le principal auteur des titres, disons à 99 %. Après en terme de compositions on a, au début, beaucoup composé en groupe et puis ça a évolué. Maintenant c’est essentiellement l’organiste, le guitariste et moi-même qui sommes les principaux compositeurs.
Vous êtes un peu le fils spirituel de James Brown…
(Rires)… Oui il fait partie de nos influences majeures. Par sa carrière et par sa musique, c’est vrai qu’il nous a beaucoup influencé en terme de composition, mais le son Shaolin ça n’est est pas "seulement" James Brown. On s’évertue depuis des années à créer vraiment notre musique; le son et la musique de Shaolin
From the inside, c’est un album dont vous dîtes qu’il est un retour sur les dix années passées. Pourquoi un regard rétrospectif ?
From the Inside, l’album s’appelle comme ça, parce qu’il y a une forme d’introspection personnelle et collective. Personnelle parce que j’en suis le principal auteur et qu’à l’époque de son écriture j’y ai mis en lumière et en musique des problèmes de ma vie. Collective parce qu’après dix années passées, le groupe franchit un cap particulier. Une introspection pour créer à nouveau.
Composer des titres originaux en soul et funk c’est le pari audacieux que vous faîtes, plutôt que de tabler sur des valeurs sûres que sont les standards. C’est une volonté de renouvellement du genre de cette musique ?
Bien sûr. On est certes influencé par la music des années 60 - 70. On écoute aussi beaucoup de musique actuelle. Le projet n’est pas de faire un "copié-collé" de ce qui se faisait à l’époque, mais c’est d’apporter notre touche personnelle et notre inspiration qui, elle, est diverse. C’est ce qui forge le son qu’on essaie de développer aujourd’hui.
Comment avez-vous enregistré l’album. Le son roots soul, funk, avec un son très actuel est-ce que ça a conditionné un choix précis de studio ?
Pas vraiment. On a enregistré chez nous, dans notre local de répétition. De la façon la plus live possible. On a fait une session avec toute la rythmique, puis la section cuivres et ensuite on a fait les prises de voix. En fait, on a pris ce qui était le plus simple pour nous et aussi parce qu’on est habitué au son de notre salle. Ensuite, Le son a été chapeauté lors du mixage, chez Bruno Hovard dit Patchworks, à Lyon. C’est un grand amateur de son vintage et il a beaucoup de talent. Sa part d’oreille est très efficace et de plus, il est très motivé par Shaolin. Il est aussi intervenu dans les arrangements, nous a donné son avis sur la façon dont les morceaux étaient agencés. Il a donné l’unité et la couleur finale.
Shaolin Temple Defenders vous êtes aussi un groupe de scène...
Essentiellement…
Vous aimez mélanger le hip-hop, le rap, la soul, le funk, le r’n’b, le jazz. Est-ce qu’on peut dire que c’est la vocation de Shaolin de croiser les courants musicaux ?
En partie oui, parce qu’on appartient à une génération qui a été bercée par différents mouvements musicaux et je crois que c’est important de rappeler aux gens qu’on n’est pas simplement affilié au mouvement de la soul. On est des amateurs de hip hop, de house de r’n’b et ce sont toutes ces musiques-là qui font la soul music... qui font ce qu’est la soul music aujourd’hui.
C’est ce qui vous permet de prendre une grande liberté dans l’exécution de medleys et de standards…
Oui c’est très important, ça ouvre sur d’autres horizons. Ca permet aussi de proposer un spectacle qui, tout en restant cohérent est diversifié et actuel.
Des standards vous en revisitez en l’occurence "Kung Fu Fighting" (Carl Douglas) pourquoi ce choix ?
C’est un animateur de radio de la B.B.C, Craig Charles - c'est un personnage en Angleterre ! - qui nous a dit lors d’une tournée "avec un nom pareil, il faut que vous interprétiez ce titre !" Ce rapprochement entre la soul music et le kung-fu est né comme ça. On l’a arrangé à notre sauce. Le morceau date de 1974, on l’a transformé façon Motown. Notre version live et celle de l’album sont assez proches mais on l'a adaptée à un tempo plus rapide pour l’interpréter sur scène. Notre désir est de créer un son, un style vraiment propre à Shaolin Temple Defenders.
Des salles de concert moins remplies ça arrive aussi. C’était le cas pour ce concert au New Morning*. Est-ce que ça influence votre jeu ?
Oui et non. Bien sûr, c’est difficile alors de trouver une véritable communion avec le public. C’est pas évident ! Mais nous on s’est fait un point d’honneur de donner le même spectacle et de partager au maximum avec les gens qui ont payé, qui sont venus en concert, qu’ils soient 5 ou 5 000. Le principe de la soul music c’est ça. C’est important.
Vous invitez des guests sur scène : au New Morning Julien Grenier aux platines et Arnaud Fradin guitariste de blues, ces collaborations c’est vraiment un plus pour votre musique ?
On le fait quand on en a l’occasion. C’est surtout pour se faire plaisir et aussi pour présenter d’autres artistes au public et montrer qu’on a des gens talentueux autour de nous. Avec Shaolin, on est dans l’échange, le partage. On veut donner un maximum à ceux qui viennent nous voir en concert, ne pas les décevoir.
Vous concrétisez les collaborations sur scène ou sur disque, par exemple il y a eu Martha High ex-choriste de James Brown, vous pensez travailler avec d’autres artistes ?
Rien n’est planifié, on a quelques idées, des désirs mais il n’y a rien de concret pour l’instant. Mais c’est un fait, participer à d’autres projets, inviter d’autres personnes, faire des collaborations, ça fait partie du projet Shaolin.
Vous êtes actuellement sur la tournée 2013 … vous avez le recul de plusieurs années de tournées nationales et internationales. Avez-vous constaté un public plus réceptif à votre musique quelque part ?
Pour moi, les meilleurs souvenirs sont les concerts en Angleterre. Ce pays a suivi les Etats-Unis dans les différents mouvements musicaux. Les gens y ont été bercés par la soul music. Ce public est éclairé. Au Canada aussi on a vécu de très bons moments… en Espagne, le public est très réceptif. Après, il faut dire ce qui est... en France aussi, on est très bien accueilli là où on passe Bon, il y a des publics plus accessibles que d’autres et ça nous motive d’autant plus parce que ceux-là sont à conquérir !
Qu’est ce que c’est l’"International Soul", si je me réfère à ce morceau de l'album Gettin’ The Spirit (2009) ?
Ce message dit que la dimension Soul est présente partout dans le monde. En Asie, en Amérique, en Afrique… cet héritage musical est défendu et joué aux quatre coins de la planète.
Comme vous le savez cette interview est destinée à La Grosse Radio, l’Antenne Rock, ça vous semble incongru, ou c’est aussi dans l’esprit Shaolin ?
La soul music fait aussi partie de cette grande famille du rock avec un grand "R". Pour moi c’est logique, on appartient à cette famille.
Les 7 membres du groupe
Brother Lion : Chant et Tambourin
Mickey Fourcade : Batterie
Jérémy Ortal : Basse
Pierre Petit a.k.a The Preacherman : Guitare
Cédric Lacaze : Orgue et Flûte traversière
Laure Fréjacques : Trompette
Vincent Le Fort : Saxophones
* Restez à l'écoute pour découvrir prochainement le report-live du concert du New Morning.