Thumpasaurus, l’interview pour la légende

De passage à Paris, quasi à l'improviste, pour une petite date au Supersonic (lire notre live report ici), nous avons eu l'occasion de croiser Thumpasaurus dans les loges, pour une vingtaine de minutes hors du temps et surtout des codes. Nous avons donc discuté avec eux pendant qu'ils créaient leurs t-shirts pour le merch du soir ! Tout en DIY total ! Ces Texans sont imprenables, inaliénables, libres de toutes conventions classiques. Avec un brio exceptionnel, leur musique est saisissante, si vous n'aimez pas, c'est pas grave, mais quand même, c'est que vous devez être assez bougons, huhu !

Interview par Davy Sanna et Yann Landry (Yes, we are "the two guys" and we love you !)

Merci beaucoup pour votre dernier album Thumpaverse. Nous sommes fiers d’avoir été les premiers à le chroniquer en français. Sur internet, on trouve peu d’informations et d’articles sur vous. Avez-vous peur des journalistes ?

(Rire) Non, nous sommes inconnus des journalistes, je dirais, plus que nous en sommes effrayés.

On est connus que par vous, les gars, vous êtes les seuls qui osez ! On vous aime !

N’avez-vous pas d’attachés de presse ?

Oh que non ! Lucas est notre « attaché de presse », il fait ce qu’il peut (rires).

Pas de label, pas de relations presse, on ne fonctionne que par bouche-à-oreille. Jusqu’à présent, ça fonctionne plutôt bien.

Pour le booking des concerts, vous le faites aussi tout seul ?

Oui ! Pas de tour manager, personne d’aucune entreprise. Sur la route, c’est juste nous et notre ingé son.

En 2019, vous vous décriviez comme un groupe de « punk funk », êtes-vous toujours d’accord avec votre description ?

Je dirais que ces deux mots peuvent convenir, même s’il y a beaucoup plus que cela dans notre musique. C’est peut-être comme ça qu’on a commencé mais on a toujours du mal à s’auto-identifier. C’est toujours plus facile pour ceux qui nous écoutent de comprendre. On aime le punk, on aime le funk mais honnêtement, on n'a aucune idée en termes de genre ou de style parce que nous aimons tellement de genres différents et spécialement le funk et le punk... Donc ça matche et ça ne matche pas (rires).

Un de nos amis a défini Lucas comme un Freddie Mercury sous acide. C'est peut-être encore plus vrai avec les nouveaux singles sortis, encore plus théâtraux, groovy et grandiloquents orchestralement. Comment as-tu créé, Lucas, ton personnage scénique ?

(longue réflexion) C'est une question difficile... Chaque chanson m'inspire un personnage différent. J'essaie de trouver le feeling logique, c'est une chose drôle à explorer. C'est comme si j'avais de multiples personnalités, et je peux trouver quelques voies à travers mes chansons pour les exagérer. Par exemple, si un jour je suis en colère, je peux suivre ce feeling, ou si aujourd'hui je suis amoureux, je me draperai dans cet état.

Discutez-vous entre vous sur la manière d'être sur scène ou est-ce naturel que tout explose ?

(rires) Nous avons des centaines de concerts à notre actif. Ce qui est cool avec notre groupe, c'est qu'il y a une règle tacite, on fait chacun notre truc. On s'habille comme on veut, on fait comme on veut. On n'en parle pas vraiment, chacun de nous est unique. Nous parlons beaucoup de nos sets. On est très concentrés sur nos sets mais pas sur nos manières d'être sur scène. Ca change tous les soirs, tout dépend de nos ressentis, ce qui change nos manières d'agir sur scène. Notre truc est de faire en sorte de se connecter à notre public et de faire en sorte que ça fonctionne tous les soirs.

On ressent souvent une confusion dans vos textes entre ce qui est de l'humour et ce qui est sérieux. On ne peut pas dire que vous êtes un groupe "comique", mais nous nous demandons si c'est une interprétation humoristique de sujets sérieux ou si c'est une interprétation sérieuse de sujets humoristiques.

Wow, hou ! Je dirais que nous n'essayons pas d'être un groupe marrant, mais nous trouvons de l'humour dans notre manière d'écrire, à propos de ce qui nous inspire. Il s'agit aussi d'auto-guérison de rire de l'absurdité de toute chose. On prend tout assez sérieusement même si les gens pensent qu'on ne se prend pas au sérieux, ce qui est aussi vrai. On est les deux en même temps. C'est notre espoir que de trouver de l'humour en chaque chose, ce qui rend la vie plus appréciable. C'est une question très dure ! Nous ne pensons jamais à cela. Je pense qu'on peut dire qu'on a un certain plaisir dans l'absurdité de mettre tant d'effort dans un concept qui peut sembler très idiot mais en le prenant très très sérieusement et intensément. Je pense que c'est la différence entre l'humour et ce que nous faisons. Je pense que c'est plus absurde que marrant car nous sommes des musiciens de jazz très entraînés techniquement et nous utilisons nos compétences pour des chansons trop funky. Nous mettons beaucoup de temps et d'intention dans quelque chose de frivole, c'est en cela qu'il y a une espèce de friction qui fait dire aux gens : "Mais qu'est-ce que je vois là ! Qu'est-ce que c'est que ça !". C'est en notre défaveur en termes de marketing mais en notre faveur quand vous prenez part à l'expérience de notre musique.

Vos chansons révèlent une grande aisance à jouer avec des cadences, des ambiances et des crescendos construits pour, enfin, forcer les gens à danser. Nous avons pensé que cela pourrait être le signe d'une grande expérience sur scène, en jouant avec le public. Y a-t-il une place pour l'improvisation dans les concerts de Thumpasaurus ?

Chaque soir ! Nous incorporons les propositions. Nous sommes des musiciens de jazz. Donc nous interprétons les chansons à nu, ce qui garde le fun musicalement chaque soir. C'est différent à chaque fois. Nous improvisons selon le public en observant ce qui se passe, ce qui amène les gens encore plus près de notre musique. Il s'agit d'écouter et de réagir à ce qu'il se passe, et d'engager les gens au maximum. On se suit, on s'écoute, on se regarde, et on peut jouer des sections de chansons différemment, ne pas jouer les chansons dans l'ordre.

On ressent une urgence dans votre musique qui nous touche profondément. Et aussi un besoin viscéral de sortir des sentiers battus. Avons-nous tort ? Comment changer ce monde problématique ou notre perception pour se sentir mieux ?

C'est la chose la plus urgente que vous avez à expérimenter, essayer d'obtenir de la joie et de la bonne humeur est une urgence qui donne de la valeur. Nous écrivons des chansons qui peuvent être comme des claques au visage. Nous savons que le monde est vraiment dur, la tristesse est fréquente. Nous ne pouvons pas oublier non plus de profiter de la vie comme une réalité plus forte que toute autre réalité, et c'est souvent négligé.

Dans les clips de "Struttin" et "Terrified", sortis au printemps dernier, il y a des mariages qui sortent de l'ordinaire, avez-vous une phobie du mariage tel que conçu par le patriarcat ?

(rires) C'est une super question ! Je dirais : certainement ! Je n'avais pas vraiment remarqué ça. Même si vous nous aviez posé cette question sans que nous ayons fait ces chansons, j'aurais répondu oui de toute façon ! Nous sommes terrifiés par le mariage ! Nous n'avions même pas fait le lien entre les mariages de ces deux clips. Ca doit être notre subconscient qui parle pour nous. (rires)

Vos clips sont très cinématographiques. Comment les créez-vous ?

Cela ressort de brainstorming entre nous. Nous aimons tous les films et la télé. C'est donc une grande part de notre vocabulaire. Depuis le premier jour, nous avons une vision qui dépasse la musique elle-même. Nous vivons dans une culture visuelle. Je suis un obsédé des westerns et des films de zombies. Notre groupe est la parfaite excuse pour aller aussi loin que nous le pouvons avec nos petits budgets, ce qui rend parfois les choses encore meilleures. Nous recrutons tous nos amis, nous repérons des lieux et voyons ce qui se passe.

Le nouveau single "Terrified" typé vintage années 80 annonce-t-il un nouvel album et donne-t-il le ton général ?

Il annonce un nouvel album mais ne donne pas le ton général. Le son de notre nouvel album ira dans tous les sens d'une manière très Thump'. Ca convient à qui nous sommes. Cette chanson sera la seul retro du lot. L'album sera très éclectique. Nous croyons que comme il est créé par les mêmes gens, cela maintient une certaine identité malgré les genres qui y sont présents. Notre groupe est plus qui nous sommes plutôt que comment la musique sonne. C'est tellement fou de distraire les gens !

"Don't cross the line" interview : 

Préféreriez-vous être suivi par 40 gentils canards pour le reste de votre vie ou par 1 million de personnes parmi les plus débiles de tik tok ?

Les canards ! Sans aucun doute !

Préféreriez-vous écouter Spotify en random tous les jours de votre vie ou faire un album pour Miley Cyrus ?

Faire un album pour Miley Cyrus. On aimerait vraiment ! En plus, on serait bien payé ! (rires)

Préféreriez-vous avoir des bras en mousse ou faire un album Heavy Metal ?

(rires) On peut faire l'album avec des bras en mousse ! On pourrait vraiment. Ce sont deux bonnes options !

Préféreriez-vous marcher en moonwalk pour le reste de votre vie ou écrire un tube de l'été ?

Le hit commercial ! On prend l'argent ! (rires) Le moonwalk est génial aussi.

Hmm, des canards !

De la candeur.

En prime, le nouveau clip sorti le 25 août. "I'm cute".

Du merch' au top ! DIY, baby !



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