Encore un nouvel arrivage de Reunion Island ! Depuis la compil Maudit Tangue, chroniquée sur la Grosse Radio il ya quelques semaines, ça n’arrête pas. Cette fois ci c’est au tour des Tukatukas de présenter leur album Chaleur Tropicale. Un peu réchauffé quand même puisque le bébé est sorti en fin 2012. Ca a du arriver par bateau de pêche. Un miracle qu’on ait quand même pu l’écouter.
Tukatukas ? D’après leur marteleur de fûts, le nom vient du son que fait sa batterie quand il cogne dessus. Comme entrée en matière, c’est assurément punk. Emmenés par une chanteuse fort agréable à entendre, ces Tukatukas s’inscrivent dans la mouvance punk mélodique tantôt mâtiné d’une touche hardcore.
"Mask", "I Told You Backwards" ou "Human Bomb" illustrent parfaitement cela. Du bon punk mélodique façon NoFx. On peut aussi retrouver des influences du coté des skateurs californiens comme Suicidal Tendencies dans la manière de chanter mais sans s’emmerder dans les solos ou autres parties de basse compliquées dont Trujillo avait le secret avant de vendre son âme aux diables de Metallica. "Real Love" peut d’ailleurs faire penser au chant du grand James mais allant à l’essentiel. Des morceaux de Metallica de moins de deux minutes c’est quand même assez rare. "No Place to Hide" s’inscrit aussi dans cette mouvence en rajoutant des influences de groupes comme les Hard-Ons qui dans le style sont particulièrement bien cotés. "Merchandise" lorgne allègrement coté Toy Dolls.
Le hardcore est aussi à l'honneur avec des brûlots comme "Revenge". Là les gonzes (et la gonzesse) s’énervent un chouia et jettent leurs forces dans la bataille pour nous prouver que la "Revenge" est un plat que les Tukatukas ont bien digéré. Le batteur martyrise ses futs pendant tout le morceau. "Nobody is Perfect" alterne les parties mid tempo et des envolées braillardes bien sauvages. Concept intéressant.
Les Tukatukas font du bruit ! Mais ils revendiquent aussi. Prêt à a en découdre avec Charlton Heston, ils hurlent "No Guns For Kids". A coup sur, Ils vont nous énerver le fervent defenseur du pistolet pour tous. "TV" nous vante les mérites hypnotiques de celle que certains surnomment affectueusement la lucarne à blaireaux. On sent quelques petits penchants vers des groupes comme Rancid, qui, avec une rythmique plus lente que les morceaux keupons traditionnels, ont réussi à tirer leur épingle du jeu (et aussi pas mal de gonzesses…. Bouh, le gros macho… pas bien).
Enfin le punk reste quand même le fond de commerce de ces Tukatukas. Et version punk 77, on trouve aussi des références. "Riot Riot Riot", a la manière des Clash quelques 35 plus tôt, le groupe nous invite au combat avec "123 Fight". Pêchu, poilu, bien foutu. Quatre accords et deux minutes à fond, n’est ce pas là l’essence même du morceau punk rock ! L’important c’est d’envoyer du bois. Faut que ca remue la tripaille !
Une tite chanson créole "Moin Te Croi Pu" pour finir le cd, un petit hommage pays et hop l’affaire est emballée après un petit traitement au métal punk.
Ce Chaleur Tropicale n’est peut être pas l’album de l’année (de toutes façons, il est de l’année dernière) mais il nous donne la preuve qu’il y a un noyau keupon sur l’ile de la Réunion. L’ami Thuillier (hé hé, je l’ai encore placé), photographe de stars de son état, nous prouve à travers ses clichés que les concerts des Tukatukas, c’est pas de la rigolade. Les Tukatukas sont des punks et comme tout punk qui se respecte c’est en live qu’ils doivent donner leur pleine puissance. En attendant de vous payer le billet d’avion (comme l’ont fait les Inner Terrestrials pour aller jouer avec eux), posez donc la galette Chaleur Tropicale sur la platine et écouter le tout à 11, bien évidemment.