Le festival Beauregard bat son record avec cette 15ème édition

Cette année le festival a battu son plein et établi un nouveau record puisque 150 000 personnes étaient présentes sur les 5 jours, soit plus de 90 000 litres de bières écoulés. Il faut dire que les températures allant jusqu'à 27 degrés y ont pour beaucoup contribué. Retour sur les concerts rock marquants de cette édition !

Jour 1 - mercredi

Chalk (Post-punk - UK)

19h45 et des poussières, les rayons de soleil de fin de journée inondent le festival. Le groupe irlandais (de Belfast, plus exactement) Chalk succède aux anglais de Coach Party sur la scène Beauregard. A noter que le groupe s’est créé à l’été 2019 et que c’est sa première date en France (il remplace le groupe The Waeve qui a annulé sa venue). Voilà une bien belle occasion pour le trio de présenter en live son premier EP « Conditions » (sorti en mai dernier) au public hexagonal ! Le public d’Indochine est déjà présent en masse pour le show de la soirée. Dès les premières mesures, on sent que le set va être puissant. Et on ne s’était pas trompé : la batterie est musclée, efficace, la guitare rugissante, les beats électrisants et le chant profond, viscéral même ! Pas de fond de scène, pas de fioritures, c’est brut, racé, intense. Leur énergie est contagieuse et même les fans d’Indochine les plus réticents se laissent finalement embarquer dans leur univers sans même s’en rendre compte. J’en veux pour preuve les têtes qui dodelinent, les épaules qui roulent ou encore les pieds qui battent la mesure ! C’est une belle découverte ! Et nul ne doute que ce tout jeune projet post-punk teinté d’électro va faire parler de lui. A l’image de leurs compatriotes de Fontaines DC ? Nous ne saurions le dire mais c’est tout le mal que nous leur souhaitons.

Texte : Virginie Bellavoir

Jour 2 - jeudi

Alias (Rock - CA)

C'était l'une des très belles découvertes de ce festival : Alias, le groupe mené par le français Emmanuel Alias, installé depuis plusieurs années au Canada. Après avoir forgé ses armes au conservatoire de Jazz d’Aix-en-Provence et après quelques compositions musicales pour des séries (Big Little Lies, Sharp Objects) il lance ALIAS, un rock smooth et planant aux caractéristiques psychédéliques. Le devant de la scène qui était relativement vide au début du concert (le groupe faisait l'ouverture) s'est avéré se remplir au fur et à mesure tant le jeu de scène et la musique étaient attrayants. A l'écoute, il en découle des trames de rock alternatifs, cathartiques avec des thèmes sombres et c'en est vraiment prenant.

Deus (Rock - Belgique)

Le groupe Belge Deus était de retour après un petit peu plus de 10 ans d’absence pour présenter son nouvel album. Le chanteur Tom Barman et ses acolytes n’ont rien perdu de leur superbe sur scène. Toujours dans une ambiance rock décalée avec une écriture thérapeutique puisant dans la tristesse et la mélancolie dynamique. Le quintette nous a offert un show relativement posé en plein après-midi, pile à la bonne heure pour poser son ambiance émouvante et ses solos de guitares éléctrifiants.

Royal Blood (Rock - UK)

Pas toujours simple de remplacer un groupe en dernière minute et encore moins lorsqu'il s'agit de Blur, mais les Anglais savent se remplacer entre eux. La grande scène a offert un espace scénique très large que Mike Kerr (bassiste/chanteur) a pu exploiter pour courir et envoyer ses meilleurs solos de basse pendant plus d'une heure. C'était l'un des meilleurs concerts de ce festival. Aucune déception pendant ce concert, qu'il s'agisse de leur performance, des jeux de lumières et de l'énergie qui se dégageaient de nos deux compères. Moshpit et autres pogo organisés par Ben Thatcher (batteur) cognaient bien fort et rendaient heureux. Le combo basse/batterie fonctionne encore mieux que sur les versions studios.

Royal Republic (Rock - Suède)

Royal Republic embrasait la scène du festival pour la première fois avec succès. Le quatuor Suédois aux influences punk/pop/rock a su énergiser son public pour cette fin de soirée. Le show était bien organisé, qu’il s‘agisse des costumes, des échanges avec les fans ou de la scénographie, il était difficile de ne pas pouvoir apprécier ce concert bien rock. A croire que la capacité à faire du show s’inscrit dans la tradition Suedoise, on aurait presque pu croire que l'on était à un concert des Hives à certains moments, c’était vraiment bonne ambiance.

Jour 3 - vendredi

The Haunted Youth (Rock/Shoegaze - Belgique)

Toujours dans les belles découvertes de ce festival, Haunted Youth, le groupe belge aux influences Dream Pop/Shoegaze est venu nous hypnotiser pour l'ouverture du festival en cette troisième journée. Le groupe a brandi sur scène, dès son arrivée, une esthétique très années 90' qui annonce la couleur de l'univers musical. Le mélange entre le synthé et les rythmes de guitares nous murmure une ambiance flottante à la fois sombre et mélancolique. Les fans de Slowdive et des Beach House y trouveront leur compte, c’était une très belle découverte.

Interpol (Rock - US)

Interpol était très attendu et c’était trop cool. Le groupe de rock New Yorkais mené par Paul Banks de l’ère Strokes, Yeah Yeah Yeahs, Moldy Peaches et autres, nous a offert un concert à la hauteur de sa discographie. 21h30 n’était peut être pas le meilleur horaire pour placer le groupe, on le sait, le rock indie du quatuor est punchy mais ne transcende pas autant que ses compères de la même génération, ils auraient été beaucoup mieux en pleine après-midi pour la digestion. Rien de sensationnel à raconter, c’était cool, même ambiance que dans leurs disques.

Jour 4 - samedi

Animal Triste (Rock - Fr)

Pour l’ouverture de cette quatrième journée, c’est le groupe Rouennais de rock Animal Triste qui a géré l’inauguration de la grande scène. A mi-chemin entre un rock sombre saturé et indie, vous y trouverez des guitares lascives, une basse très new wave de Manchester, le tout accompagné par une voix à l’énergie puissante et mélancolique. Leur très belle performance nous embarque dans une ambiance sombre, relativement brumeuse, guidée par un amour profond. C’était une très belle découverte, les fans de BRMC devraient y trouver leur compte.

Anna Calvi (Rock - UK)

Il est 19h15 en ce troisième jour de festival lorsque la charismatique artiste britannique Anna Calvi se présente sur la scène Beauregard, précédée de quelques minutes par ses 2 musiciens (dont le batteur qui porte un col roulé malgré l’étouffante chaleur qui règne sur le domaine !). C’est sa seconde venue sur le festival normand (elle s’y était déjà produite en 2011 alors qu’elle émergeait avec son premier album) et le dernier nom annoncé par la programmation en mars dernier. Autant vous dire qu’elle était très attendue ! Elle s’avance avec classe et discrétion, toute de noire vêtue (hormis ses boots blanches et son rouge à lèvres, lui-même assorti au fond de scène d’un rouge intense) et attrape sa fidèle Telecaster (qui a déjà bien vécue !). Le set commence tout en douceur, comme pour mieux préparer le public aux envolées électriques et vocales (presque lyriques !) qui suivront. Elle finira parfois même à genoux sur l’avancée de la scène, guitare contre son cœur, pour de longs solos rugissants dont elle a le secret, pour son plus grand plaisir (il peut se lire sur son visage) comme pour le nôtre. En cinquante minutes d’un show aussi électrique qu’électrisant (dont quelques titres incontournables tels « Desire », qui l’a faite connaître et « Don’t Beat The Girl Out Of My Boy », extrait de son album « Hunter »), sans artifices, l’artiste a su montrer une fois de plus toute l’étendue de ses talents et impressionner ceux qui la découvraient ce soir-là. Epoustouflante Anna Calvi !

Texte : Virginie Bellavoir

Nothing But Thieves (Rock - UK)

Après un premier concert à Beauregard en 2018, Nothing but Thieves était de retour en force sur la scène normande pour présenter son quatrième album "Dead club City" devant un public de fans déchaînés. Le chanteur, toujours très humble et ému, a annoncé qu'ils venaient de passer numéro un des charts en Angleterre, le groupe en a profité pour célébrer cette annonce sur scène. Tous les tubes du groupe se sont enchaînés avec fluidité avec de nouvelles sonorités disco/électro tout en gardant l'essence rock du début du groupe. Quant aux prouesses vocales du chanteur, elles restent exceptionnelles.

Alt-J (Rock - UK)

C’est à la tombée de la nuit que Alt-J est venu interpréter son nouvel album ainsi que leurs anciens tubes. Accompagné d’une scénographie très léchée, Alt-J nous plonge dans leur univers rêveur et poétique. Le public est conquis par les trois Britanniques et l’harmonie de leur voix qui ont su faire leur succès. On notera cependant un concert un peu plat qui endort par sa douceur.

Jour 5 - dimanche

Hada (Rock/Pop - Caen)

L'ouverture de ce dernier jour de festival s'est faite par un groupe local Hada, et c'était une superbe découverte. On sent que le groupe est encore en rodage sur scène, que les musiciens ne sont pas encore très à l'aise dans les échanges avec le public mais on sent aussi et surtout les efforts et le travail qui a été fait pour cacher cette timidité sur scène et offrir un concert des plus accueillants. L'alliance entre la voix un peu rauque, la guitare, la basse et le synthétiseur ambiant nous offrent une pop/garage/rock qui s'écoute bien pour des débuts de festivité. Super concert, Hada est un groupe à surveiller de près.

The Murder Capital (Post Punk - UK)

Les Irlandais de The Murder Capital étaient en terrain déjà conquis lorsqu'ils sont arrivés sur la scène normande. 16h15 c'était exactement l'horaire adapté pour commencer à chauffer le public pour le reste de la journée. Le quintette aux sonorités post-punk est venu jouer son dernier album "Gigi's Recovery" sorti plus tôt cette année. L'ambiance du concert était beaucoup plus joviale et moins sombre que sur l'album, on avait presque l'impression que chacun de nous était en phase de devenir le sixième membre du groupe tant l'échange et la prise en compte du public étaient présents. Pas de pogo sur ce type de post-punk, en revanche une forte émotion se dégage de la voix du chanteur et nous embarque pendant toute la durée du show. A ne surtout pas louper en live.  

Airbourne (Heavy Metal - AUS)

On passe de 0 à 200% avec un Airbourne en forme qui nous envoie un hard rock agressif mais toujours dans la bonne humeur avec des lancées de pintes dans un public conquis. Le quatuor Australien n’a définitivement rien à envier à ses comparses d’AC/DC. L’ambiance était électrique et le public était là pour en découdre avec le seul groupe vraiment heavy du festival. Le chanteur torse nu a couru comme un diable tout du long avant de se jeter dans le public sur le dos d’un roady pour nous montrer de plus près un solo de haute voltige.

C’était le cinquième et dernier jour d’un festival fatigant et on en aurait repris volontiers du rab ! 

Photos : Sacha Lbs
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