Bruce Soord (The Pineapple Thief) nous parle de Luminescence

Alors que la carrière de The Pineapple Thief est aujourd'hui florissante, Bruce Soord ne se repose pas sur ses acquis et nous propose son troisième album solo en cette rentrée 2023. Afin d'en savoir un peu plus sur Luminescence, ce nouvel opus à l'ambiance très intimiste, nous nous sommes entretenus avec le multi-instrumentiste, ce dernier nous recevant (en visio) dans son studio.

Bonjour Bruce, merci de nous accorder cette nouvelle interview. Tout d'abord, comment vas-tu ?

Je vais très bien ! Je suis toujours très occupé, mais c'est parce que comme d'habitude, tout arrive en même temps ! Je suis actuellement en train de mixer le prochain Pineapple Thief que nous avons terminé d'enregistrer plus tôt dans l'année. Je devrais avoir terminé d'ici deux semaines si tout se passe bien.

Et dans le même temps, tu t'apprêtes à sortir ton troisième album solo, Luminescence. En chimie, la luminescence correspond à l'émission spontanée de radiations et se manifeste sous la forme d'une lumière bleue très froide et intense. Etait-ce un moyen pour toi de définir tes nouvelles compositions ? Parfois froides mais en même temps très lumineuses et optimistes ?

Je pense que oui, c'était l'idée. Les compositions sont en effet parfois assez mélancoliques, c'est un sentiment que j'ai parfois ressenti au fil des années. Quand on se sent tourmenté, on a toutefois cette envie d'aboutir à une sorte de paix intérieure, de trouver de la joie et du sens dans ce monde. C'est un peu ce vers quoi je tends aujourd'hui, vers cette nature lumineuse spontanée. C'est peut-être la meilleure façon de décrire ou d'expliquer le processus de composition qui m'a permis d'aboutir à ces nouvelles chansons.

Est-ce également une façon de suggérer que la composition a été quelque chose de naturel et spontané pour toi ?

C'est effectivement le cas, puisque ces compositions sont nées durant une période où j'étais sur la route et que j'avais pas mal de temps morts. En tournée, il y a des moments de pause, notamment lorsque l'on se retrouve dans une chambre d’hôtel. En plus, ce sont des périodes où j'avais toujours une guitare à proximité. C'était donc l'occasion de m'en saisir et de voir ce qui pouvait en sortir. Comme tu l'as dit, c'est donc un processus qui est parfois très spontané car tu ne te poses pas de questions. Je ne suis pas dit « ok, je compte écrire un super morceau aujourd'hui ». Tu fais des essais et il arrive ce qui doit arriver. D'ailleurs, il y a un titre sur l'album qui s'appelle « Olomouc », du nom d'une ville en République Tchèque, car c'est là-bas que je l'ai écrit durant un jour de repos pendant la tournée. C'était initialement le titre de travail du morceau mais c'est resté.

Ces compositions ont également été écrites durant une période de temps relativement long, au cours des deux dernières années et je les trouve pourtant très cohérentes...

C'est vrai que certaines de ces compositions ont été écrites même encore avant, il y a peut-être plus de trois ans, après avoir terminé mon précédent album solo. Et quand elles sont sorties de mon imaginaire, j'avais parfois l'impression de tourner en rond car j'avais beaucoup d'idée, mais rien qui ne me paraisse suffisamment abouti. A ce moment-là, je suis parti faire une longue marche pour mettre de l'ordre dans mes idées et en revenant j'ai tout recommencé de zéro. Parfois, je me force en me disant « bon, c'est mon métier, je dois écrire des chansons », et je m'y mets. Sauf que ça revient rapidement à tourner en rond. Pour éviter cela, j'ai donc essayé de réfléchir à une échelle un peu plus profonde, savoir ce que j'avais réellement envie d'écrire et comment je comptais le faire. Une fois ce travail fait, tout est arrivé très rapidement, c'est probablement la raison pour laquelle tu trouves ces compositions cohérentes entre elles.

Il y a quelques temps quand je t'avais interviewé pour la sortie de Versions of the Truth, tu disais que lorsque tu composes sur une période de temps assez longue, tu laisses parfois reposer les morceaux, pour y revenir plus tard et les rendre plus matures.

Oui, c'est exactement l'idée. Cela me laisse le temps de revenir sur les morceaux un peu plus tard. C'est ce qui s'est passé sur la dernière piste de l'album, « Find Peace » que j'ai assemblée en deux semaines. Mais je suis revenu dessus bien plus tard pour retravailler le morceau et le développer un peu plus sur le plan du son comme celui des paroles. C'est comme ça que j'ai fini par ajouter des cordes alors que je pensais initialement avoir terminé le morceau.

Si l'on compare ton travail en solo avec ce que tu fais pour Pineapple Thief, on note tout de même des différences, puisqu'avec ton groupe principal, tu joues beaucoup sur l'aspect progressif et sur les ambiances, alors qu'en solo on est plus sur une approche de songwriter à mon sens. Quels sont les songwriters que tu prends pour modèle ?

Je pense en premier lieu à ce que peut proposer Beck, notamment à ce qu'il a pu faire sur des albums comme Mutations (1998, NDLR) et Sea Change (2002, NDLR), où tu sentais qu'il avait tout simplement pris une guitare acoustique et s'était directement lancé dans l'écriture. J'ai essayé de m'inspirer un peu de cela, de cette approche très axée sur l'acoustique. Mais j'ai également été influencé par le travail de composition d'un musicien du XXème siècle, Steve Reich, qui n'est bien entendu pas un songwriter, mais qui propose une musique très minimaliste. Il a contribué à l'explosion de ce courant. J'essaye de parvenir au même résultat et je pense que cela peut s'entendre dans mon travail. J'aime l'idée qu'une chanson puisse être très directe lorsque l'on joue sur la répétition des motifs.

L'idée c'est aussi de pouvoir juste jouer les choses de façon simple, en prenant une guitare et en ne se chargeant pas trop des arrangements.

Exactement. C'est quelque chose que j'ai proposé pendant le confinement durant lequel j'ai fait quelques live stream seulement accompagné par une guitare et une pédale loop. C'est exactement cette approche de la musique minimaliste car en procédant ainsi, j'enregistrais en directe une partie qui était reproduite en boucle par la pédale, me permettant de rejouer autre chose par-dessus et ainsi de suite. Et j'ai vraiment aimé procéder de cette manière car j'ai aimé la façon dont l'ensemble sonnait alors qu'il n'y avait que moi et cette pédale.

Durant ces lockdown sessions, cela t'a également permis de proposer des versions finalement très dépouillées de titres qui sont initialement riches en arrangements comme « The Final Thing on My Mind ». J'imagine que cela te permet également de redécouvrir tes propres titres ?

Tout à fait, car tu dois déconstruire tout ton travail, enlever le superflu, l'aspect technique, pour parvenir à l'essence même du morceau. Cela permet de savoir si ton travail fonctionne avec le strict minimum. C'est un débat qui revient souvent chez les musiciens, puisque certains pensent que si tu ne peux pas faire ça, revenir juste à l'essentiel du titre et le jouer en acoustique, cela signifie que ta chanson n'est pas bonne. Sur un autre morceau comme « Alone At Sea », qui a vraiment un côté très heavy rock, c'était amusant de le retravailler.

Si l'on réfléchit bien, cette approche dépouillée de l'acoustique, c'est quelque chose que tu avais déjà fait en tournant en tant qu'invité avec Katatonia en 2014.

Oui. Et je me rappelle d'ailleurs très bien du moment où Jonas (Renkse, chanteur de Katatonia NDLR) m'a parlé de cette tournée. Il m'a proposé d'en faire partie, en assurant seulement la guitare acoustique. Et je lui ai demandé « Es-tu certain que cela fonctionnera ? ». J'en doutais jusqu'au moment où nous avons démarré les répétitions sous ce format. Même si la musique du groupe est très metal, avec de grosses lignes de guitare, le groupe a été capable de tout réinventer en mettant ces riffs de côté. J'ai d'ailleurs adoré voir ce que l'on pouvait faire de ces chansons et à quel point elles étaient pures quand elles étaient jouées en acoustique.

Je sais que tu es également fan d'Opeth et qu'en tant que producteur, tu aurais aimé les produire. Ils ont eux aussi procédé à l'enregistrement d'un album acoustique avec Damnation en 2003...

C'est vrai. Mais quand ils l'ont fait, ils ont beaucoup fait parler d'eux car c'était initialement un groupe de death metal. Pourtant ils avaient déjà beaucoup de parties acoustiques dans leur musique. Mais je comprends leur besoin à l'époque de proposer cela car en tant qu'artiste, tu n'as pas envie de faire toujours la même chose, cela devient rapidement ennuyeux. J'ai d'ailleurs été très impressionné par ce qu'ils ont fait à l'époque et la manière dont ils ont grimpé les échelons allant de réussite en réussite. A chaque album, ils ont gagné de nouveaux fans en gardant intacte leur intégrité artistique, ce qui est remarquable.

Même si la plupart des titres de Luminescence restent dominés par la guitare acoustique, ta voix et parfois une piste de cordes, il y a cet instrumental, « Rushing », qui lui est plus particulièrement basé sur des beats et des claviers...

C'était pour moi une sorte d'introduction au concept de « précipitation » (traduction littérale de « Rushing » NDRL), de course perpétuelle que l'on ressent tous les jours. Aujourd'hui, tout ce qui arrive nous pousse à réagir toujours plus rapidement et on se retrouve à ne jamais avoir assez de temps pour tout faire. On connait tous cette sensation de ne pas toujours avoir le temps de se concentrer sur ce qui est réellement important. Et comme on ne peut pas toujours envoyer tout balader, il est courant de se retrouver piégé dans cette spirale. C'est souvent ce que les personnes qui sont très ambitieuse dans leur vie professionnelle peuvent ressentir après quelques années, où elles expriment régulièrement le regret d'être passé à côté de certaines choses. Dans les top 10 des regrets couramment exprimés dans notre société, on retrouve souvent « je regrette d'avoir tant travaillé et de ne pas avoir passé plus de temps avec ma famille et mes amis ». C'est pourtant évident, mais pas pour tout le monde dans nos sociétés qui nous poussent à aller toujours plus vite. Ce morceau devait donc exprimer ce sentiment où tu te sens lessivé par ce rythme de vie. Donc le côté électronique répétitif devait exprimer ce chaos quotidien.

Ce morceau a d'ailleurs un petit côté trip-hop, une touche qui rappelle aussi Massive Attack.

Oui, d'autant plus que j'ai vécu près de Bristol, la ville d'où a émergé le courant trip-hop dans les années 90. J'y ai passé beaucoup de temps et le trip-hop a toujours été important dans la scène locale. Donc je pense que ce courant musical s'est insinué en moi.

A l'automne, tu seras en tournée en solo pour défendre ce nouvel album, ce que tu as rarement fait jusqu'à présent. Que peut-on attendre de ces dates ? Vas-tu te concentrer uniquement sur ta carrière solo ? Seras-tu seul sur scène ou accompagné de musiciens ?

Je suis toujours en train de réfléchir à ce que je vais proposer pendant ces dates. Je pense proposer un mélange de ce que tu as évoqué. Je ferais probablement quelques chansons tout seul, dans l'idée de ce que j'ai fait pendant les lockdown sessions, seulement accompagné de ma guitare et d'un looper. Puis je ferai probablement appel à quelques amis musiciens en configuration réduite, à commencer par Jon Sykes (bassiste de The Pineapple Thief NDLR). C'est logique que je pense à lui car nous nous connaissons depuis l'âge de 18 ans et c'est forcément mon choix numéro un au moment de rechercher un bassiste qui sait également assurer des choeurs. Pour le poste de batteur, c'est un peu plus délicat, car peut être qu'avec les loopers et un clavier, je peux quand même proposer quelque chose de dépouillé. On sera probablement sur ce format-là. De toute façon, ça sera bien plus intimiste qu'avec The Pineapple Thief car on jouera dans des petites salles et petits clubs et je serai d'ailleurs plus proche du public. J'aimerais vraiment pouvoir regarder les gens directement dans les yeux et voir s'ils sont touchés par ce que je propose.

C'est amusant que tu mentionnes ce rapport au public car en France, on constate que The Pineapple Thief devient de plus en plus gros et joue dans des salles de plus grande capacité. Pour toi, c'est important de garder ce côté intimiste durant tes dates en solo ?

Oui. Pourtant, on a toujours l'image que les artistes rêvent tous de devenir de plus en plus gros et de pouvoir partager leur musique devant toujours plus de spectateurs. Pourtant, je ne pense pas que ça soit vrai pour tout le monde. En ce qui me concerne, je mets la même intensité à jouer devant 50 personnes que devant 500. J'espère seulement que les spectateurs puissent être autant touchés que moi par ces chansons, quel que soit leur nombre. Cette connexion avec les gens me manque parfois, surtout le fait de ne pas pouvoir aller rencontrer les spectateurs après le concert pour parler, boire un verre ou signer des cds. C'est quelque chose que nous ne pouvons plus toujours faire avec The Pineapple Thief. Ce sont pourtant des souvenirs que je garde en mémoire et qui étaient courant dans les premières années du groupe.

C'est probablement parce que tu restes aussi un fan de musique en parallèle de ton statut d'artiste...

Oui, car je garde cette connexion avec mon moi plus jeune, même si j'ai eu 50 ans cette année ! (rires) Je me rappelle parfaitement de ce que je ressentais même si je suis différent en tant qu'artiste par rapport à celui que j'étais à 18 ans. On devient tous plus matures mais je reste un fan de musique et je ne me vois surtout pas comme une rockstar prétentieuse (rires). Je suis surtout heureux de pouvoir faire ce travail et de pouvoir vivre de ma musique aujourd'hui. Tu sais, même lorsque je serai à Paris devant le public, tu peux être sûr que je me pincerai pour être sûr que c'est bien réel ! (rires)

J'imagine que dans ce format acoustique où tu ne peux pas te cacher derrière des tonnes d'arrangements, un artiste se sent parfois plus « vulnérable ». Est-ce que tu te sens parfois effrayé à l'idée de te produire sur scène ?

(rires) C'est amusant que tu parles de ça car je ressens toujours ce stress avant de monter sur scène. C'est toujours un sentiment un peu étrange car au moment de débuter un concert de Pineapple Thief, on ressent tous cela, donc il y a une certaine cohésion de groupe qui se fait et qui nous aide à surmonter cela. Quand je suis seul, il n'y a personne d'autre avec qui partager ce sentiment. Mais au fil des années, je me suis rendu compte que je pouvais être heureux d'avoir des fans bienveillants qui ne me jugent pas trop durement même si je fais un pain, ce qui arrive très souvent surtout avec les loopers (rires) ! Il y a probablement une limite à ce qu'ils peuvent endurer, donc je fais en sorte de ne pas trop me planter, mais ce n'est pas arrivé encore ! (rires)

Pourtant, les erreurs, c'est aussi ce qui fait qu'un concert est vivant. Si l'on regarde la scène progressive, aujourd'hui, chaque concert se doit d'être parfait. Je pense notamment à Dream Theater qui aujourd'hui sonne pareil en studio qu'en live et qui a recours au clic, et qui ne varie pas ses setlists durant toute la tournée. Pour toi, est-ce que tu constates qu'une partie du public a besoin aujourd'hui de retrouver ces quelques erreurs et ce côté vivant du spectacle ?

Oui, tu as raison. Et ce côté parfois trop carré ou perfectionniste, c'est quelque chose que je n'apprécie pas toujours, bien que c'est toujours très impressionnant à voir. Ton exemple de Dream Theater est bon car ce qu'ils font est parfait et parfaitement maîtrisé de la première à la dernière seconde, et le show est le même chaque jour. C'est très impressionnant et le public peut parfois apprécier cet aspect-là. Mais j'ai tout de même l'impression que les gens aiment également la spontanéité et être surpris et se demander ce qui va arriver pendant le concert. J'aime en tant qu'artiste me lancer dans quelque chose sans savoir où je vais, ni quand je vais terminer. C'est ce qui s'est passé notamment durant mes lockdown sessions. C'est un sentiment très excitant qui te donne beaucoup d'énergie ! Tu n'es jamais dans ta zone de confort.

Peut-être que la technicité d'un groupe, c'est aussi ce qui te donne cette opportunité de te lâcher musicalement. Car si l'on prend l'exemple de Gavin Harrison qui t'accompagne à la batterie dans TPT, c'est un musicien très technique, qui du coup peut se permettre de se laisser emporter par les émotions et l'improvisation de façon plus spontanée.

C'est vrai, d'autant plus que Gavin parvient à ne jamais jouer le même concert deux fois de suite de la même façon. Même s'il est très technique, il joue parfois des parties de batterie à l'instinct. Et quand je lui fais remarquer, il me dit « oui, c'était sympa ce break, mais je ne sais pas si je le ferai pareil demain, je testerai autre chose... » (rires). Il garde justement cette spontanéité comme tu l'as dit.

Ressens-tu plus de pression sur la sortie d'un album solo ou d'un album de Pineapple Thief ?

(rires) Très bonne question ! Si je regarde dix ans en arrière, je ressentais énormément de pression pour Pineapple Thief, et je passais beaucoup de temps sur internet à lire les commentaires et les avis sur mes morceaux. J'essaye de ne plus le faire car cela ne m'aide pas vraiment et je ne me sens pas toujours très bien après ! (rires) Si je lis quelque chose de positif sur ma musique, en général, je n’y accorde pas trop d’intérêt. Mais si j’en lis un seul de négatif, ça me met le moral dans les chaussettes (rires). Et je sais que c’est stupide, mais je ne peux m’empêcher de me dire « oh, je devrais peut-être procéder d’une façon différente la prochaine fois » (rires). Du coup, j’essaye de ne plus le faire du tout. On ne peut pas s’en éloigner totalement, mais par conséquent, une fois que j’ai terminé un album, je me concentre immédiatement sur le projet suivant. Après, je suis tout à fait conscient que je ne peux pas du tout échapper à ce que les gens pensent de ma musique quand je la joue en live. Car on ressent tout de suite si le public apprécie ou pas. Je pense que la plus grosse pression, c’est celle-là : celle du live, celle du ressenti du public en direct.

A propos de ce ressenti du public, cela me permet d’aborder le cas de votre dernière date live à Paris. Car j’ai pu constater durant le dernier concert que vous y avez donné avec TPT, que les spectateurs étaient vraiment touchés par ce show. C'était à l'Elysée Montmartre en octobre 2021 et nous étions encore en pleine période de Covid. Pour de nombreux spectateurs, c'était le premier concert depuis l'arrêt total des tournées, et cela a duré peu de temps avant de nouvelles fermetures des salles en France à l'hiver 2021/2022 à cause de la cinquième vague. On a donc ressenti beaucoup de joie dans le public et sur scène lié au fait de se retrouver dans cette salle !

Oui, je l’ai ressenti aussi, c’était un moment magnifique ! L’un des plus forts de ma carrière car c’est vrai que les spectateurs débordaient de joie et d’émotion. Je n’ai pas eu du mal à ressentir cela, car en tant que frontman, tu reçois directement l’énergie du public et tu es directement en contact avec eux. C’est aussi le cas en général quand une seule personne tire la tronche, tu la repères tout de suite et ça t’affecte aussi ! (rires) Mais cela n’a pas été le cas à Paris et ça reste un moment très spécial pour moi.

Dernière question pour aujourd’hui, tout à l’heure nous avons abordé la thématique des regrets. Est-ce que tu en as un en particulier concernant ta carrière musicale ?

Si j’y réfléchis bien, on ne sait jamais trop comment notre carrière aurait évolué si l’on avait fait d’autres choix dans le passé, notamment à nos débuts. Mais les choses arrivent par la force des choses et une carrière c’est comme un long voyage où tu apprends sans cesse. A nos débuts, nous n’avions pas cette expérience, nous ne savions pas du tout vers où nous allions et si nous allions continuer longtemps à faire de la musique. J’ai surtout des regrets concernant la façon de gérer les relations avec les membres du groupe. Car quand tu fais de la musique, tes partenaires ne sont pas des collègues comme dans une entreprise. Ce sont des amis et tu partages tout avec eux, depuis les voyages en van, jusque la scène. Parfois tu te bourres la gueule avec eux, tu partages tout. Donc quand les choses tournent mal et qu’il y a un conflit au sein du groupe, cela prend d’immenses proportions et c’est toujours très difficile à gérer. En tout cas, le seul regret que je peux avoir se rapporte à ces moments très dur à appréhender, surtout au début d’une carrière quand tu n’as pas encore d’expérience. Musicalement, je n’ai pas de regrets, je suis content de ce que j’ai accompli. Peut-être qu’à la fin de ma carrière je pourrai regarder en arrière et répondre à cette question avec plus de recul ! (rires)

 

Interview réalisée par Zoom le 21 aout 2023
Merci à Valérie Reux pour avoir permis cet entretien
Luminescence de Bruce Soord sortira le 22 septembre 2023 chez Kscope
Photographie promotionelle : © Carl Glover



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...