Et si les étoiles étaient des graines ?
C'est vrai qu' avec son air de Pierrot lunaire du futur, on pourrait facilement croire que la musique de Maïa Vidal pourrait se résumer à quelques notes xylophoniques tout droit sorties d'un épisode de oui-oui, et pourtant, tout n'est pas si tranquille sous les étoiles.
Qu'il soit question de métamorphose sur l'excellent "The Big Shift" et sa suite/réponse plus sombre "Snow In Summer", ou de constat quelque peu amer sur "Disaster Body", la joie et la bonne humeur ne font pas loi dans ce "Spaces" faussement rêveur.
L'énergie est aussi au rendez-vous sur certains titres comme "Everything Was Beautiful", titre assez cinglé, aux harmonies étranges et envoûtantes ou l'éclatant "Bright" et ses violons de toute beauté, dont la violence étouffée vaut bien toutes les saturations du monde. La voix est plutôt limpide, parfois rieuse, alternant sans mal douceur et puissance; rappelant celles de Claire Pichet ou Régine Chassagne.
Ce qui reste néanmoins le plus fascinant dans cet album est le mélange réussi des contrastes, associant facilement grandiloquence et intimité, comparant l'infinité de l'espace à la plus petite particule de notre corps; et réussir par la même à allier des instruments très variés allant de l'accordéon (un petit coté Yann Tiersen) au Thérémine dans une electro pop enlevée qui fait l'effort de ne jamais succomber au pathos.
Car quitte à être perdu dans l'espace, autant l'être avec légèreté et fantaisie (amplement illustrées par des xylophones et autres sons de clochettes), sans pour autant renier une certaine noirceur mélancolique (la superbe chanson "Wander").
L'album ressemble donc à une sorte de balade fantasmagorique en forme de questionnement identitaire aussi féérique qu'elle peut être bouleversante à d'autres moments. On attend donc la suite avec impatience, histoire de voir vers quels nouveaux horizons la chanteuse pourra nous entrainer.
