Echoes From the Past est un album singulier à plus d’un titre dans la carrière d’Eloy car il s’agit du vingtième opus studio de la formation menée par Frank Bornemann, aujourd’hui âgé de 78 ans, mais également du troisième volet d’une trilogie consacrée à l’histoire de Jeanne d’Arc. Avec un titre bien nommé, Echoes From the Past s’inscrit tout à fait dans l’esprit d’Eloy, proposant une belle synthèse de la carrière du combo allemand de rock progressif.
Album concept oblige, la narration constitue le fil rouge de cet album, qui raconte l’histoire de Jeanne d’Arc en adoptant le point de vue de Jean de Metz, son compagnon d’armes. De même, pour cet album ambitieux, Frank Bornemann fait intervenir du chant féminin et du violon sur ses compositions (« Echoes From the Past », « Warning Signs ») ou encore des chœurs d’enfants (« Deceptive Glory » à 3:17). Mais musicalement, la signature Eloy est bel et bien présente, à travers des nappes de claviers et des orchestrations ancrées dans le prog à la Pink Floyd, ainsi que dans la succession de riffs parfois mordants pour le style (« Conspiracy ») ou d’arpèges de guitare cristallins (« Compassion for Misery »). Le chant de Bornemann apparait toutefois un peu étouffé, principalement cantonné aux registres graves (« Conspiracy », « Farewell »). Les parties de basse de Klaus-Peter Matziol, membre d’Eloy depuis 1976, sont à la fois subtiles et indispensables à la cohésion de l’ensemble comme sur le morceau titre ou « Fate ». Enfin, Stephan Emig (batterie) nous offre quelques sonorités rappelant l’introduction du « Time » de Pink Floyd, à travers l’utilisation des rototoms (« Echoes from the Past », « Danger »).
« Un album concept se doit d’être diversifié et jamais ennuyeux » nous confiait Frank Bornemann. En écho à ce mantra, Eloy propose une musique progressive (« The Pyre » qui culmine à plus de neuf minutes), voire carrément ambiante (« Danger ») ou orchestrale (le pré-refrain de « Deceptive Glory »), qui parvient à trouver l’équilibre entre cohésion et diversité. Les claviers analogiques et les mélodies accrocheuses sont en effet présents tout au long de l’album (« Warning Signs ») et offrent cette touche 70’s typique de la musique du groupe, à la manière du travail du groupe sur son album de référence Ocean. Seul regret, les soli de guitare aériens à la David Gilmour restent relativement rares, à l’exception du morceau titre (à 4:40).
Evoquant la mort de Jeanne d’Arc sur le bûcher, « The Pyre » se fait dramatique et monte en intensité sur plus de neuf minutes, à travers des arpèges et thèmes marquants. « Farewell » conclut l’opus et résonne de façon particulière avec un chant sensible de la part de Bornemann, où une double-lecture en guise d’adieu au groupe vient immédiatement en tête et reste en toile de fond.
Avec Echoes from the Past, Eloy synthétise l’ensemble de sa carrière tout en proposant un concept ambitieux où la narration et l’orchestration apportent une certaine cohérence à l’album. Un album qui plaira sans nul doute aux amateurs de rock progressif et en particulier ceux qui apprécient la mélodie proposée par Camel ou Pink Floyd.
Tracklist :
Conspiracy
Compassion For Misery
Echoes From The Past
Danger
Deceptive Glory
Warning Signs
Fate
The Pyre
Farewell
Déjà disponible chez Drakkar Records
Photographies promotionnelles : DR