Quarante ans ! Quarante ans que les Suédois d'Europe ont commencé à faire leur petit bout de chemin depuis Upplands ! Devenant d'abord ce mastodonte du glam sur la seconde moitié des années 80, à l'instar d'un Bon Jovi aux US, avant d'évoluer récemment vers un son plus classic rock. Un bel anniversaire, fêté en grandes pompes avec cette tournée Time Capsule. Outre les quatre décennies du premier album, cette tournée est aussi l'occasion de ressortir un peu de toute la discographie. Une promesse alléchante, à laquelle le public français a manifestement bien répondu présent, la Salle Pleyel affichant complet longtemps avant la date. On vous raconte ce concert mémorable.
Il s'en est passé des choses en quarante ans chez Europe. Rapidement devenu ce mastodonte du glam (ou hair metal, c'est selon) sur la seconde moitié des années 80, à l'instar d'un Bon Jovi aux US, le groupe a connu plusieurs départs (celui de John Norum notamment), aboutissant à un hiatus au milieu des années 90, avant de signer un retour remarquable depuis Start From The Dark. L'évolution récente du groupe l'a vu s'orienter vers un son beaucoup plus classic rock. De fait, en embrassant toutes ses influences, du rock à la Deep Purple aux glam le plus kitsch, Europe est un groupe qui brasse large, et cette tournée Time Capsule est l'occasion idéale de célébrer toutes ces périodes différentes ! Le public ne s'y est pas trompé, la date affichant complet de très longue date.
Au delà du lieu en lui-même, la très impressionnante Salle Pleyel, très clinquante et très classe, l'arrivée sur place soulève pourtant quelques inquiétudes. La salle est en configuration assise totale, y compris en fosse, alors qu'Europe joue plutôt devant des fosses debout. On comprend cependant rapidement lorsque le premier des deux sets (séparés d'un entracte bienvenu) commence par un documentaire retraçant les débuts d'Europe. Couvrant la formation du groupe (qui s'appelait alors Force) autour de Joey Tempest, John Norum et John Levén, les premiers contacts avec chacun des membres présents aujourd'hui (Ian Haughland et Mic Michaeli), puis le changement de nom et les sorties des deux premiers albums en 1983 et 1984, le documentaire est intéressant et agréable à suivre. Le rythme alterne entre images et vidéos d'archives, prises de vue des lieux actuels et interviews des membres qui racontent le passé. Alors que le nom du groupe s'affiche une dernière fois, des coups de batterie résonnent, c'est parti avec "On Broken Wings". Dès la tombée du rideau, la salle entière se lève. On ne sera pas restés assis longtemps ! Le son est impérial, chaque instrument se distingue très bien et la voix de Joey est comme toujours d'un grand niveau. Le groupe s'étend sur toute la largeur de scène et occupe bien l'espace, Joey et John Levén étant particulièrement mobiles. Le choix de ce premier titre revêt tout un symbole : on attaque par un classique du groupe, effectivement, mais aussi et surtout par une face B. Comme un avant-goût du reste de la setlist, qui nous réserverait autre chose que les traditionnels classiques de The Final Countdown et Out Of This World. L'enchaînement sur "Seven Doors Hotel" est déjà une première belle surprise, mais c'est vraiment avec "Start From The Dark" que l'on prend toute la mesure du caractère exceptionnel de cette tournée ! On se prend à rêver entendre le groupe jouer au moins un titre de chaque album ! Au final, un seul manquera à l'appel, le Bag Of Bones de 2012, dommage.
Ce premier set voit plusieurs autres titres rares ou dans des orchestrations remarquables. On pense à "Girl From Lebanon" et surtout "Stormwind", précédé d'une intro orchestrale vraiment épique, qui transforme le morceau. Ils sont accompagnés de classiques, souvent (sinon systématiquement) présents dans les sets du groupe: "Carrie" ou encore "Rock The Night". Ce dernier est agrémenté d'un petit passage de jam claviers/voix sur le thème de "Superstitious", mais celui de Stevie Wonder. On retrouve aussi des compositions beaucoup plus récentes, régulières des dernières tournées du groupe : "Walk The Earth", "War Of Kings" sans oublier le tout dernier single, "Hold Your Head Up".
Enfin, on retrouve un groupe qui se fait bien plaisir sur scène, qui s'autorise quelques moments d'interaction avec le public entre les morceaux. Un de ces moments est indéniablement l'invitation de Mic Michaeli à rejoindre sa Time Capsule et prendre un cocktail avec lui pour un moment lounge ! Alors que le set touche à sa fin, l'entracte de 20 minutes est annoncé, et on est curieux de voir ce que le groupe va nous proposer pour la suite !
À l'instar de l'ouverture du concert, c'est de nouveau par un documentaire que commence le second set. Cette fois, celui-ci se consacre au Europe plus récent, la seconde partie de carrière on peut dire. Il couvre du retour sur Start From The Dark aux retrouvailles avec le public, terminant par l'arrivée sur scène de Joey au concert dantesque du Sweden Rock, pour les 30 ans du groupe. Sans transition, le volume monte et : nouvelle surprise, "Always The Pretenders" ouvre ce second set ! Cela faisait dix ans que le titre de Secret Society n'était pas sorti sur un set, la dernière remontant justement à cette fameuse date anniversaire du Sweden Rock. Le son est toujours vraiment nickel, tout est fait pour que les fans nombreux ce soir gardent cette soirée longtemps en mémoire. S'en suivent trois titres de la période glam, avec "Ninja", "Prisoners In Paradise" (sur lequel Joey est à la guitare), puis "Sign Of The Times", avant que le concert ne prenne une direction assez inattendue. Un banc est amené sur scène et John Norum et Joey s'y assoient. Ils racontent un peu quand ils étaient très jeunes et regardaient la montagne au loin en jouant des classiques tous les deux. Puis, chacun à la guitare sèche, ils reprennent le magnifique "Space Oddity" de David Bowie en mode guitare acoustique/voix. Grand moment !
Une nouvelle grosse surprise nous attend un peu plus loin dans ce second set avec "Memories" ! Le tout premier titre, enregistré dès 1982, est extrêmement rare sur les setlists du groupe. L'ajout de l'orgue donne un côté Deep Purple que n'avait pas ce morceau dans sa forme originale. Un des titres les plus énergiques du set, et un des plus retravaillés aussi. Le changement d'ambiance est alors total quand l'enchaînement se fait sur le super kitsch "More Than Meets The Eyes". Enfin, Ian nous gratifie d'un grandiloquent solo de batterie en mode néoclassique, sur l'ouverture de "Guillaume Tell". Le résultat est bien exécuté et assez classe, en accord avec la salle, mais reste malgré tout un peu pompeux.
Fin du second set, c'est l'heure de faire le décompte. Tous les albums ont été représentés... sauf un, Bag Of Bones. Dommage, il aurait sûrement été possible d'intégrer à cette setlist un petit "Firebox" pour couvrir toute la discographie. Europe nous a ceci dit déjà bien régalé, avec deux sets proposant leurs lots de surprises. Après une courte attente, le quintette revient pour un rappel avec "Cherokee" et "The Final Countdown", la fin de concert est classique mais toujours aussi efficace. Ovation, les lumières se rallument, il est temps de quitter la salle. Merci Europe pour cette sélection incroyable. Quelle date ! Ces quarante ans d'existence ont été fort bien fêtés.
Premier set:
"On Broken Wings"
"Seven Doors Hotel"
"Rock The Night"
"Start From The Dark"
"Walk The Earth"
"Hold Your Head Up"
"Dreamer"
"War Of Kings"
"Vasastan"
"Girl From Lebanon"
"Carrie"
"Stormwind"
Second set:
"Always The Pretenders"
"Ninja"
"Prisoners In Paradise"
"Sign Of The Times"
"Space Oddity" [David Bowie cover]
"Last Look At Eden"
"Open Your Heart"
"Memories"
"More Than Meets The Eyes"
Drum Solo [William Tell Overture]
"Ready Or Not"
"Superstitious/No Woman No Cry"
Rappel:
"Cherokee"
"The Final Countdown"
Crédits photos : Nicolas Chaigneau