Comme promis, voici la deuxième rafale de report pour cette 18e édition du festival du Gator. Au programme, les Auvergnats de Muddy Gurdy vs le texan funky Gypsy Mitchell et une soirée 100 % rock n’roll avec le duo garage The Courettes et le glam-blues-rock de Gyasi !
Muddy Gurdy & Gypsy Mitchell - 31 janvier
Le trio clermontois fait partie des habitués du festival, même s’il s’agit pourtant d’une première pour le batteur Fabrice Bony. Ce dernier est désormais responsable des fûts en lieu et place de Marc Glomeau. À plusieurs reprises, Tia Gouttebel, chanteuse et guitariste de Muddy Gurdy rendra de subtils hommages à ce dernier, en racontant notamment comment le vieilleux Gilles Chabenat et lui s’étaient un jour rendus compte des sérieuses accointances entre bourrée Berrichonne et blues du bayou. L’instrument traditionnel, littéralement dynamité par le Berrichon - on croirait entendre une gratte ou même parfois un violoncelle - capte effectivement l’attention des néophytes. Mais les regards se posent le plus souvent sur Tia Gouttebel, dont la présence, la voix et le jeu de guitare illuminent le set. Elle rend hommage aux maitres ; BB King et Clapton avec “Help the poor”, R.L Burnside avec son standard “Skinny Man” - féminisée pour l'occasion - ou même le soulman Sam Cook, avec une version rugueuse de son “Chain gang”. Leurs propres compos, enregistrées dans des endroits insolites - cratère de volcan, bar louisianais ou bateau dans un bayou - font jeu égal, tant elles respirent une réelle authenticité.
Le texan Ray “Gypsy” Mitchell nous a été vendu comme étant un “pionnier du groove syncrétique entre gospel et funk psychédélique”. Et il a beau afficher 70 piges au compteur, celui qui fut guitariste et arrangeur pour The Relatives, en a encore sous la pédale ! Autant que les gamins tirés à quatre épingles, tout de noir vêtus qui l’accompagnent et qui chauffent la salle avant qu’il n’arrive. Leur groove impeccable et le “rock me baby” de la choriste Sheree Smith, nous mettent vite dans l’ambiance. Spéciale dédicace aussi à Zach Ernst à la guitare et Matt Strmiska à la batterie (des comparses de l’excellent Black Joe Lewis). Entrée flamboyante du roi de la soirée ; chapeau et lunettes noires flashy, veste impeccablement coupée et barbe blanche taillée au cordeau, il porte sur les épaules un manteau de fourrure qu’il confie à l’une des choristes. Le bougre a de la prestance et une sacrée patate pour son âge canonique. Il va nous gratifier d’un show à l’américaine, rudement bien épaulés par ses zikos (mention A+ à Scott Nelson bassman-aux-bras-longs qui joue au niveau des g’noux !). Gypsy descendra même dans la fosse en jouant guitare dans le dos et reprendra en fanfare “knock’in on heaven’s door” de Dylan. Les puristes regretteront son jeu jugé un peu simpliste, mais qu’importe la technique du moment qu’on ait le groove !
The Courettes & Gyasi - 7 février
“We are the Fabulous Courettes ! La Maroquinerie, are you ready ???” Une invective lancée d’un air canaille, en roulant des r pire qu’un Berrichon entamé au Sancerre… Martin Couri, mâle moitié du duo The Courettes est un personnage. Casquette vissée sur le crâne, tanqué derrière sa batterie bien trop en avant, ce digne disciple de Keith Moon envoie du bois en même temps que des gerbes d’eau tout au long du set (notre David Poulain national peut en témoigner que le bougre est un sacré bon cracheur…). Sur “Trash can honey”, il insistera pour que nous lui donnions la traduction de Mother Fucker et qu’on reprenne en choeur avec lui dans la langue de Molière. Impayable le Martin ! Tout aussi dynamique, sa compagne et comparse Flavia Couri donne joliment de sa personne, mais plus en finesse et en séduction. Elle brandit haut sa guitare, invite les filles à rejoindre le premier rang, prendra plusieurs fois son bain de fosse et ira même jusqu’à se jucher sur un ampli, nous mitraillant de sa guitare. Lors du dernier morceau, Martin envoie goulument des baisers forcément mouillés dans son mike et sa Queen of fuzz répondra à son appel. Comme ils le disent haut et fort, c’est toujours saturday night avec The Courettes !
Une ritournelle un rien dissonante et criarde passe en fond sonore. Cole Bearden, Sam Skorik et Leilani Kilgore, respectivement bassiste, batteur et guitariste, s’installent tranquillement. Gyasi - “prounounced Jah-See” - fait lui une entrée digne du grand guignol, limite vampire. Tenue moulante à paillettes - ça pique presque les yeux -, chevelure dorée et maquillage androgyne, gant argenté et plateformes boots rouge pétard, Gyasi Heus affiche fort et clair ses références scéniques. La théâtralité parfois outrée du natif de Virginie-Occidentale, résidant désormais à Nashville, renvoie directement aux performers des seventies, Bowie, Gabriel et consorts. Mais musicalement, il s’éloigne vite des envolées glam-rock d’un Marc Bolan, même s’il lui pique son fétichisme pour les boas. Complainte rock Bowiesque (un “Snake City” citant sans ambiguïté “Jean the Genie”), du blues rock à la Ledzep (il ira même jusqu’à jouer de l’archet comme Jimmy Page), soli dos à dos avec la piquante Leilani Kilgore, la gamme de Gyasi est étendue. Comme sa consœur de The Courettes, il montera lui aussi sur le même ampli, laissant au passage quelques plumes de son accessoire. Une prestation scénique jouissive, mais finalement pas aussi époustouflante quant à l’originalité de la démarche, sans doute attendions-nous un peu plus de Gyasi, annoncé comme l’OVNI de cette Nuit de l’Alligator 2024. C’est finalement un mec avec sa bière qui s’incrustera sur scène avec son harmo, qui créera la véritable surprise du set.
Crédit photos : David Poulain / David Poulain
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Crédits vidéos : Franck Rapido
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