27 février 2024. La date est à marquer d’une pierre blanche. En effet, pour sa 35ème édition, le festival des inRocKs revient en force à Toulouse après des années d’absence dans la ville rose. Et comme de bien entendu, c’est dans la superbe salle du Bikini que ce festival rock se déroule avec au programme The Libertines, le groupe de Pete Doherty, accompagné par les anglaises déjantées de The Lambrini Girls et les locaux de Croy. Autant dire qu’il y a foule pour cet évènement et que le public se presse d’ores et déjà en masse sur le devant de la scène.
Mine de rien, ça fait 35 ans que le festival des inRocKs existe et 35 ans que des groupes mythiques se succèdent au fil des programmations qui se déroulent à Paris mais aussi en province. Après avoir fait le plein au fil des années dans l’ancienne salle du Bikini (détruite en 2001 suite à la catastrophe de l’usine AZF) et la nouvelle, voilà que le festival des inRocKs est de retour à Toulouse après quelques longues années d’absence. Et cette fois encore, l’organisation a décidé de frapper un grand coup en remettant sur les rails The Libertines (le groupe qui a permis à Pete Doherty de se faire connaitre du grand public) mais en laissant aussi la place à la jeune génération. Pour cette 35ème édition, c’est le trio féminin de The Lambrini Girls qui est mis à l’honneur avec sa réputation sulfureuse. Bref, ce soir au Bikini, on va en prendre plein les esgourdes et les mirettes !
THE LAMBRINI GIRLS
Le chaos. Voilà comment où pourrait résumer la prestation des anglaises de The Lambrini Girls. Précédé par sa sulfureuse réputation de groupe incontrôlable et hautement contestataire, le trio de Brighton emmené par la guitariste / chanteuse Phoebe Lunny na va pas faillir à sa réputation ce soir. En effet, dès les premières notes de « Help Me I’m Gay », voilà que Phoebe se jette dans le public pour y jouer de la guitare, chanter et haranguer le public autour d’elle. Très vite, la musicienne fait asseoir les spectateurs du Bikini pour se lancer dans un discours revendicateur sur le combat des femmes, des gays et des transgenres dans la société actuelle. Quelques minutes plus tard, c’est au tour de la bassiste Lilly Macieira de la rejoindre pour aller elle aussi jouer en plein milieu de l’arène du Bikini, laissant ainsi la nouvelle batteuse seule sur scène tenir la baraque sur un rythme fracassant. Après quelques longues minutes de jeu au sein de l’audience, Lunny et Macieira remontent sur les planches pour lancer le terrible « Boys In The Band » mais très vite, Lunny flanque sa guitare parterre pour ne s’occuper que du chant puis, dès « Terf Wars » elle repart dans le public ! Encore une fois, Lilly et la batteuse assureront le rythme pendant que la frontwoman slamme et hurle à pleins poumons ses textes incisifs.
Inutile de dire que le public est conquis par cette fougue et cette rage incontrôlée. D’ailleurs, ce bon vieux Pete Doherty est lui-même venu sur le côté de la scène, un petit verre à la main, pour assister au show déjanté des anglaises. Mais derrière ce chaos provoqué et surréaliste, il n’en reste pas moins que la musique de The Lambrini Girls est ô combien intéressante. Distillant un punk rock sans concession qui flirte parfois avec les tonalités du grunge des 90’s (notamment pour le section basse / batterie), les textes et l’esprit du groupe renoue avec les heures de gloire du punk rock contestataire des 70’s ou du riot grrrl où le but premier était de marquer les esprits pour faire passer un message (« White Van », « God’s Country »). Et ça, The Lambrini Girls l’ont bien compris puisqu’il sera difficile de résister à la déferlante de titres qui tapent là où ça fait mal comme « Boys In The Band » ou « Lads Lads Lads ».
En l’espace d’à peine 6 morceaux ra(va)geurs, les anglaises ont mis le public du Bikini à genoux... complètement « chaos » debout !
The Lambrini Girls à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Setlist The Lambrini Girls
- Help Me I’m Gay
- God’s Country
- Boys In The Band
- Lads Lads Lads
- White Van
- Terf Wars
THE LIBERTINES
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ami Pete Doherty est chez lui dans l’enceinte du Bikini. En effet, quelques petits mois après son concert avec Frédéric Lo dans le cadre de leur projet commun, voilà que le musicien est de retour (avec sa chienne Gladys) dans sa salle de concert préférée du sud-ouest, mais cette fois-ci avec The Libertines. Mine de rien, le planning de l’ami Doherty est plutôt chargé puisqu’à peine la promo terminée pour la sortie de son album The Fantasy Life Of Poetry & Crime avec le sieur Lo, que l’homme s’attelle maintenant à promouvoir la sortie d’All Quiet On The Eastern Esplanade, le quatrième album tant attendu de The Libertines, après 8 ans de silence discographique. Composé en Jamaïque dans le courant de l’hiver 2023 et produit par Dimitri Tikovoï (The Horrors), ce disque s’annonce d’ores et déjà comme un retour aux sources pour un groupe « enfin reconnecté » comme l’indiquent les attachés de presse à qui veut bien l’entendre.
Bref, la dernière fois que le groupe de Pete Doherty et Carl Barât s’est produit à Toulouse dans le cadre du festival des inRocKs, c’était en 2002 lors de la sortie du terrible Up The Bracket et les spectateurs présents s’en souviennent encore tant The Libertines avaient cassé la baraque. Plus de 20 ans plus tard, les musiciens sont encore au rendez-vous (avec le poids des années et des excès) et même si la fougue de la jeunesse s’est estompée, l’envie de jouer devant les fans est bien là ! Ainsi, dès l’entrée sur scène des britanniques sur le costaud « Up The Bracket », le public réagit comme un seul homme à cette véritable renaissance scénique ! Il n’en faut pas plus que l’audience du Bikini bouge comme un seul homme au son de la musique rock de The Libertines. En l’espace de quelques mesures où se retrouve transporté pas loin de 25 ans en arrière lorsque le premier album du groupe arrivait à peine dans les bacs. D’ailleurs, l’album Up The Bracket est pas mal mis en avant ce soir avec les excellent « Vertigo », « The Boy Looked At Johnny », « What A Waster » ou « Death On The Stairs » pour la plus grande joie du parterre toulousains.
The Libertines à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Ceci étant, à quatre jours de la sortie d’All Quiet On The Eastern Esplanade, The Libertines va présenter au public quelques nouveaux morceaux à l’instar de « Run, Run, Run », « Night Of The Hunter », « Shiver » et « Mustangs » qui passent plutôt bien l’épreuve du live. Et même si le public découvre ces nouvelles compositions ce soir (et qu’il ne peut pas chanter les paroles à l’unisson), il n’en reste pas moins que ces titres sont bien accueillis par les fans. Voilà qui s’annonce bien pour la suite !
S’il est vrai que la communication entre les anglais et l’audience est assez réduite en ce début de set, la bande à Pete et Carl enchaîne les titres qui font plaisir à entendre, en respectant scrupuleusement leur discographie. À ce titre, le groupe propose encore une fois de se replonger dans le passé au temps de l’EP de 2003 Time For Heroes avec notamment « The Delaney » toujours ou de l’album The Libertines (2004) au travers de « What Became Of The Likely Lads », « Music When The Lights Go Out » ou « What Katie Did »... Difficile de ne pas verser dans la nostalgie ! Et même, s’il est indéniable que The Libertines a un peu levé le pied sur les tempi, il n’en reste pas moins que la setlist proposée ce soir est racée. Il y a certes à boire et à manger, mais le moins que l’on puisse dire c’est que c’est servi généreusement !
The Libertines à Toulouse - Crédits photos : Vincent BN
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Après un « Time For Heroes » toujours aussi bon, les britanniques attaquent la fin de leur set avec « France » (la chanson cachée sur l’album de 2004) puis la triplette « Gunga Din », « Good Old Days » et le classique « Don’t Look Back Into The Sun » qui mettra tout le monde d’accord. Bim !
En fin de compte, même si le festival itinérant des inRocKs s’est fait désirer pour revenir à Toulouse, le concert de ce soir valait la peine d’attendre ! Espérons que la 36ème édition passe encore une fois dans la ville rose...
Setlist The Libertines :
- Up The Bracket
- Vertigo
- Run, Run, Run
- What Became Of The Likely Lads
- Night Of The Hunter
- The Boy Looked At Johnny
- Shiver
- The Delaney
- Music When The Lights Go Out
- Can’t Stand Me Now
- What Katie Did
- What A Waster
- Mustangs
- Death On The Stairs
- Time For Heroes
- France
- Gunga Din
- Good Old Days
- Don’t Look Back Into The Sun
Un grand merci à Annabelle ainsi qu'à toute l’équipe du Bikini