Pour la 25ème édition des Eurockéennes de Belfort, ce ne sont pas la boue, la pluie et les orages que les festivaliers ont du braver mais bel et bien le soleil et une chaleur lourde et plombante, parfois rafraichie par un rare petit courant d'air. Et la programmation de cette année s'accordait très bien avec le temps : lourde et enflammée. Dans le camping, on a même droit à une rumeur qui courrait comme quoi Gesaffelstein aurait eu un accident et qu'il aurait été remplacé par... Patrick Sébastien ! Affaire à suivre...
Le vendredi soir, les australiens de Airbourne prennent possession de la Grande Scène pendant un peu plus d'une heure dix et mettent le feu au poudre. Même si l'on se demande si l'heure était réellement bien choisie pour un groupe de hard rock (18h45), ils auront permis de chauffer les festivaliers et de mettre tout le monde d'accord dès le début de soirée : ce soir sera un très grand soir.
Sur l'Esplanade Green Room, Lilly Wood & The Prick amènent une touche pop à la Presqu'ile de Malsaucy. Nili Hadida et son groupe prennent leur pied sur scène et ça se voit ! Côté public, les festivaliers semblent accrocher à 100% à la fraicheur de la musique des français.
Vers 20h45, on assiste à un déplacement massif vers la Grande Scène. La raison ? Les Lillois de Skip The Use s'apprêtent à en prendre possession. Et ce n'est pas la seule chose qu'ils vont prendre ce soir ! Compte à rebours sur l'écran du fond de scène, comme à chaque concert du groupe. Le public semble près à exploser... Et c'est bel et bien le cas. Dès les premières notes de "People In The Shadow" une foule immense se met à sauter dans tous les sens, à pogoter et à chanter dès que les refrains arrivent. C'est la «Revoluciòn», comme l'annonçait l'organisation sur ses verres et sur sa promotion de festival ! Un sans faute pour les français, et pas de doute, Mat Bastard is "The King Of World On His Skateboard" ! Bref, une heure et quart de pur éclate, que ce soit au niveau du public que des Lillois.
Ensuite, retour au calme avec Woodkid. Mais pour peu de temps... En effet, après avoir joué "The Golden Age" ou encore "Boat Song", ce qui a pu endormir un peu le public, encore secoué par la prestation précédente, le chanteur aux clés tatouées sur le dessous des avants bras s'est lancé dans un show étonnement énergique. Ce que l'on peut entendre sur l'album, qui, pour être franc, ne donne pas vraiment l'occasion de bouger, se transforme en un enchaînement de musique qui fait danser toute l'Esplanade Green Room. Tout cela grâce aux deux batteurs qui se sont lancés dans un jeu de rythme assez impressionnant, un son à vous faire frissonner et un jeu de lumière qui ont transporté le public dans le monde Yoann Lemoine (alias Woodkid).
00h30. Nuit noire. Un projecteur lance un mince filet de lumière sur des platines, déguisées d'une manière un peu étrange : un autel d'église. L'Esplanade Green Room s'éteint. Le silence est complet. Tout le monde retient son souffle. Quand tout à coup, une silhouette viens se placer derrière les platines, comme un prêtre qui va commencer sa messe. Mais ce prêtre là est bien particulier. Impossible de voir son visage. Juste un homme dont la cigarette dégage un petit point de lumière orange quand il en tire une bouffée. Et c'est parti ! Gesaffelstein lance les premières notes de "OPR" et le public explose littéralement ! Il est bel et bien là (et sans Patrick Sébastien, comme tout le monde le pensait bien...) avec un son unique et des jeux de lumières impressionnants. Durant plus d'une heure, le beau brun mystérieux de Grenoble va enchainer un set sans faute et faire danser une très grosse partie des festivaliers présents sur le site. Sur les écrans géants, pas un seul gros plan, seulement la scène depuis la régie. Pas un mot au public, mais les festivaliers le savent, l'homme qui est en face d'eux est un personnage plutôt atypique... A la fin, le «prêtre» Grenoblois vient se placer au devant de la scène et salue le public comme un acteur à la fin d'une pièce de théâtre. Même si beaucoup de festivaliers n'étaient pas vraiment emballés par le fait que Gesaffelstein soit présent aux Eurock' du fait, justement, de son manque de rock, le DJ a mis une grande claque dans le visage de tous les festivaliers dès les premières minutes de son show et a finalement mis tout le monde d'accord.
Pour clôturer ce vendredi soir, dont la qualité musicale était très haute, l'organisation a décidé de placer les Bloody Beetroots sur la Grande Scène. Et le choix était judicieux ! De 01h45 à un peu plus de 3h du matin, les italiens ont achevé le public et ont déchainé les festivaliers. Malgré ce que l'on pourrait penser en écoutant leurs albums, les Blooody nous ont montré que rock et électro pouvaient se marier parfaitement et qu'ils savaient se défendre très bien sur les deux terrains, en nous jouant aussi bien "Warp 1.9" (qui a totalement fait exulter le public) que du rockabilly, totalement inattendu par les festivaliers mais qui a ravi absolument tout le monde. Une grande partie du public à du se demander si la voix de Sir Bob Cornelius Rifo tiendrait jusqu'à la fin du concert tellement le leader hurlait et s'époumonait dans son micro. Une vrai pile électrique qui courrait dans tous les sens, de son micro à son clavier, de son clavier à sa guitare et ainsi de suite, pour le plus grand plaisir de l'immense foule présente pour assister au show. Bref, les Bloody Beetroots n'auraient pas pu se trouver à un autre moment de la soirée.
Le samedi soir a lui aussi commencé fort. Tandis que Griefjoy terminait sa demi-heure de concert pop sur la scène de La Plage, The Strypes se préparaient à donner eux aussi trente minutes d'un show digne des grands ! Josh McClorey et sa bande, du haut de leurs 17 ans, en moyenne, nous ont livré un show impeccable et ce sont servi de leur charme irlandais pour séduire les jeunes filles du public par de petits clins d'œil. Des petits jeunes qui ce sont déjà fait un nom et qui risque de monter encore vu la qualité de ce qu'ils sont capables de produire, autant en live qu'en studio. Malheureusement, le public reste un peu sur sa faim, vu la courte durée du concert...
C'est ensuite au tour des monstres des Black Rebel Motorcycle Club de s'emparer de la Grande Scène et de la Presqu'ile de Malsaucy. Malgré quelques petits cafouillages avec l'harmonica, les BRMC ont délivré un concert de très haute qualité et ont réussi à amener le public dans leur univers. Et pas la peine de dire que le public s'est éclaté sur "Ain't No Easy Way", "Whatever Happen To My Rock'N'Roll" et s'est totalement déchainé lorsque les américains, pour clôturer leur concert, on choisit d'interpréter "Spread Your Love". Un concert presque entièrement maîtrisé ou Robert Levon Been n'a fait qu'un avec le public (il est allé jusqu'à descendre jouer de la basse sur les barrières devant le public).
C'est la jolie Valerie June qui montera ensuite sur l'Esplanade Green Room. Durant 45 minutes, la chanteuse tente d'envouter le public, mais la douceur de sa musique refroidit quelque peu les festivaliers... On peut voir plus de monde assis autour de la scène qu'en train de bouger (impossible de bouger sur ce type de musique en concert...). Ce sera un peu le même tableau pour Lou Doillon, une heure et quart plus tard... La Française fait son concert, mais on sent bien que l'ambiance n'est pas à son maximum, même si la chanteuse nous dit ne jamais avoir joué devant autant de monde et avoir vu une telle ambiance auparavant.
C'est ensuite au tour des britannique de Two Door Cinema Club de s'emparer de la Grande Scène et de nous montrer ce qu'ils savaient faire. Malgré une sensation de ressemblance entre toute les musiques, les brittish nous font bouger nos fesses et ça fait du bien. Pendant une heure et quart, ils nous offriront un concert de très bonne qualité et lorsqu'ils décideront de nous jouer des morceaux comme "Sun", "What You Know" ou encore "I Can Talk", le public les suivra totalement dans leur monde en chantant les refrains, connus de tous, même ceux qui ne les connaissaient pas avant.
De 23h à 00h, ce seront les sauvages de Fauve, avec leurs paroles crues mais sensibles malgré tout, qui livreront un concert d'une qualité impeccable que tout le monde ne pourra pas apprécier à sa juste valeur... En effet, l'organisation les avait placés au Club Loggia, scène sans écran géant et enclavée. Et le public était au rendez vous... Il était donc quasi impossible pour ceux de derrière d'entendre ce que disait le chanteur et ce ne sont pas les chansons paillardes chantées par les festivaliers un peu trop saouls qui allaient arranger les choses... Kavinsky connaitra le même problème une heure plus tard, sur la scène de La Plage... Impossible d'assister au concert vu le monde... Ou alors, il fallait s'attendre à regarder un écran géant pendant une heure car impossible de voir la scène...
Heureusement, entre temps, Phoenix est passé par là... Sur la Grande Scène, le groupe nous a mis une grande claque dans la face avec des effets de lumières plus qu'impressionnant et un concert spectaculaire ! Pendant une heure et demie, les quatre français ont fait bouger tous festivaliers présents sur le site, qu'ils soient près de la scène ou à l'autre bout du site et ont effacé de toutes les mémoires les concerts décevants de la soirée. Thomas Mars a avoué au public que, pour eux aussi, c'était la première fois qu'ils jouaient devant un aussi grand nombre de personnes et a fini à prendre un bain de foule avant de remonter sur scène les cheveux sens dessus dessous. Phoenix, ce soir là, nous a fait la performance de la soirée, devant BRMC.
Pour fêter son quart de siècle, les Eurockéennes de Belfort nous ont donc donné une programmation plus que bonne et ont été remercié par un nouveau record d'entrées vendues : 127 000 !! Pour les festivaliers, soleil, musique et bonne ambiance étaient au rendez vous. L'édition 2013 est donc une très grande réussite pour les Eurock'.
Crédit Photo : Jérémy Cardot Merci beaucoup à lui !