Vendredi 31 mai au soir, un bateau sur le bassin à flot, et des cales qui résonnent. Nous voilà en immersion pour le double concert Gliitch et Drahla ensuite.
Originaires des marais (le Blayais), les frenchies de Gliitch mettent le cap sur un rock gras, saturé où les voix d'Eva la bassiste et de Manu en front guitariste susurrent ou hurlent la mélodie.
Leur musique ? Du rock énergiquement énervé ! Nous pourrions le catégoriser dans des styles progressifs et autres cases qui ne parlent plus à personne à part aux journalistes musicalement littéraires, depuis des lustres mais en fait... WTF!? Parlons ressentis ! Ca parle à tout le monde et ça permet de gagner du temps. Manu à l'aise avec le public, gère les temps morts avec des aléas de retour, d'oublis de matos et de passages en douce au milieu du public.
Le thème des chansons ? Dans la cale de l'I-boat, toutes les révoltes se valent ! L'acoustique de Versailles et de sa cours sont loin ! Ici naissent les révolutions des ambiances, pas des messages. Et niveau ambiance, Gliitch anime bien le premier rang et petit-à-petit les suivants qui tanguent et gîtent aux grès des placages d'accords et des battements de Laurent au gouvernail. Parfois Pixies sous magnésium, parfois rock londonien à la limite du grungement punk. Ici on se fout des cases, on joue ce qu'on aime et tant pis si ça ressemble à rien de descriptible, c'est ce qu'ils aiment jouer et ça fonctionne !! Les inspirations sont nombreuses et se mêlent, Sonic Youth, Chokebore et autres rock qui ont enflammé les platines des années 90. Rien d'étonnant à cela puisque ce sont deux créatures* des marais.
(* dénomination des bénévoles qui sont à l'orga du Black Bass, le festival Blayais qui fêtera ses 10 ans lors de l'ultime (?) session fin août prochain et qui surfe sur ce genre de musique)
En suivant Drahla entre en scène, pose ses voix mixtes sur leurs riffs acérés et le quatuor de Leeds enchaîne les morceaux. Mêmes influences que le premier groupe avec une forte dose de The Cure en plus dans la façon de poser certains riffs de basse ou de guitare et une voix parfois mielleuse quand la front girl prend le lead vocal. Du Brit rock propre et soigné raisonne dans le navire et le public ondule comme si la cale avait pris l'eau jusqu'à hauteur de tête.
La particularité du groupe est de souvent changer ses rythmes en pleins morceaux pour conclure par des accélérations ou saccades qui n'auraient jamais été envisagées. Il faut dire que quand il est question de remplir le champ sonore, le batteur n'est pas le dernier sur l'exercice. Sans forcément jouer fort, certains de ses templates sont précis, rapides et épais.
Une soirée bordelaise qui avait de quoi se remettre à flot.
Jason Pinaud