Festival Perche En Rock 2024 (Préaux-du-Perche) – 06.07.24 : Djiin et Damantra font des étincelles

Le concept est simple : des vaches, une ferme, du rock. Cette nouvelle édition de Perche en Rock s'annonce toujours plus bio, toujours plus rock, toujours plus engagée. Retour sur un samedi soir à la campagne, électrique, coloré et enflammé. 

Pour cette troisième édition de Perche En Rock, La Ferme du Boistier s’est mise sur son trente-et-un. Le site réservé au festival, plus grand que l’an dernier, se compose d’un vaste hangar ouvert sur un côté, abritant une scène décorée d’un beau backdrop, mais également un bar, et de nombreux ornements muraux de tissu, d’acier ou de décorations végétales. Un mur réservé aux graffeurs permet aux artistes de créer une œuvre collective tout au long de la journée, pendant les différents spectacles. A l’entrée : deux grandes structures métalliques en forme de guitares, prêtes à s’enflammer une fois la nuit tombée.

Il y a déjà un peu de monde à 17h lors du coup d’envoi du festival, dont beaucoup de familles, et cela tombe bien. Sur cette petite scène-alcôve sous une grande structure de bambou, la comédienne / conteuse / marionnettiste de la Compagnie Esqui-Mots emmène le public, en conte et en chansons, dans les songes d’une petite fille, d’aventures en rencontres avec différents personnages croisés en rêve, au gré du vent. Les plus jeunes spectateurs, très attentifs, semblent ravis de cette entrée en matière tout en poésie et en simplicité.

Vers 18h, avec quelques minutes d’avance, c’est au tour de l’école de musique Uni Music Bellême et le Theil d’investir la scène. La joyeuse compagnie, composée de musiciens, chanteuses et choristes qui échangent de rôle régulièrement, proposent des reprises variées et entraînantes dans des registres soul, rock ou reggae (Selah Sue, Manu Chao, Lzzo…) qui obtiennent aisément l’adhésion du public.

Un court mix vinyles en guise d’interlude, l’occasion pour le public de profiter du soleil dans les espaces extérieurs aménagés avec des fauteuils et tables en bois, de déguster crêpes, cidre bio et autres biscuits locaux, ou de chiner vêtements et bijoux sur les quelques stands présents, dans une ambiance bonne enfant. Une atmosphère idéale pour accueillir sur scène Marie Pétrolette qui propose 40 minutes de chanson française survitaminée aux paroles humoristiques tantôt coquines tantôt revendicatives. L’espiègle artiste, seule avec son accordéon, chante les mains au cul, les agressions, les papis trans, la condition féminine et la libido, avec humour, tendresse et provocation. Le public rit et accompagne volontiers dans ses refrains la musicienne, dont l’énergie est communicative, tapant dans les mains et répondant régulièrement à ses sollicitations – jusqu’à l’incroyable « Allez, reprenez avec moi les enfants : J’ai envie de baiser ! ». Quelques couples se mettent à danser et les grands sourires sont de sortie pour ce set frais et impertinent, idéal pour un début de soirée.

Les files d’attente se forment aux stands de restauration (toutes les pizzas écoulées en une heure trente, il n’y en a pas eu pour tout le monde !) et il est déjà l’heure de retrouver le prochain groupe sur la scène. Le quatuor français Steve Amber propose des compositions pop rock tantôt teintées d’électro vaporeuse et expérimentale, tantôt plutôt indie rock assez British. Les mélodies sont efficaces, la section rythmique batterie / basse insuffle une bonne énergie et Perche en Rock s’anime un peu alors que les rayons du soleil réchauffent encore un peu l’atmosphère. Le groupe, ironiquement autoproclamé apolitique, affiche des messages anti-RN sur les instruments et amplis, et le chanteur / bassiste / clavier Tchaz Locke (alias Pirate Machine, one-man band présent lors de la précédente édition du festival), vêtu d’une robe bleue, se fend de quelques recommandations au public concernant l’enjeu électoral du lendemain, avant de conclure le set avec un dernier titre rythmé reprenant l’hymne des Bérurier Noir « La jeunesse emmerde le Front National ». Un premier cri de rage, le premier d’une longue série durant la soirée, l’actualité étant inévitablement présente dans les esprits.

La soirée compte deux performances de la compagnie Boucherie Miaoux, faussement estampillée danse circassienne : il faudrait plutôt parler de création expérimentale visuelle et sonore acrobatico-musicale : le duo que forment l’artiste aérienne au cerceau et le batteur se livre à un étrange ballet, créant des sonorités pas si accidentelles en mouvement sur une batterie pimpée qui tient lieu de terrain de jeu de mains, de pieds, et de console à effets. Un moment suspendu que ce spectacle un peu perché, dans tous les sens du terme.

21h30 – Le combo blues rock Damantra est venu de Toulouse pour faire goûter à Perche en Rock son groove vintage terriblement efficace. Le chant puissant de Mélanie, la rythmique imparable et les riffs incisifs de guitare et de basse, teintés de fuzz pour un effet psychédélique, emportent le public qui danse et tape dans les mains. Le groupe propose ce soir des titres récents, une reprise de "Lonely Boy" des Black Keys et même un morceau inédit, qui figurera peut-être sur le successeur de l’EP Comet sorti en 2023. Des influences à la Led Zep ou Rival Sons, un groove contagieux, et un capital sympathie indéniable, voilà les atouts des sympathiques heavy rockeurs de la ville rose qui ont bien réchauffé l’atmosphère en ce début de soirée frisquet. Car oui, la nuit est tombée, et même si les deux guitares enflammées à l’entrée donnent fière allure au site, la température ambiante a sérieusement chuté.

La tête d’affiche du soir est très attendue. Le combo breton Djiin, dont le dernier album, Mirrors, est sorti quelques semaines plus tôt, se distingue depuis plusieurs années par la qualité et l’intensité de ses performances scéniques. Difficile de ne pas être séduit par la présence envoûtante de la harpiste et vocaliste Chloé. Son timbre bas et son chant clair ensorcelle d’emblée l’assemblée, portés par les riffs stoner et les rythmiques bien lourdes du reste du groupe, en parfaite symbiose. Le style musical (et vestimentaire) du combo tend vers le psychédélique, mais des entames lentes et solennelles sont suivies d’explosions de puissance très lourdes signées Tom à la guitare et Charlélie à la basse, jusqu’à des passages criés signés de la chanteuse polyvalente. Le groupe fait preuve de beaucoup de dynamisme, mobile sur scène, et Chloé descend même plusieurs fois dans la fosse, allant chanter au plus près du public. Pour introduire le titre "Blind", la chanteuse intervient pour rappeler l’importance d’aller voter le lendemain, et Charlélie montre l’inscription anti-RN à l’arrière de son instrument. Même si le son de la harpe électrique peine parfois à se faire entendre au-dessus des riffs saturés, Djiin se distingue par la lourdeur des compositions et une réalisation impeccable. Les musiciens headbanguent sur scène, et les festivaliers crient, dansent, comme pris d’une fièvre irrépressible … un véritable tour de force, alors que le thermomètre affiche à peine 12°C à l’extérieur !

Le spectacle pyrotechnique de la compagnie Quasar commence avec un peu de retard. Le public se déplace dans le pré attenant pour découvrir le décor de ce spectacle nocturne fascinant. À la lueur des flambeaux allumés un par un par un artiste, et au son de musiques nordiques transportant le public dans une atmosphère mystérieuse et féerique. Cracheur de feu, combats d’épées enflammées, jonglage de feu, feux de Bengale et feux d’artifice, jonglage de braises et ballet d’étincelles, un spectacle visuel captivant à la scénographie soignée, ovationné par le public encore présent, visiblement émerveillé – et quelque peu réchauffé – par la qualité du spectacle.

Les nostalgiques des livres illustrés de notre enfance, ou les amateurs des parodies plus récentes, l’auront bien reconnue. Martine a beau être le nom de famille de la bassiste / batteuse M-C, la référence est assumée et apparaît même sur le merch du groupe : « Martine a grandi, Martine est vénère, Martine fait du rock ». Disons même que Martine fait du punk ! Le sympathique duo composé de Thomas à la basse et au chant et M-C au chant, à la guitare, et à la boîte à rythme, propose un rock rageur et bondissant. Un son énervé et un état d’esprit révolté. Le duo profite de la nuit tombée pour crier ses revendications à grands coups de riffs punk imparables et d’attaques bien senties. Martine distille avec une rage teintée d’humour des charges non dissimulées contre les inégalités, le patriarcat, le capitalisme, l’oppression, entre autres. Marie Pétrolette est invitée à partager la scène avec le groupe pour un morceau de l’autre groupe de M-C, le combo grunge féministe SheWolf. Une énergie folle et une conclusion efficace parfaite pour réchauffer les courageux noctambules qui sont restés jusqu’à cette heure tardive.

Photos : Aude DAVID sauf Boucherie Miaoux et Martine : Margaux Riom - Pangoline. Reproduction interdite sans autorisation des photographes



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