Avec Universal Breakdown Blues,
Popa Chubby nous offrait en avril, le dernier album studio de sa prolifique production (une vingtaine de CD en 20 ans d’existence).
Une galette aux couleurs et aux saveurs de Stevie Ray Vaughan. La recette appliquée in extenso : "I don’t want nobody" ou mélangée à d’autres ingrédients ne convainc pas toujours.
Pour le haut du classement on retiendra : "The peoples blues". Popa accompagne avec justesse l’intensité dramatique de ce morceau tout en progression qu’il illustre de nombreux chorus naviguant dans différents climats. La présence du groupe qui l’accompagne se fait, légitimement, sentir ; ce qui n’est pas le cas pour l’ensemble de l’album. 9 minutes de grâce qui se prêteront à la scène sans conteste.
Toujours, sous le "parrainage" de Ray Vaughan : "Universal breakdown blues", tout en progression et en nuances, qui lorgne vers le rock sudiste et nous introduit dans des sonorités hendrixiennes, "69 dollars", latino aux allures de Santana chaloupe son balancement avec souplesse et légèreté et le chant scandé du guitariste rend intéressante cette combinaison. Chant scandé encore, qui révèle un trait de la personnalité de chanteur de Popa Chubby, "Danger Man", boogie et bonne énergie. "The finger bangin’ boogie" écarte temporairement Stevie Ray Vaughan et dégaine le bottleneck pour nous faire se déhancher.
Contrastant avec l’ensemble, "Mind Bender" nous propulse dans le hard-rock-métal-rock sudiste. Ses jeux de guitare restent exemplaires tout en évitant le côté démonstration que notre virtuose sait très bien faire valoir dans "Over the rainbow". Indéniablement, lorsque le guitariste revient à ses amours hard-rock, il a encore quelque chose à dire.
Universal Breakdown Blues n’échappe pas à l’apparence d’une compilation.
Si la genèse de "Rock me baby", initialement mis en lumière par B.B. King, force le respect, qu’en est-il de cette version ? Pour la servir Popa mise sur son jeu aux sonorités brutes, à la touche de Stevie et à l’empreinte d’Hendrix. Le morceau peine à décoller mais se rattrape férocement à partir du 1er solo, magistral, qui amène d’autre chorus, non moins suffocants. La participation du line-up aussi est précisément mise en valeur.
Toutefois, l'album évoque parfois la compilation et pour certains titres on en cherche l’originalité : le très conventionnel "I don’t want nobody" ne met pas le feu. Pour "Going back to Amsterdam", boogie, british-blues, les éléments sont là, mais qu’est-ce qui pèche ? ça ne groove pas, ça ne donne pas envie de danser (ce qui est quand même la vocation de cette musique !).
"I need a lil’ mojo", Texas-blues, Nouvelle-Orleans aux accents latino n’est pas communicatif. L’apparition soudaine de chœurs r’n’b, caricaturaux détonne. Ceux-ci, également utilisés en décoration sur les larmoiements de Popa Chubby, sur "I ain’t give it up", slow à l’atmosphère soul, sont au diapason de la cover de l’album : de mauvais goût.
Popa est un bon guitariste c’est incontestable : Texas blues, rock sudiste, Hendrix touch, British blues, latino, boogie, Nouvelle-Orléans, soul, hard-rock ; tout cela, il maîtrise et il mixe habilement ces genres musicaux, sélectionnés du côté plutôt calorifère.
Malgré tous ces arguments en faveur du LP, sitôt les 12 titres égrenés, quelques interrogations perturbent : qu’est-ce que ce disque communique ?, qu’est-ce qu’il y manque ?, où est le feu ? Essayant de trouver l’identité qui s’en dégage, on achoppe à une nouvelle question : Popa Chubby a-t-il un style bien à lui ?
Universal Breakdown Blues : Un disque à se procurer donc, si on fait la collec "Anthologie des (très) bons guitaristes".
SET-LIST
- I don’t want nobody
- I ain’t giving up
- Universal breakdown blues
- The peoples blues
- Rock me baby
- 69 dollars
- Over the rainbow
- I need a lil’ mojo
- Danger man
- Goin’ back to Amsterdam
- The finger bangin’ boogie
- Mind bender