Guitar Wolf new album !!! Voici presque 25 ans que les nippons ont livré leur premier effort chez Goner. En 2013, ils sont toujours là et envoient toujours un énorme rock garage punk sans concessions. Voyons donc ce que contient ce nouveau Beast Vibrator, sorti chez Okami Records.
"Beast Vibrator", le titre éponyme nous propose une grosse entrée en matière bien bordélique. Seiji éructe comme aux plus beaux jours. Du garage punk japonais de qualité. On a la violence des Stooges du début. Le batteur cogne dur et malmène ses toms. Charlie Watts serait totalement outré en voyant cela.
Avec Guitar Wolf, on retrouve toujours ce coté fun et frais à entendre de l’anglais avec accent. On oscille entre l’anglais et le japonais. Ca rappelle le groupe garage anglais Dutronc qui reprenait en français les chansons du père Jacques. C’est marrant certes, mais on dépasse largement l’anecdotique. L’instrumentation est de qualité. Les grattes cisaillent le paysage et on obtient un chaos métallique (ca vous rappelle pas des gars de Detroit ça...) fort intéressant. "Batting Center" par exemple est un morceau carrement punk. C’est puissant. Les parties guitares rappellent le style des Stooges période Williamson. Deux minutes de pure furie rock 'n' roll. Pour rester dans le nippon, on y trouve des relents de Tokyo Sex Destruction (qui sont de Barcelone).
"Barf Night" envoie la sauce autour d’un riff de guitare assassin. La basse est toujours très présente. Ce truc est un superbe brulot de rock énervé. On y retrouve plein d’influences. Du gros rock stoner mais aussi du pur punk se mélangeant avec des riffs twangy et des gimmicks surfs... Le tempo ne faiblit pas. Et pan ! Un bon gros titre plein d’énergie envoyé dans notre face. Les Guitar Wolf nous incitent irrémédiablement à nous bouger le cul tant leurs compos sont bien ficelées. Du bon boulot. Pour être punk,”Barf Night” l’est sans conteste. Bordel foutraque, solos de guitares dégoulinantes de fuzz. Et derrière un marteleur imperturbable qui fait monter la sauce façon wasabi. Pas étonnant que le hurleur s’époumone la dessus. Arrrrrrrrrrrhhhhhgggggggggggghhhh !!!
Ce Beast Vibrator nous permet aussi de découvrir des ambiances mi tempo, plus lourdes comme pour "Gasoline Lullaby" qui monte en puissance tout au long de ces 5 minutes qui ne lassent pas le moins du monde. On est proche des bluesmen trash de l’écurie Fat Possum surtout quand ils sont revisités et accompagnés par des gars comme Jon Spencer. J’en profite pour saluer la mémoire de T-Model Ford récemment disparu. Si vous aimez les blues poisseux, n’hésitez pas à vous plonger dans sa discographie. Gageons que Seiji et ses potes l’ont fait avant vous.
Rock japonais renvoie forcement au coté manga et aux morceaux à ambiance série Z. Avec "Magma Nobunaga", on est en plein dedans. La basse distordue transcende le morceau pour créer une ambiance électrique. La tension est palpable tout au long du morceau. Je ne vous dirais pas de quoi ca parle mon japonais étant limité à arrigato et cornichon A. Mais apparemment le gars vit ce qu’il raconte et nous le livre avec passion. Même si on ne comprend rien à ce qu’on nous dit, on s’en balance tant le rythme diabolique nous entraine et emporte tout sur son passage.
Cet album nous propose un tas de morceaux bien envoyés et on adhère assez facilement. On se laisse transporter. Screaming J Hawkins n’aurait pas renié ces gars là tant cris et onomatopées sont utilisées à bon escient.
"Robot Maria" avec sa voix distordue et ses guitares claquantes rappelle les morceaux garage sixties qui ont fait la gloire du style. Le tout est agrémenté de ligne de basse perforatrices pour soutenir l’édifice. Les morceaux ne se cantonnent pas tout le temps aux deux minutes réglementaires dans le style et sont enrichis d’envolées de guitares saturées comme pouvaient l’être ceux des groupes de Detroit dans les années 70. Diablement efficace tout ça. Vociférations toujours au top pour Seiji.
Last but not least, "Female Machine Gun" renvoie immanquablement aux Cramps. Lux et Ivy aurait certainement apprécié ce titre psychotique qui clôt un album intéressant, plein de bonnes idées. La reverb sur les guitares fonctionne à fond. Les solos sont comme souvent explosifs et sentent la poudre. Seiji nous invective en version originale japonaise non sous titrée bien sur.
On obtient donc un album varié tout en restant très rock énervé mais montrant plusieurs facettes. Une fois passé l’exotisme de la barrière du chant en japonais qui reste difficile à prendre au sérieux, Seiji mène très bien son affaire et Guitar Wolf reste le fer de lance de la scène garage japonaise suivi de près par les 54 Nude Honeys et les infatigables 5678’s remises au gout du jour par un certain Tarantino pour la BO de Kill Bill.