Un énième « Instaband », qui balance un rock british passé sous filtre vintage ? Malgré cette mode du retro et aux influences rock psyché, brillamment mené ces dernières années par des Black Rebel Motorcycle Club et autres, Splashh nous éclabousse de l'agréable fraîcheur des petits génies qui n'ont pas encore la grosse tête.
S'ils ne croulent sûrement pas encore sous l'or, Splashh est déjà bien riche de ses origines britanniques/américaines/australiennes. Sans pour autant cautionner l'énigmatique "Swinging Punk", dont ils se revendiquent. Splashh surfe davantage sur la vague rétro d'un rock psychédélique et nous servent dans Comfort un son à la The Verve, mode énervé.
Petite frayeur avec "Headspins", qui ouvre l'album. La faute à l'intro, qu'on croit sorti d'un EP de groupe débutant. La basse claque ses trois accords, la guitare rythmique la suit, un arpège simpliste résonne puis la batterie s'enflamme… Heureusement, la lead se blinde rapidement de reverb pour entonner un riff psychédélique, et on y est. La voix mature de Sasha Carlson nous rappelle qu'on a pas affaire à un groupe de garage qui a enregistré après 10 séances de repet.
Clip de "Feels Like You"
C'est le risque quand on s'aventure dans la musique psychédélique à coup de reverb et distorsion : le mixage n'est pas fameux. "Feels Like You" est submergée par le synthé (au son Wha-Wha déroutant) et la basse. Sur de nombreux autres morceaux, le mix est quasiment couvert par la voix, dont les mauvaises langues diraient qu'elle a été enregistrée dans des WC de 20m carrés. Mais qu'importe ? L'énergie est là, les mélodies accrochent les tympans et si même l'ensemble est brouillon, il dégage de cet album un univers particulier. Les émotions véhiculées sont contrastées. On ressent une plaignante naïveté, une mélancolie rafraichissante… Un dosage étonnant.
Si le mixage est mauvais, le son assez sale est probablement volontaire. On se sent presque insulté en entendant l'intro de "Washed Up" avec sa guitare crissante, qui est rapidement rattrapée par un beau son de basse. De temps à autre, un synthé vient nous surprendre pour entonner des mélodies dansantes ("All I Wanna Do").
Clip de "All I Wanna Do"
Chose rare, mais que j'apprécie particulièrement, c'est la relégation de la voix au rang d'un instrument parmi d'autres. Elle n'intervient que pour casser la monotonie des séquences instrumentales. Bourrée d'effet, elle se confond dans le spectre sonore. On notera au contraire la place importante donnée à la basse, qui se contente la plupart du temps (sauf sur "Lemonade" ou "Vacation") de soutenir les accords de la guitares rythmiques, mais qui la domine en terme de volume sonore.
On s'imagine reprendre certains refrains particulièrement entraînant, comme sur "Vacation". Les lives doivent à coup sûr être très énergiques. On imagine le guitariste se déchaîner l'avant bras pour gratter frénétiquement ses cordes aigües.
Malgré un mix plutôt agressif, ainsi qu'une certaine redondance tout au long de l'album, le talent de Splashh pointe le bout de son nez et on a hâte qu'il se développe. Il faut bien que jeunesse se fasse. Le quatuor a trouvé une bonne formule mêlant les airs planants et énergiques. Confort mérite d'être acheté. Il coûte moins de 10€ sur leur merchandising et en prime, il est signé. Good guys.