La rentrée punk garage soul wild rock ‘n’ roll s’annonce sous les meilleurs auspices. Le nouveau Barrence Whitfield And The Savages est dans les bacs en ce début de septembre !!! Après 14 ans de silence avec les Savages des débuts, Barrence Whitfield, magnifique crooner soul, nous a envoyé à travers les gencives son Savage Kings après avoir réuni son groupe avec le line up d’origine. Pièce maitresse du combo, le gratteux Peter Greenberg connu pour son appartenance aux Lyres et DMZ a rameuté tout le groupe pour soutenir le retour de Barrence. Retour gagnant avec un album plein de reprises sorti juin 2011. Mais on en veut plus ! On veut des compos. Et ça les démangeait depuis un moment vu le succès qu’ils ont rencontré pendant la tournée de 2011 et 2012. Alors ils s’y sont collés sérieusement et les voila qui reprennent du service pour de bon avec un nouvel album Dig Thy Savage Soul attendu au tournant tellement le précédent avait rallumé la flamme du rock ‘n’ roll sauvage chez les adeptes.
Et dès les premières mesures, "The Corner Man" nous livre une entrée en matière avec un gros son de guitare trash. Peter Greenberg défouraille sévère. Barrence Whitfield chante avec un groove parfait et nous invite à rentrer en beauté dans ce nouvel opus, Dig Thy Savage Soul. Le solo de sax renvoie immanquablement aux ambiances sixties furibardes si chères aux fabuleux Sonics (qui écument encore les routes de fort belle manière).
Les Savages ont très bien intégré l’importance des cuivres du rock fifties. "Bread" en est l’illustration parfaite. Tom Quartulli et son sax donnent le ton du morceau, magnifiquement emmené par un Barrence toujours en forme olympique. Le Soul Man c’est bien lui. Certaines intonations et les éructations sauvages revoient à des gars comme Screaming Jay Hawkins mais ayant copulé furieusement avec James Brown. 2 minutes 44 de pure « soul ». Coté wild garage rock "Oscar Levant" vaut son pesant de cacahuètes. On pourrait se croire sans souci dans un morceau de Jim Jones Revue. Les solos sont terriblement offensifs puis on revient sur un gros riff pouvant rappeler la manière dont Jon Spencer manie la gratte en version Heavy Trash. "Daddy’s Gone To Bed" penche lui aussi coté garage sixties avec des grattes entêtantes que le sieur Greenberg nous assène en pleine poire. Barrence agit tel le maître de cérémonie et selon ses envies, son groove nous entraine à travers un morceau au tempo changeant. Les harmonies vocales sont diaboliques. Barrence montre vraiment l’étendue de ses possibilités. En live ce titre va pouvoir prendre tout son sens.
Dès l’intro façon Chuck Berry de "Hey Little Girl", on imagine aisément Peter faire son légendaire ”duckwalk”. Les parties de sax font toujours osciller les morceaux vers les pépites fifties. On pense aux compils du genre. On pourrait citer les Big Itch, les Las Vegas Grind ou encore les Jungle Exotica parmi tant d’autres qui elles aussi on réussi à capter ce furieux esprit rebelle, sauvage et furieusement entrainant. "Turn Your Damper Down" est encore un gros rock plein de feeling où Barrence s’arrache les cordes vocales pour notre plus grand plaisir. Attention, des morceaux comme ça peuvent générer des accès de folie sur le dancefloor d’une salle de concert. Ca bouge. Ca dépote. On en veut encore.
Les Savages ont puisé des références dans le boogie blues des pionniers. "My Baby Didn't Come Home" gorgé à bloc de mojo, en est l’exemple type. On retrouve l’esprit des blues crasseux de chez Fat Possum mais en version encore plus boostée avec encore plus de groove. Vraiment très bien foutu. Tout le monde se régale, grattes et sax se complètent à merveille pour propulser Barrence sur orbite. "Blackjack" est lui un bon gros boogie qui tache. On flirte avec les pionniers du rock ‘n’ roll fifties et l’esprit des Sonics est toujours présent des qu’il s’agit de rebooster un gros rock histoire de bouger les plus récalcitrants. Le riff de blues trash de "Hangman’s Token" tourne en boucle dans l’esprit du regretté RL Burnside. La guitare de Greenberg est en feu. Ses instincts profonds de gratteux des Lyres et de DMZ resurgissent et nous livrent des parties de guitares fuzz terribles entre deux accalmies. Ca c’est pour le coté rock ‘n’ roll et sauvage.
Mais en plus de tout ce rock blues rebelle on mélange tout ça à la sauce soul. De la soul des grands. "I’m Sad About It" est un morceau où tout est axé sur la folie de Barrence. Barry White de son vrai nom nous jette sa tristesse à en pleine gueule avec force hululement, beuglement et nombreuses onomatopées. Mais quel feeling !!!
"Show Me Baby" aurait pu être un des hymnes du grand James Brown mais c’est Barrence qui se l’approprie avec ses Savages pour lui donner ses lettres de noblesse. Le morceau est puissant. Chaque musicien sait rester à sa place et c’est cette unité qui donne sa force au morceau et plus généralement à l’album tout entier. Manque vraiment plus qu’à voir ça en live, ce que nous pourront faire en octobre grâce à Jean Luc Jousse, patron de Jostone Traffic qui se charge de faire tourner Barrence et les Savages dans l’hexagone. Perso, je serai à La Flèche d’Or, le 2 octobre prochain… On se voit là bas ?
Attendu au tournant après le précédent opus, Barrence Whitfield avec ses Savages au grand complet, nous offrent donc un album excellent, mélange de plusieurs styles tournant autour du rock ‘n’ roll garage, de blues et bien évidemment de la soul. Une combinaison qui a fait ses preuves me rétorquerez-vous… Mais là, c’est rudement bien fait !