A l'entendre, on pourrait croire que Prevrat est encore un de ces groupes électro allemands un peu étrange, et pourtant, il n'en est rien, car Ric Gordon, l'unique membre de ce groupe imaginaire, nous vient du Kansas.
Et cette petite anecdote ne fait que renforcer la bizarrerie du projet. Symbols est le deuxième album de Prevrat. Tout comme son prédécesseur, il n'est composé que de huit pistes d'une durée relativement courte. Un album à l'ancienne donc, court, mais intense.
L'album choque par un son électro se situant quelque part entre lounge du pauvre et musique eighties (voix à la Talk Talk, sons rococos et boites à rythme Cocteau Twinesque obsolètes). Ce n'est pas du chiptune pour autant, quoique...
Bon, histoire d'aller plus vite, avouons le carrément, c'est de la New Wave. Une New Wave tellement insolite qu'on a du mal à se positionner, oscillant sans cesse entre le ricanement et l'hypnose. Cette musique béate ressemble à une lampe lumineuse. Jamais un bout de plastique et trois bulles colorées ne vous auront autant fasciné.
L'hypnose s'opère d'autant mieux que l'artiste n'est pas avare en paysages sonores planants (With our Eyes closed, For You) dans la première partie du disque.
Les choses se compliquent avec "Safe Distance" qui opère un virage plus pop qui finira par céder la place à de la techno 90's pas terrible (Traffic, Choose). Au final, c'est près de vingt ans d'évolution New Wave que Prevrat a réussi à condenser sur un seul et même album, avec plus ou moins de bonheur. D'où cette petite question qui nous hante l'esprit :
Prevrat, maniériste ou simple poseur?
La réponse semble néanmoins évidente. Maniériste, c'est certain, mais cela ne gâche en rien la sincérité du projet. On sent que le bonhomme est fan de New Wave, et quel meilleur hommage que de rendre la vie à ce mouvement passé de mode ?
Reste que tout l'album n'est pas toujours écoutable (non, la techno, c'est vraiment en trop), d'autant que si la démarche est généreuse, elle est aussi bien flippante car très tranchée et par moment presque autiste. C'est bien de rendre hommage, c'est mieux de faire son propre truc.
Alors fans de New Wave de tous poils, foncez sur cet album qui vous est clairement destiné; quant aux autres qui ne savez même pas faire la différence entre Depeche Mode et New Order, vous pouvez crever la gueule ouverte !
Bah, oui, vous êtes pas de la bande...