Cela faisait un bon moment qu'on n'avait pas eu de nouvelles des irlandais de God is an Astronaut, puisque leur dernier album Age of the fifth Sun remonte quand même à février 2010. Au moins a-t-on pu les voir en concert en France à l'occasion de la réédition de l'ensemble de leur discographie, et que ce fameux nouvel album se décide à pointer le bout de son nez. Voici donc Origins, qui à l'instar de son prédécesseur, lorgne plus volontiers vers des mélodies simples et immédiatement assimilables. La basse notamment est mise en avant et la profondeur mélodique laisse la place à davantage de dynamique. Peu familier du premier album du groupe, sans doute le plus proche de cette démarche dans le reste de leur discographie, je dois bien avouer avoir été un peu décontenancé dans un premier temps. Où étaient donc passées les fabuleuses montées en puissance, les enchevêtrements de lignes mélodiques, la puissance, notamment de l'album éponyme de 2008 ? Les premiers contacts avec ce Origins furent donc plutôt nuancés, sans parvenir pour autant à trouver cela mauvais. C'était donc décidé, il me fallait apprivoiser la bête et faire preuve de patience.
Les trois membres de God is an Astronaut jouent des claviers, merci pour eux. Pourtant, l'ajout d'un claviériste à part entière pour l'enregistrement du précédent album ne leur en a pas moins offert une nouvelle gamme de possibles, de sorte que les nappes de synthétiseurs sont mieux intégrées que jamais aux compositions. Cette richesse sonore s'accompagne d'un tempo globalement plus apaisé, ce qui peut décontenancer au premier abord l'amateur occasionnel du groupe (les fans, eux, devraient être convaincus bien plus rapidement). C'est donc seulement au bout de plusieurs écoutes, une fois la surprise passée, qu'il devient possible d'apprécier pleinement cette recherche de sonorités qui viennent considérablement enrichir la musique. Il ne s'agit d'ailleurs pas tant de l'enrichir cette fois, que d'évoluer avec elle, de fusionner, sans doute comme jamais God is an Astronaut n'était encore parvenu à le faire. Le groupe, s'il revient à ses fondamentaux, le fait en s'appuyant sur son expérience et en profite pour franchir un nouveau palier.
Histoire de me faire mentir, un titre bien dynamique !
Et puis n'exagérons rien, si les irlandais s'y entendent comme personne pour délivrer des morceaux planants d'une beauté incandescente (regarder le lever de soleil avec "Weightless" ou "Autummn song", quel bonheur), l'album n'est pas mou du genou pour autant et sait relever la sauce quand le besoin s'en fait sentir ("Red moon lagoon" et ses arrangements pompiers bienvenus). Mais une fois de plus, les compositions présentent un aspect relativement épuré qui privilégie la dynamique. A ce titre, les arrangements électro sont plus présents que jamais et contribuent à enrichir encore la palette sonore de façon sans doute plus subtile. C'est là que le groupe montre toute sa science et son avance sur la plupart des autres formations de post-rock : ayant parfaitement assimilé les règles de base du genre (plutôt normal vu qu'ils ont contribué à les faire évoluer), les musiciens ont choisi d'aller encore et toujours de l'avant, pour un résultat qui s'il n'a rien d'évident, révèle toutes ses richesses au fil des écoutes, dissimulées derrière une apparente simplicité. Rien n'est simple ici, mais tout coule de source, comme une évidence. En ce sens, l'album porte magnifiquement bien son nom : God is an Astronaut est parvenu à boucler la boucle avant de poursuivre son chemin, vers dieu sait quelle galaxie nouvelle.