« Novembre 1976. Blues Pills vient de sortir son troisième album et remplit comme prévu les stades pour une tournée mondiale organisée par Bill Graham. Première méga-tournée avec toutes les stars du moment. Le Grateful Dead pour ouvrir la soirée, Janis Joplin pour reprendre le flambeau et mettre en orbite Jimi Hendrix qui défend son nouvel opus Now I’m Experienced et last but not least, les Blues Pills qui au fils des années mesurent le chemin parcouru depuis leur premier EP Devil Man… »
Et là, le téléphone sonne… Mon patron veut me voir pour une mission selon lui de la plus haute importance… Sacrilège, il a osé interrompre ma rêverie générée par l’écoute du premier effort des Blues Pills. Et force est de constater que ces quatre titres pur jus seventies sont vraiment pas mal du tout. Pas mal pour ces petits jeunots cosmopolites, une rythmique venue des USA, une chanteuse scandinave et un frenchy de tout juste 18 printemps pas manchot à la six-cordes.
Faut dire que des premières notes de l’intro de "Devil Man", hurlée a cappella par un croisement de Janis Joplin et de Joss Stone, les Blues Pills captent notre attention. Plus exactement, cette accroche vous prend direct par les c……….. Une fois les bases posées, les grattes à gros son viennent donner un cadre à la jeune fille qui s‘époumone. Une fois la baffe encaissée, un tas de référence se rappellent à notre bon souvenir. Led Zeppelin a été bien digéré et nous est resservi en sauce XIème siècle mais en gardant les stéréotypes du genre. L’entrée en matière est donc bien grasse à souhait. "Devil Man" se pose comme un possible rouleau compresseur laissant la place au soliste pour de belles envolées lyriques. On en veut d’autres comme ça. Ca tombe bien, il y en a. "Dig In" nous montre encore les mêmes influences seventies certes mais le coté blues n’est pas loin. Il nous emmène sur un tempo plus lent mais toujours aussi puissant.
Autre facette des pilules de blues, "The River". Encore une intro minimaliste ou l’on jette en pâture à l’auditeur la voix magnifique de la demoiselle du Nord. Les solo sont baveux à souhait, le son est rond comme celui d’une Les Paul Custom des années 60 avec un sustain terrible. Et les 3 minutes 20 semblent réductrices tant ont aurait pu faire monter la mayonnaise en libérant le gratteux autant que la chanteuse.
Changement de stratégie avec "Time Is Now". C’est le moment d’envoyer l’artillerie lourde. Toutes grattes dehors, on déblaye le terrain toujours pour cette voix chaude et puissante qui fédère forcement tant elle impose le respect. Il y a dans ces morceaux une électricité palpable comme celle qu’on retrouvait chez la grande Janis lorsqu’elle elle hurlait « Take another little piece of my heart now babe ». On y croyait, c’était pas du chiqué. Ici, on a la même impression, les Blues Pills ont la foi en leur truc et ils nous entrainent dans leur sillage.
C’est donc un beau premier effort que nous livrent les Blues Pills avec cet EP 4 titres. Sans lire la bio, impossible de penser que cette musique puisse être l’œuvre de petits jeunes ayant à peine atteint leur majorité. Vraiment pas mal du tout. Petit cocorico, le gratteux soliste est un petit frenchie. On devrait rapidement les retrouver dans les colonnes de La Grosse Radio.