On les avait quittés grands gagnants de la dernière édition de Rock The Gibus, en première partie de Razorlight à l'Olympia, et comme les Blow Up ont de la suite dans les idées, c'est assez logiquement que déboule un EP éponyme.
Si le rock n'a pas trop de mal à naturellement s'imposer sur scène, il en va autrement lorsqu'il s'agit de capturer son énergie dévastatrice sur disque. En effet, il y'a un monde entre écouter un groupe sur scène entouré de personnes légèrement éméchées et passer un disque chez soi, tranquillement posé sur son canapé, charentaises et feu de cheminée compris. Comment réussir alors à faire remuer du popotin le pré-grabataire de salon ?
Les groupes rocks réussissant ce tour de force ne sont pas légion. AC/DC, Deep Purple, les Rolling Stones; des grands il y'en a, mais en contrepartie, combien de formations s'y sont essayés en s'y brisant les dents ?
The Blow Up est un groupe de scène, c'est une évidence. Par contre, l'écoute de cet EP nous fait dire que le domaine de l'enregistrement n'est pas encore tout à fait acquis.
Mais où est passée cette pêche destructrice, ce groove rock/blues ravageur ? Non pas que la galette en soit totalement dénuée, mais on a l'impression que cette force de frappe a été largement diminué sur album, la faute étant probablement à mettre sur un mix trop gentil et timoré, excluant les audaces au profit d'un son propre mais beaucoup trop classique. Quitte à avoir une patine sixites/seventies bien rétro et assumée, autant jouer la carte à fond ! Pourquoi ne pas miser sur un son plus crade et saturé, à la manière des premiers Stooges et autre Steppenwolf ?
Il semble que les Blow Up, comme nombre de groupe sur leurs premiers essais, ont voulu être un peu trop bon élève et ont paradoxalement été trop sage dans un style qui demande de la folie et un bon paquet de nerfs. La chanson ressortant le plus du lot est finalement une des plus "calmes" de l'EP, la superbe "Close To The Beginning" qui fait la part belle aux claviers et aux chœurs et qu'on aurait bien vu dans un film poussiéreux de John Carpenter.
Ce n'est donc pas cette fois que l'on pourra revivre les exploits scéniques des Blow Up sur CD, mais qu'importe, puisqu'il s'agit d'un coup d'essai qui tient la route, même s'il reste trop timide. Espérons simplement qu'au prochain épisode, le groupe n'hésitera pas à prendre le taureau par les cornes et rendra enfin justice à la fougue de sa présence scénique.