Composé de musiciens qui ont déjà roulé leur bosse depuis pas mal d'années, Astrolab a sorti son premier album le mois dernier. Dans la démarche, le combo n'est clairement pas là pour faire des concessions et propose une approche relativement minimaliste résolument underground. Il y a ici du noise, des ambiances sombres que ne renieraient pas les tauliers de l'indus, le tout avec une voix davantage tournée vers la pop qui donne des accents Placebo, le tout avec une approche relativement minimaliste. Entendez par là qu'Astrolab ne cherche pas à noyer sa musique sous des artifices de production mais au contraire à conserver un aspect relativement dépouillé proche du garage et des années 1980. Ce qui est finalement un peu dommage tant les ambiances sombres proposées par le groupe, si elles sont assez réussies, auraient gagner à bénéficier d'arrangements plus fouillés pour être approfondies.
Car à l'exception de "Love into ashes", plus enjouée, et d'une fin d'album un poil plus légère (à l'exception de "Cancellation", qui clôture les débats en retournant vers la noirceur), on ne peut pas dire que les compositions invitent à se prélasser au soleil en caleçon. Ce qui n'est pas un mal en soi, je suis personnellement assez amateur d'ambiances sombres voire un peu glauques. A ce niveau-là, on est servis : "1000 years" et son beat électro lancinant est très réussie dans son genre, et Astrolab fait preuve d'un savoir-faire certain pour composer des mélodies tournées vers les penchants les plus sombres de l'âme humaine. Mais là où le bât blesse, c'est dans la forme plus que dans le fond.
Si l'approche minimaliste privilégiée est hautement respectable, les arrangements, qui devraient permettre d'approfondir l'ambiance de chacune des compos, restent terriblement basiques, à tel point que c'est avant tout l'aspect répétitif qui finit par prédominer et qui dessert plus qu'autre chose les compositions du groupe, le plus souvent basées sur des rythmes et riffs lancinants et épurés. Le hic, c'est qu'en l'absence de mélodies suffisamment marquantes (vous l'aurez compris, on n'a pas ici de gros refrains faits pour rentrer dans le crâne), c'est bien sur les arrangements qu'il aurait fallu jouer afin de permettre aux titres de respirer un peu. En l'état, l'auditeur finit par étouffer, et si chaque titre pris séparément est agréable, l'écoute de l'album en entier devient longuette.
C'est particulièrement regrettable car le groupe a de l'idée, fait l'effort de s'appuyer sur une boîte à rythme de temps à autre, et son refus de se reposer sur trop d'artifices est, encore une fois, on ne peut plus respectable. Mais tenter d'écrire une musique années 1990 avec un son années 1980 (pour schématiser) ne fonctionne pas vraiment. Des ambiances pareilles demandent au contraire à être travaillées, ciselées, en utilisant les ressources que peuvent apporter le travail sur la production en studio pour passer au niveau supérieur. En l'état, l'album manque de relief et, de ce fait, ne s'avère pas pleinement convaincant, malgré de bons moments. Astrolab se retrouve finalement un peu coincé à la croisée de plusieurs chemins, sans parvenir à véritablement choisir une direction et à l'embrasser pleinement. On ne peut que souhaiter au groupe de trouver sa voie et d'y aller franco, afin que sa musique (en tous cas les compositions qui lorgnent du côté sombre de la force, soit une grande majorité) parvienne à prendre aux tripes comme elle le devrait.