Jake Bugg n’aura pas attendu longtemps pour revenir dans les bacs. Alors que son premier album éponyme sortait il y a à peine un an, le chouchou des Anglais est déjà de retour avec Shangri La. Alors, avait-on eu raison de s’enflammer pour ce jeune artiste ?
Si certains ont détesté Jake Bugg à sa sortie, pour d’autres, ce fût une révélation. Au travers de ce disque, la critique a vu en ce gosse de dix-huit ans le digne successeur de Bob Dylan. Son inspiration, le jeune homme a été la puiser cinquante ans en arrière pour remettre le folk au goût du jour. Originaire de Nottingham, le songwritter a cette fois traversé l’Atlantique pour enregistrer son nouveau bijou. Il est allé à Malibu travailler avec Rick Rubin (Slayer, Johnny Cash, Red Hot Chili Peppers).
Avec des ballades comme « Me And You » ou la country « Storm Passes Away », on retrouve le côté minimaliste et insouciant ayant charmé sur le premier album. Le duo guitare/voix montre tout le talent de Jake Bugg mis à nu. Mais de manière globale, ce nouvel album est beaucoup moins dépouillé. Il y a plus d’arrangements et l’album a pris une tonalité un peu plus rock. La preuve en est avec « What Doesn’t Kill You » à la brutalité presque punk ou avec le bluesy « Slumville Sunrise ». Deux titres énergiques entraînés par un chant nasillard et frénétique, et dominés par les guitares électriques. Les solos sont brefs, mais efficaces. Tout cela reste toujours très frais et aéré. De leur côté, l’indie « Messed Up Kids » ou le pétillant « There’s a Beast and We All Feed » nous plongent au cœur d’un folk vagabond. Le son idéal pour les virées sur les routes de campagne par un beau dimanche ensoleillé.
Si on sent clairement les influences sixties du jeune homme, certains titres ont également tendances à rappeler les nineties à l’image de la ballade électrique « Simply Peasures » résonnant comme un classique ou du surprenant « All Your Reasons » et son refrain très touchant. D’ailleurs, tous les morceaux ont leur charme. A part peut-être « A Song About Love » qu’on écoute sans grand engouement. En tout cas, le ton s’est beaucoup américanisé. Mais à l’écoute de la dansante et pop « Kingping », on sent que Jake n’oublie pas ses origines.
L'Anglais a plus ou moins gardé la même recette en y apportant des améliorations. L’inconvénient est que l’on a parfois une impression de déjà entendu. Le jeune homme n’invente rien de nouveau, mais Shangri La dépasse son prédécesseur. Si cette galette manque parfois de cohérence, elle n’en est pas moins de très bonne qualité. Le son, plus enrobé, fait perdre le charme naïf de Jake Bugg, mais rend Shangri La plus percutant. Il réussira certainement à séduire un plus large public.
L’Angleterre est talentueuse. Jake Bugg nous le montre une fois de plus. C’est un artiste complet qui a passé avec succès le test du second album. Un album toujours aussi mature et sincère. Une galette chaude qui sent bon le blues et le folk.
Tracklist:
01.There’s a Beast and We All Feed It
02.Slumville Sunrise
03.What Doesn’t Kill You
04.Me and You
05.Messed Up Kids
06.A Song About Love
97.All Your Reasons
08.Kingpin
09.Kitchen Table
10.Pine Trees
11.Simple Pleasures
12.Storm Passes Away