Merci beaucoup à notre collègue Seb du webzine Métal pour être parti à la rencontre de Renaud Villet, tête pensante de RivHerSide, et de nous proposer de découvrir cet artiste via l'interview qu'il a réalisé en sa compagnie.
On ne parle pas tous les jours de blues, mais quand c'est du bon, c'est bien volontiers. Suite à une tournée américaine qui l’a conduit sur les terres de ses illustres ainés (certainement pas trop loin du bayou où Robert Leroy Johnson a vendu son âme au diable), le clermontois Renaud Villet revient inspiré sur notre vieux continent. Fort de cette expérience, avec un nouvel album sous le bras ainsi que quelques surprises, il vient offrir un set de blues possédé aux clients du bar rock parisien, le Dr Feelgood. Plutôt habitués à ce qui se fait de plus velu en la matière, le public s’est néanmoins laissé séduire. Un moment unique, rencontre :
Salut, dans un premier temps, je vais te demander ce qui t’a amené à la guitare ?
A la guitare ? C’est simple, c’est Guns N’Roses. J’avais 17 ans à l’époque et c’est le groupe qui m’a donné envie de faire de la musique. Et on peut dire, qui a changé ma vie à cette époque là.
Tu as découvert Guns N’Roses avec quel album ?
C’était avec la sortie du film Terminator 2, le titre « You Could Be Mine » donc l’album Use Your Illusion II.
Nous devons avoir le même âge, ça me semble tardif comme apprentissage pour la guitare ?
En effet, je devais avoir 17 ans, les débuts ont été durs, j’ai dû m’accrocher pendant un an et c’était parti.
A part les Guns, quelles sont tes autres références musicales ?
A l’époque, les Guns citaient les Rolling Stones comme leur référence. Alors même si je connaissais quelques grands classiques du groupe, je n’y avais jamais vraiment posé une oreille attentive. On peut dire que c’est donc ma deuxième révélation musicale et toujours actuellement le groupe que je préfère. Et puis, quand les Rolling Stones se frottent au blues, ils font LE meilleur blues… C’est bêtement ce qui m’a donné envie d’en jouer.
A l’heure actuelle, qu’est ce qui nourrit encore ta passion pour la guitare ?
En formation classique guitare/basse/batterie, les King bien sûr, BB King, Albert King, Freddie King. Après, tous les grands guitaristes de Vaughan à Clapton pour te citer les plus connus. C’est vraiment le blues qui me nourrit. J’en joue depuis maintenant dix ans et j’adore faire des reprises de mes maîtres à penser.
Je voudrais te demander le pourquoi de la présence de la lettre « H » dans le nom du groupe RivherSide ?
Ca relève plus du jeu de mot, il y a déjà le « R » et le « V » qui sont mes initiales. Et puis Riverside c’est aussi le nom d’un hôtel à Clarksdale (Mississippi) dans lequel j’ai séjourné aux Etats-Unis. Quand au « H », c’est mon originalité, ma marque de fabrique.
Qu’est ce qui nourrit ton inspiration en dehors de la musique ?
Je te dirais, tout et rien. Je pense que la vie de tous les jours, inconsciemment m’oriente sur des idées, des humeurs. Il y a deux ans, j’ai fait un voyage au Etats-Unis, j’en ai profité pour faire une tournée et ça a été très important pour moi. Le nom du groupe, je l’ai ramené de là-bas.
Est-ce qu’on peut débriefer la composition de ton nouvel album « Something On mY Mind » ?
Ca a été un processus assez long que j’ai entamé il y a pas loin de deux ans maintenant. J’ai commencé à enregistrer et à maquetter chez moi dans mon petit home studio. J’ai joué quasi tous les instruments. J’ai eu la chance de pouvoir faire rejouer toutes mes parties de batterie par un professionnel dans un studio parisien. Toujours à Paris, j’ai eu la chance de pouvoir finaliser l’enregistrement sur du matériel analogique pour avoir le son le plus parfait possible et atteindre des couleurs qui correspondaient biens aux sons que je recherchais. C’est une vraie chance que j’ai pu accéder à ça, le résultat est bien meilleur à ce que j’aurai pu obtenir tout seul chez moi.
Si j’ai bien compris, à l’exception de la batterie, tu joues de tous les instruments ?
En effet, j’ai délégué la batterie et les percussions. Je me suis aussi fais aidé aider par un copain, Pascal Mikaélian qui joue de l’harmonica sur un titre. Et il y a une nappe de synthé et une ligne de basse sur un autre titre que je dois à mon batteur professionnel. A part ça, il n’y a que moi sur l’album, je fais la guitare et le chant. Le gros du travail ayant été enregistré chez moi et par moi.
Tu te charges aussi des textes, y a-t-il un thème récurrent ?
Non parce qu’en fait, j’attache plus d’importance à la sonorité des mots et des phrases qu’à leur signification. Quand je compose, si ça se passe bien, j’ai souvent une phrase qui me vient naturellement en même temps que la musique. Quand ça se passe comme ça, c’est pratique, ça me donne un thème et une base de départ pour commencer à composer les textes. Je n’ai rien à revendiquer dans mes paroles, je fais parler mon blues, c’est à mon sens ce qui importe le plus. Quand j’écoute moi-même de la musique, je m’attache plus aux ambiances et aux sonorités. Par extension, c’est aussi ce que j’essaie de faire.
L’enregistrement est il un passage compliqué pour toi,
Je compose quand j’ai le temps. Petit bout par petits bouts. Pour « Something On My Mind », ce fût très long. Rien de compliqué, je m’amuse. J’enregistre tout ce que je fais, j’essaie plein de choses, j’expérimente. Il n’y a rien de compliqué, j’aime bien bidouiller avec la technique pour trouver des sons.
Maintenant que l’album est là, la prochaine étape c’est la scène ?
C’est un passage obligé, j’adore ça. J’ai joué sous différentes formations et ça fait maintenant un an et demi que je joue seul. J’ai eu la chance de trouver un instrument génial, le foot drum. Il a été fabriqué à la main aux Etats-Unis par un type qui s’appelle Bill Farmer. C’est un kit de batterie qui se joue uniquement avec les pieds. Je suis à l’heure actuelle le seul à l’utiliser en europe. Ca me permet d’avoir un son de grosse caisse, de caisse claire et de Charley. Ce sont les principaux éléments d’une batterie. Je l’utilise depuis un an et il fait aujourd’hui parti intégrante de mon identité scénique. Je ne peux plus m’en passer, il me serait difficile de monter sur scène sans.
Ton foot drum a-t-il été conçu spécialement pour toi ?
Non, c’est un américain qui vend ça. J’ai eu la chance de le racheter à une américaine à la fin de sa tournée en europe. Tu peux t’en faire venir une des Etats-Unis, ça coûte assez cher et avec les frais de port, je ne pense pas que ce soit une bonne affaire, ce qui fait que cet instrument reste confidentiel. Je l’ai acheté d’occasion en parfait état. Je suis ravi et en plus mon foot drum me permet de me démarquer. Pour l’instant, en France, je dois être le seul à l’utiliser.
Rémi Briqua est il une de tes influences ?
C’est drôle !! Je ne le connaissais pas mais c’est vrai qu’avec mon foot drum, on m’a souvent posé la question. Non, Rémi Briqua ne fait pas parti de mes influences. Cependant, je ne pense pas qu’il soit le dépositaire du « one man band » qui existe depuis que le blues est blues…
Quels sont tes ambitions avec la sortie de « Something On My Mind » ?
Ce qui me plairait vraiment c’est de rencontrer un tourneur. Jusqu’à présent, je trouve mes concerts par mes propres moyens. C’est une tâche difficile, un métier à part entière et ça me demande beaucoup de temps. Pouvoir me reposer sur un tourner m’aiderait beaucoup, j’aurai le sentiment de franchir une étape. J’ai réussi par mes propres moyens à intégrer des tournées, participer à des festivals mais ce n’est pas la partie du boulot qui me plait le plus.
Es tu prolifique au point d’avoir huit albums d’avance ?
Oh que non !!! Bien entendu, je travaille sur de nouveaux titres, j’en rôde quelques uns en concert. J’enregistre tout le temps comme à mon habitude. J’aimerais bien sortir quelque chose dans La première partie de l’année 2014. J’essaie d’intégrer notamment des sons électroniques à mes nouvelles compos.
Est-ce que sera toujours orienté blues ?
Bien sûr, définitivement. Je reste dans le blues. Mais ma priorité aujourd’hui c’est de promouvoir « Something On My Mind » et de faire des concerts. C’est mon objectif numéro un.
Entretien réalisé le 25 octobre 2013 par M’Sieur Séb.