Interview des Compact Disk Dummies

C'est quelques heures avant leur passage sur scène que j'ai pu rencontrer les frangins Coorevits, en pleine tournée pour leur ep Mess With Us, dans les entrailles du mystérieux club Silencio. Ca va parler musique, cinéma et même... études !

 


Pour commencer, vous êtes tous les deux frères...

Les deux : oui

Quand avez vous commencer à faire de la musique ensemble ?

Janus : Je crois que c'était il y'a quatre ans...

Lennert : Avant, on jouait de la musique chacun de son coté. Moi, j'étais dans un groupe de rock et lui était DJ, j'avais 16 ans et lui 14. C'est deux ans plus tard qu'on s'est vraiment rencontrés musicalement parce qu'on sentait qui manquait quelque chose dans nos projets respectifs, donc on a découvert ce que l'autre faisait et à partir de là on a mis nos instruments en commun et commencé quelque chose de complètement nouveau. On s'est beaucoup amusés, et je crois que c'est pour ça que le groupe plait et qu'il perdure.

Qui fait quoi dans le groupe ?

Lennert : Je fais le chant, la guitare, du synthé ...

Janus : ... Et moi je joue tout le reste. (rires) La batterie, les beats, la basse...

Lennert : C'est une sorte de magicien de la technique. En ce qui concerne la composition, c'est moi qui m'occupe de la mélodie, mais lui s'occupe beaucoup des sons. Il mélange tout ça et essaye de le faire fonctionner. C'est du 50/50.

Quel genre de musique écoutez-vous ?

Lennert : On essaye d'écouter un peu de tout. Il y'a des bonnes choses dans chaque genre qu'on aime découvrir et qu'on tente d'incorporer à notre musique. Nous ne sommes pas limités à notre propre genre. On aime beaucoup les groupes qui essayent de nouvelles choses; qui cherchent une certaine fraîcheur dans leur son.

Des groupes comme ?

Lennert : Du même style que nous, il y'a LCD Soundsystem, Crystal Castles, Knife, Solex, Goose, mais sinon ça va de Radiohead à Pink Floyd en passant par Death Fom above...

D'où vient le nom du groupe ?

Lennert : Ca vient d'une chanson que j'ai écrite il y'a longtemps, et je trouvais que ça correspondait bien au son un peu crade de nos vieux lecteurs de disques qu'on utilisait au début.

J'ai vu vos vidéos pour "The Reeling" et "What Your Want"; pourquoi tant de noirceur ?

Lennert : J'aime le contraste entre le coté dansant de la musique et la froideur des images. Ce serait un peu trop attendu que le clip montre une fête, je trouve ça plus excitant de faire quelque chose de différent. Puis je pensais que ça illustrait bien la musique, et par ailleurs j'ai un faible pour les films un peu sombre. Je pense que c'est une voie qu'on va continuer à emprunter, aussi bien pour nos vidéos que pour le reste. C'est à l'image de la pochette de notre ep, il s'agit d'une photo de fête mais qui est terminée depuis plusieurs heures. Il est toujours plus intéressant de sortir des sentiers battus.

 

Tu as réalisé un des clips, faites-vous autre chose à coté de la musique ?

Lennert : Je fais des études d'art.

Janus : Moi, j'étudie l'électronique.

Lennert : On se sert de nos autres centres d'intérêts pour nourrir notre musique et faire évoluer le groupe, que ce soit techniquement ou artistiquement parlant.

Il y'a pas mal de jeunes groupes qui contribuent de plus en plus à ce qui entoure leur musique, comme la photo, la vidéo; qu'en pensez-vous ?

Lennert : Disons que si tu veux faire quelque chose par toi même, assure toi que ça vaille le coup. C'est une belle opportunité que le succès de ta musique t'amène à explorer tous tes talents, alors si on se sent à la hauteur, il faut foncer, sinon autant s'abstenir.

Avec la chute de l'industrie du disque et le téléchargement illégal, pensez vous qu'il est encore possible de vivre de sa musique ?

Lennert : Les temps changent. Il faut trouver un nouveau moyen d'atteindre le public. Le cd n'est plus une option, alors comment faire parvenir sa musique tout en étant rémunéré pour son travail ? Il va falloir se pencher dessus. Le streaming est très populaire, peut-être est-ce là le futur si on l'organise mieux.

Janus : L'artiste ne peut pas vivre du streaming en ce moment...

Lennert : C'est vrai, mais ça pourrait marcher si on pensait le streaming autrement. J'avoue que nous, on préfère quand même le solide, l'objet. On aime bien l'idée d'avoir un livret, d'avoir quelque chose dans les mains. C'est pour ça que les gens achètent des vinyles. Il devrait y'avoir un juste milieu entre ces deux choses, le streaming et l'enregistrement en dur.

Cet endroit a été conçu par David Lynch, le connaissez-vous ?

Janus : Je le connais par ses films...

Lennert : J'en ai vu pas mal. J'étais très curieux de venir dans ce lieu, dont il n'y a pas de photos, qui est très mystérieux, et c'est cool que son atmosphère soit très proche d'un film de Lynch. Et ses films sont incroyables.

D'ailleurs, le clip de "The Reeling" fait vraiment penser à du Lynch, notamment la scène du silencio dans Mulholland Drive, avec cette femme qui chante, je m'étais dit que vous deviez être fans...

Lennert : Oui, bien sur. Janus connaît moins bien le travail de Lynch, mais j'essaye de lui montrer des films...

Janus : Moi, je n'ai jamais étudié le cinéma. Lui, oui. C'est ça la différence.

Lennert : Je pense que ce qui parle le plus aux gens dans les films de Lynch, c'est cette façon qu'il a de planter un décor à priori banal et d'y intégrer des actions absurdes qui nous mettent mal à l'aise. C'est néanmoins quelque chose que l'on aime en tant que spectateur.

 

 

Et il est très pointilleux sur ses bandes originales.

Lennert : Comme Quentin Tarantino. Et je pense que ça offre une dimension supplémentaire aux films.

Vous pensez que votre musique pourrait bien s'intégrer dans un film ?

Les deux : Pourquoi Pas.

Tarantino ou Lynch ?

Janus : Si ils demandent ? (rires)

Lennert : Peut-être qu'on serait bien dans un film un peu Rock N Roll, genre Trainspotting.

Quels sont vos projets ? Un premier album en route ou un second ep ?

Lennert : Là, tout de suite, on écrit de la musique.

Janus : On réfléchit à un album complet.

Lennert : Mais ce n'est pas pour tout de suite. Notre tournée pour l'ep s'achève en Avril à l'ancienne Belgique, donc après on se concentrera sur la compo et les études.

C'est facile de concilier études et musique ?

Les deux : non. (rires)

Janus : Ca demande beaucoup de travail.

Lennert : Et surtout ça prend du temps. Mettons qu'on fasse un live, on n'y pense pas forcément, mais il faut le temps d'aller là-bas, il faut manger, puis revenir, etc... Ca prend plus de temps qu'on croit. Il va falloir qu'on trouve quelque chose pour concilier ces deux emplois du temps.

Je n'ai plus de questions ! Merci les gars!

Les deux : Merci !

Un grand merci aux Compact Disk Dummies et à Laurie Elsen de Vscom pour cette interview.

 



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