Après avoir sorti son deuxième album en 2012, Boolfight nous revient avec un nouvel EP, All-in, ainsi qu'une version "extended" de son album, comprenant quelques titres supplémentaires. Une bonne façon de se rappeler au bon souvenir des auditeurs, d'autant que le dit EP est en écoute intégrale sur le bandcamp du groupe. Le single du même nom est à l'honneur, puisque non content de donner son titre au EP, il y est placé en première position, et est suivi d'un remix plutôt sympathique, même si pas indispensable. Le titre en lui-même est une franche réussite, digne héritier des meilleurs productions des années 1980. La petite touche électro donne juste ce qu'il faut de froideur à une mélodie entêtante et légèrement sombre. Ajoutez à cela une légère montée en puissance, et voilà un bon petit single qui fait son effet sans forcer. Les amateurs de Depeche Mode déçus par le dernier album de leur groupe fétiche seraient bien inspirés de donner une chance aux parisiens, qui s'ils n'ont pas la prétention de prendre la relève de la légende, ont en tous cas développé un savoir-faire intéressant.
La froideur, mais pas que. Feral (l'album donc, sorti en 2012) proposait une palette de plusieurs couleurs, et la douceur était loin d'en être absente. "Sweet Spot", également tirée de l'album, est là pour nous le rappeler. Là encore, Boolfight régale avec une petite ambiance lounge très réussie et les quelques notes de guitare nécessaire pour relever la sauce comme il faut. Le groupe a des qualités et se plaît à nous le rappeler en piochant parmi les réussites de son album. Mais place à de l'inédit, tout d'abord avec "Human hape", qui commet un petit impair en se montrant un poil trop paresseux. Le beat n'est pas mauvais, mais aurait clairement gagné à être un peu plus développé, à être réhaussé d'un vrai refrain, d'autres arrangements, en bref de n'importe quoi qui aurait pu briser cette dérangeante impression de linéarité qui se dégage du titre. C'est sans doute là une des faiblesses du groupe, que l'on retrouve également sur album, et qui peut être résumée le plus simplement du monde : tous les titres ne sont pas de franches réussites.
On a ainsi un peu le sentiment que le groupe se satisfait parfois de trop peu, quand il a par ailleurs les moyens de faire beaucoup mieux. Ainsi, "Anthem", qui conclut cet EP, parvient-il à installer une très belle ambiance, sans rythmique, douce et chaleureuse. Et s'en contente. Pas de développement, pas de nouvelle idée, juste ce beat, très réussi par ailleurs, mais qui finit par lasser. Quelque part, l'intention est louable, le groupe cherchant peut-être à s'écarter des cassures trop téléphonées qui, par moments, plombaient un peu certains des titres de Feral. Mais en cherchant à laisser les morceaux s'écouler de façon plus naturelle, il faut également faire attention à ne pas tomber dans le piège inverse qu'est la platitude. Boolfight confirme donc avec cet EP qu'il a de belles qualités à faire valoir, et la version étendue de leur album est une bonne session de rattrapage si vous ne les connaissiez pas encore. Pour autant, si le groupe veut s'imposer comme un prétendant sérieux à l'entrée dans la cour des grands, il lui reste du boulot pour trouver un meilleur équilibre entre les différents aspects qu'il cherche à intégrer dans sa musique.
