Et voilà encore un groupe originaire de Genève cherchant à faire parler de lui : Disagony. Formés en 2009 et ayant sorti un premier EP éponyme en 2011, ils nous proposent maintenant leur premier album Venom Dish, qui sort en Suisse sur leur propre maison de disque Irascible et Snowwhite pour l’étranger. Composée de douze pistes, le but de la galette est simple : montrer ce que sait faire ce trio tout en confirmant ses influences alternatives et indies. les guitares crachent, la chanteuse s'égosille sur des sonorités garage qui flirtent avec des consonnances punks et grunges pour un résultat survolté.
C’est un rock énergique, rythmé et carré souligné d’une voix féminine brute, parfois hurlante que distille le combo. Un rock qui les présentent comme ayant repris le flambeau des formations alternatives des 90’s, comme Hole (à l'écoute de la chanteuse une comparaison avec Courtney Love s'impose) ou L7 (Le fantôme de Donita Sparks plane également), en y apportant une petite touche personnelle qui réside dans le contraste entre la rude mais profonde voix de Lynn, les riffs chauffées à blanc des deux garçons et l’ambiance lourde qui se dégage du tout. Décidément, chez Disagony tout est dans le contraste. Allant de pistes plutôt sombres (« Insobriety », « Forever Fool ») à d’autres plus violentes (« Gender Indentity Disorder » ou « Meatball ») se rapprochant presque du heavy metal (« Grace ») en passant par des morceaux mêlant astucieusement les deux (« No Gold But Your Eyes »), le trio nous dépeint un univers lourd, sombre mais débordant d’énergie et de fureur. Enfin, la jolie ballade « Spirit Mechanism » se charge quant à elle de mettre en valeur la voix de la frontman tout en diffusant une instru légère et bien construite qui nous montre que la formation peut aussi offrir un peu de diversité.
De même, la bande sait composer des refrains aux phrasés entêtants comme sur « Wild Generation Y » sur laquelle ils ralentissent le rythme en proposant un rock tout aussi lourd mais plus réfléchi, même s'il est dommage que les guitares s'affaiblissent un peu au long de ce morceau. La batterie s'impose également comme un des atouts du groupe, et est particulièrement relevée sur l’intro de « Unburied From Sand » qu’on retrouve en troisième position dans la tracklist.
Cependant, même si l’album est efficace, il a du mal à se frayer un chemin dans ce style saturé où seule une réelle originalité permet de se différencier (le seul savoir-faire ne suffit plus). De plus, il ne tient pas la distance. Car s’il parvient sur la première moitié de la tracklist à tenir en haleine, il finit par lasser et ne plus surprendre. Même si « Tender Revolver » parvient à attiser une dernière fois l’enthousiasme par un rythme donnant une envie irrépressible de se déchaîner et une pensée directe pour Nirvana. Venom Dish reste néanmoins une galette agréable soufflant un doux vent de nostalgie, et Disagony une belle découverte dont on suivra l'évolution à l'avenir.
Pour plus d’informations voici le site officiel du groupe ainsi que leur bandcamp.