On est d’abord intéressés par une vraie qualité des parties vocales. Leur musicalité, le registre et leurs arrangements exécutés par un (deux ?) chanteur (s). Des voix chaleureuses qui se répondent, agrippant l’intonation rock et distillant de fugaces et inattendus épisodes sensuels par exemple sur "Blank Canvas". De belles harmonies qui enjambent plusieurs genres musicaux : rocks 70’s, 80’s, progressif, pop, ska, des mélodies que l’on retient. Kanvas Rockband possède ce réel talent.
Le chant - en anglais - pilote la musique… pourquoi pas ?
En quête de style
Et puis on est rapidement irrités par la densité pléthorique des compositions.
Pour ce qui est des fondations,
les chansons sont façonnées de plein de couplets, de ponts qui introduisent des changements d’univers musicaux, qui eux-mêmes introduisent les refrains globalement noyés. Les morceaux s'étirent en longueur et cela indépendamment de leurs durées. La structure est bancale ce qui fait que ça ne groove pas.
Pour ce qui est du style proposé,
la musique de Kanvas Rockband s’en sort mieux lorsqu’elle s’exprime avec plus de simplicité, sur deux titres : "Until the end", la réussite du disque avec une signature ska-rock affirmée et une pointe de groove. Et "Come back to me", ballade rock proche de Balthazar, qui expose une touche soul conduite par une voix lascive dans un univers alternatif pour s’achever en ambiance rock 70’s.
"Blank Canvas" nous emmène sur la scène rock californienne. "Emergency" est une ballade naviguant dans plusieurs ambiances. Ce morceaux est singulier et proposerait presque une identité musicale s’il n’était étouffé sous la chanson qui ne lui laisse pas de place.
Sous la piste voix, donc, il y a la musique, rock et en puissance, mais restituée de façon ténue, étriquée. Parfois, elle est mise en avant lors d’interventions par salves. Elle est liée par les parties vocales et bien que celles-ci possèdent les qualités précitées elles souffrent d’un traitement à rallonge et utilisent à outrance des tics caricaturaux du genre "yéééééééhéééééé", "wooohoooooo".
Sur l’ensemble des titres Kanvas Rockband, joue la carte du crossover et alterne des séquences variées. Il en résulte une impression de copié-collé. Soit c’est la structure des morceaux qui met le focus sur cette faiblesse, soit l’exercice n’est pas maîtrisé. Et c'est là la fragilité structurelle de The Kanvas.
Pour ce qui est de la maturité du projet
Au final on sait, seulement, de ces cinq musiciens qu’ils sont parisiens et nous ignorons alors s’ils cultivent le mystère ou la précipitation mais l’écoute de The Kanvas ne nous aura pas aidés à cerner leur projet.
Si l’on resitue la production dans son contexte, on se souvient qu’on a affaire à un EP. Si l’on admet que le crossover présent sur chacun des titres constitue une unité, on ne peut, pour autant, envisager que cela confère à l'ensemble une cohérence.
Alors voilà, on a l’impression que le groupe est allé un peu vite en besogne pour satisfaire son désir de réaliser et de sortir ce disque.
Artistiquement, ce 1er EP témoigne d’une identité musicale qui est encore à trouver pour Kanvas Rockband.
TRACK-LIST
- Blank Canvas
- Emergency
- Come back to me
- Until the end
3 extraits de The Kanvas sont en écoute ici sur SoundCloud.
En dehors de l’EP, le groupe nous propose ce clip, d’un autre style musical encore… je vous laisse découvrir