Il est difficile de coller une étiquette sur le quatuor Tar Queen, qui nous soumet son premier album Continuum via leur maison de disque Radicalis, ce qui s'apparente plutôt un signe de qualité. Seulement les suisses signent un album dense mais en demi-teinte, qui tour à tour séduit ou déçoit. Mais présentons-les d'abord. Oscillant entre grunge, stoner, heavy metal et même une pointe de psyché, Tar Queen propose un rock violent, énergique et gras adouci par un desert rock qui relève le tout.
Cependant, quelques fragilités apparaissent très vite et se concentrent notamment sur la piste d'ouverture de la galette « Pork'n'Porc » qui même si elle démarre sur un ton agréablement énervé et comporte de belles envolées à la guitare (qui font d'ailleurs légion tout au long de l'album), irrite rapidement par un son quelque peu brouillon, surtout sur les moments survoltés, et bien trop saturé. Heureusement, « E.G.O » vient nous inciter à poursuivre la lecture par ses sonorités plus psychés et bien plus posées tout en nous montrant des musiciens maîtrisant leur sujet et ayant réalisé un travail de composition plus important. Cette piste laisse aussi entrevoir le côté désinvolte qui se dégage de l'univers du groupe.
Puis s'en suit le plus distingué « No Limousine, No Chardonnay But A Black Suit » qui montre un autre point faible de la formation : la voix, parfois trop robotisée, à l'accent anglais laissant à désirer et qui se trouve trop juste dans les aigus ou les refrains soutenus. Néanmoins sur les pistes plus calmes et lorsqu'elle se fait plus grave, la voix du dénommé Mitch, également guitariste, parvient à donner une certaine identité au groupe et ne pose plus problème. Enfin, une dernière déception réside dans les deux pistes « Continuum I » et « Continuum II » qui auraient gagné à être fusionnées : courtes de deux minutes environ, elles n'ont pas le temps de réaliser leurs ambitions.
Maintenant que le tour des défauts est quasiment fait il me faut rétablir la justice et vous en décrire les points positifs. En première place s'avance l'originalité dont fait preuve le groupe par un habile mélange de grunge, stoner et psyché qui quand il est justement dosé donne des pistes d'enfer, comme « Birds Of Misfortune » qui porte mal son nom puisqu'elle se dessine comme la meilleure piste de l'opus, ou « Slide Of Catfish » qui surprend par sa violence contrastée et des effets particulièrement soignés. De même, si les rythmes bourrus et assommant de la batterie qui servent de fil conducteur tout au long des onze morceaux pourraient vite lasser, une certaine finesse, presque schizophrénique, se dégage au fur et à mesure des écoutes. Des moments plus posés, de tempête contrôlée, et d'infimes détails donnent davantage de maîtrise à l'ensemble.
Par le contraste en rock dur et posé qu'il propose, Tar Queen finit par emporter l'auditeur dans son univers sombre et fumée, voire feutré, et parviendra parfois même à l'émouvoir. Ne reste plus à ces excentriques (qu'on a déjà vu joué un brin travestis) qu'à insuffler un peu de modération le long de leurs folles montées en puissance, en particulier concernant le chant, et de veiller à diversifier la toile de fond de leur prochaine galette pour confirmer le début de ce qui semble être une promesse d'avenir, surtout dans un pays où leur genre musical n'est que peu représenté !
Tracklist :
1. Pork'n'Porc
2. E.G.O
3. No Limousine, No Chardonnay But a Black Suit
4. Hasty Kisses And A Glass Of Wine
5. Birds of Misfortune
6. Sam's Gritt Affair
7. Continnum I
8. Blootooth
9. Slide Of Catfish
10. Gutless Wonder
11. Continuum II
Bonne écoute !
