Baskery, trio féminin nous arrivant tout droit de Suède, nous soumet son troisième album, après Fall Among Fieves et New Friends : Little Wild Life, enregistré dans un vieux studio de danse berlinois avec le producteur américain Matt Wignall pour une atmosphère intimiste et pleine de douceur. Filles d'un musicien jouant du vieux blues / country, les trois sœurs sont entrées très tôt dans l’univers musical, une expérience et des influences se retrouvant très nettement dans leurs créations. Mais Baskery tient à distinguer sa musique de la simple country teinté de consonances blues pour se concentrer sur l'émotion ressentie et transmise tout en s'éloignant de toute catégorisation facile au profit de leurs envies (jouer de la batterie pieds nus par exemple). Les suédoises disent ne vouloir être cataloguées dans aucune catégorie ou genre (ce qui est le cas de nombreux musiciens), cependant même si cet album ne s'adresse pas aux purs fans de country ne prenant en considération un artiste que s'il porte un chapeau de cow-boy et mâchonne constamment un brin d'herbe, cette rupture se ressent davantage dans l'éthique du groupe que dans son instrumental coutry/bluegrass...
Little Wild Life constitue néanmoins un projet fantaisiste puisque chaque piste de la galette correspond à une période de la vie observée par les trois belles. Par exemple, « The Kid », un morceau dynamique et folk par son rythme, mais empreint d'une pointe de nostalgie dans la voix qui se fait lyrique sur les refrains, retrace l'enfance, et la ballade « The Change », plus démonstrative et lourde qui dépeint probablement l'adolescence, mais devient vite lassante car trop répétitive. On préfère en effet le trio sur des airs festifs comme le long de « The Charm », un funk aux accents définitivement texans.
Des airs festifs et légers, les filles Bondesson nous en abreuvent par un fond musical roots chauffé à l'acoustique pour un rendu entre rock et country sans s'y limiter. Fond musical qui atteint même un certain paradoxe sur « The Last Beat » dont les joyeux rythmes entre en opposition avec l'idée de mort imminente, on attendait une piste plus mélancolique à la manière de « The Solution ».
Surprise aussi sur « The Northern Girl », introduction à laquelle il ne faut surtout pas s'arrêter pour se faire une idée de l'ensemble de la galette. Car si elle relève le pari de l'originalité, et apparaît même comme saugrenue, elle tient plus du chant religieux ou lyrique que d'un morceau à l'americana.
Cette piste donne néanmoins un bel échantillon de ce que je surnommerais le « Monstre à trois tête ». Mais un bien joli monstre ! En effet, côté chant, la voix principale aiguë et mélodieuse est soutenue par deux autres plus suaves ainsi que par une batterie d'instruments plutôt atypique dans ce registre, un banjo et une contrebasse, pour un résultat éclectique qui s'il donne une réelle identité au groupe, apporte parfois un côté trop lisse à l'ensemble.
Les trois sirènes scandinaves parviennent donc à nous entraîner dans leur joyeuse danse, qui même si elle prétend « casser les règles de la musique traditionnelle» ne révolutionne pourtant rien. Cet album n'en reste pas moins agréable, bien construit et frais, et Baskery un groupe à l'identité bien marquée (par son chant particulier, ses instruments utilisés et ses principes) qui ne doit pas avoir la partie facile dans son pays, pas vraiment connu pour sa scène blues/country.
Tracklist :
Northern Girl
The Shadow
The Charm
The Kid
The No No
The Change
The Fire
The Big Flo
The Reverend
The Last Beat
The Solution
Bonne écoute !
