Ah, Didier Super ! « Le chanteur masqué de l’Apocalypse » ! L’homme qui dérange, l’homme qui divise, l’homme qui fait peur ! Le trublion de la scène française nous livre son quatrième album, sorti le 5 octobre 2009. Alors, vraiment nouveau, cet album ? Accompagné de ses anciens musiciens, il puise largement, voire intégralement dans l’œuvre séminale et culte qu’ils avaient commise en 2003 : « Zeu Discomobile Maxi Music Show ».
La discomobile
Pour l’auditeur moyen qui pense avoir entre les mains un album « normal » de Monsieur Super, la première écoute de cette nouvelle version décevrait presque. On se dit : « Ah, mais ce ne sont que des reprises. On n’aura pas la joie de se délecter de la verve provocante du maître ! »
Je m’emballe, mais il nous avait régalé de grand lyrics dans ses opus précédents. Quelques citations en vrac :
« Les Arabes, c'est comme les lesbiennes et les drogués,
Les romanos, comme les artistes et les putes,
Les handicapés, c'est comme les lèpreux et les noirs,
Les clochards, c'est comme les pédés et certains jeunes,
Y'en a des bien, y'en a des biens,
Y'en a des bien, y'en a des biens biens biens,
[...]
Mais quand même, des fois, y'en a y font chier...» - Y’en a des biens
« Les enfants, faut les brûler, comme au Brésil
Faut les priver de dessert, comme en Afrique
Faut les rendre encore plus mogols que leurs parents, comme chez nous » - Comme au Brésil
« Qui c’est qui se lève tôt le matin
Et qui empêche les autres de dormir ?
Mais qui c'est qui se gêne pas
Pour gueuler quand j'fais des boums?
Les gens qui bossent
[...]
Ils ont tous peur de dire tout haut que les chômeurs ils sont feignants
Mais qu'est ce qu'ils sont contents de pas être à leur place.
Et puis tous les matins ils prennent tous leur bagnoles
Et du coup à cause d'eux y'a la guerre en Irak. » - Les gens qui bossent
Didier Super et sa discomobile - « La merde des autres »
Dans « La merde des autres », comme son nom l’indique, on ne trouve que des covers, mais la déception est de courte durée. Au bout de quelques chansons, le disque devient totalement addictif, et je dirais même... excellent musicalement ! Et oui, ça devait arriver, Didier Super est devenu super bon ! Même s’ils sont parodiques, ses cris suraigus et ses arrangements outrageusement metal/hard/ska/punk sont diablement efficaces ! Et qu’est-ce que c’est jouissif de l’entendre saucissonner tout ce que la variété française a de plus ringard (Les yeux revolver, Que je t’aime, Nuits de folies, etc.). Là où on s’attendrait à ce qu’il change la plupart des paroles, façon Rolling Bidochons, on est surpris de voir qu’il respecte les textes originaux, et c’est encore plus efficace, tellement certains sont débiles :
« Quand mon corps sur ton corps
Lourd comme un cheval mort
Ne sait pas, ne sait plus
S'il existe encore » - Que je t’aime
« Un peu spéciale, elle est célibataire
Le visage pâle, les cheveux en arrière
Et j'aime ça
Tell'ment si femme quand elle mord
Tell'ment si femme, je l'aime tell'ment si fort » - Les yeux revolver
Il agrémente également ceux-ci de quelques réflexions personnelles hilarantes :
« J’en ai rêvé si fort que les draps s’en souviennent - Je me trompe ou ça veut dire qu’il se branle, ça ? »
« Où tu vas quand tu t’en vas d’ici ? - Réponds fumier ! » - T’en vas pas
Bref, du grand Didier Super finalement. Un régal ! On trouve deux morceaux de Johnny dans l’album... Serait-il fan de sa cible préférée ? On a envie de lui poser la question : « Dis-moi, Didier Super, si tu reprends Que je t’aime et J’ai oublié de vivre, est-ce que c’est parce que si ça se trouve t’es pas tout à fait conscient que t’es un gros Johnny ? »
Didier Super, le gros johnny
Mention spéciale pour Comme d’habitude, qui n’est pas du tout une redite du My Way des Pistols, tout en sonnant également très punk. Pochette très sympa également, un très beau dessin qui renvoie à la série dessinée des aventures de notre héros, à lire absolument sur le site officiel : www.didiersuper.com
Allez, une toute petite critique : entre les morceaux, Didier se lance dans une sorte de quizz avec l’auditeur pour lui faire deviner les titres des chansons. C’est assez marrant la première fois, mais on s’en passerait bien au bout de quelques écoutes. D’ailleurs, il s’en lasse lui-même au bout d’une dizaine de fois et abandonne le gag.
En conclusion, courrez acheter l’album, ou bien téléchargez-le, comme dit Didier : « C’est bien aussi, vu ce que je vais gagner dessus... ».
Didier Super raconte la création de son nouvel album
Le clip de « Comme d’habitude »