Vous aimez le son et les ambiances du progressif, mais les solos à n'en plus finir vous ennuient profondément ? Jade Vine pourrait vous plaire. Ce quatuor londonien sort son premier album après avoir écumé la capitale anglaise et avoir forgé une amitié avec Anathema. Après s'être retrouvé en première partie du combo à plusieurs reprises, les musiciens se retrouvent avec Danny Cavanagh comme co-producteur de l'album (la classe quand même). Si les deux groupes proposent une musique n'ayant pas grand chose en commun, on peut les rapprocher dans cette volonté de proposer un rock à fleur de peau, qui tout en s'éloignant des structures et sonorités trop conventionnelles (ce qui incite à les rapprocher du prog), n'en cherche pas moins à privilégier l'émotion et reste donc tout à fait accessible.
Sur ce premier album, Jade Vine ne cherche d'ailleurs pas à se montrer trop aventureux et se concentre sur l'écriture de chansons majoritairement axées autour de structures très classiques (en gros, couplet refrain break etc). Si la volonté du groupe de proposer une musique à la fois accessible et particulière est louable, l'album pêche par excès de retenue et ne décolle jamais vraiment, malgré de beaux moments.
Outre Anathema, une autre influence évidente est celle de Steven Wilson. La tonalité générale reste en effet légèrement mélancolique, tonalité à laquelle des apports plus folk (à l'occasion, le Pain of Salvation récent n'est pas loin), le clavier et la voix féminine apportent un plus indéniable. Et il y a de l'idée, de belles mélodies ("One Last Time"), des refrains efficaces ("Lost it all"), le tout s'écoute très agréablement pour peu que l'auditeur soit un tant soit peu sensible à ce registre... Mais on ne trouve rien non plus qui marque véritablement les esprits (ou nos oreilles), la faute à des choix un peu étranges, comme sur le morceau titre, qui propose un très bon contraste entre les couplets et les refrains, mais rajoute une nouvelle progression bien moins convaincante, mais surtout à un flagrant manque d'audace.
Pour faire court, on sent que Jade Vine manque encore d'expérience dans l'écriture de ses morceaux. Car l'album reste bien trop sage pour emballer l'auditeur, et de nombreuses bonnes idées sont tuées dans l'oeuf, alors qu'elles appelaient un développement un poil plus surprenant ou au moins plus entraînant. "Take me under" démarre très bien, le riff de guitare et la diction du chant apportent du groove et une ambiance particulière... Avant que la suite ne retombe dans du beaucoup plus conventionnel. Tout cela reste agréable à l'écoute, mais trop gentillet, comme si le groupe avait peur d'aller trop loin et se concentrait avant tout sur l'exécution. Pourquoi pas, mais à ce jeu-là, le risque est de sacrifier l'originalité et de sonner comme un élève très appliqué mais peu inspiré. Le potentiel est pourtant bien là, mais il est encore exploité de façon trop aléatoire pour être réalisé.
Malgré ces reproches qui empêchent Nothing can hide from Light d'être véritablement convaincant, les amateurs des références pré-citées devraient prendre un certain plaisir à retrouver des sonorités touchantes et réussies. Cependant, il faudra faire mieux pour parvenir à imposer le groupe dans la cour des grands.
6,5/10