Skip The Use à  l’Aéronef de Lille (05.04.14)

Qu'importe les mauvaises langues qui pointent du doigt les singles mainstream de “Ghost“ ou “Nameless World“, qui renieraient les origines punk de Skip The Use. Sur scène, ils ne déçoivent jamais, surtout quand ils jouent à domicile. Retour sur deux heures de sueur.

Photos par Ulysse Thevenon

“Il fait 1000 degrés, putain !“ Comme d'habitude, Mat Bastard enlève le haut au bout de trois morceaux. Ce soir, c'est un beau marcel de basketteur à l'effigie du groupe, numéroté 59 comme le département du Nord (un chanceux l'aura attrapé à la fin du concert). Après 10 minutes de show, les cinq membres sont déjà dégoulinant de sueur. En fosse, des centaines de bras se sont levés et ne descendront pas avant plusieurs titres.
 

Pour ceux qui trouvaient que le dernier album manquait de pêche, rassurez-vous. Les titres “faibles“ de Little Armageddon prennent toute leur envergure en live. Les morceaux déjà pêchus “30 Years“ et “Gone Away“ deviennent explosifs sur scène, et les titres pop-rock “Second To None“ et “Story of Gods“ and Men acquièrent la patate qu'il pouvait leur manquer sur l'album. La guitare est plus saturée, les percussions résonnent d'avantage… un mix qui aurait été bienvenu sur le disque. De plus, des ponts ont été rajouté presque systématiquement à chaque titre. On notera que Lio quitte les claviers pour jouer un morceau de Saxo à la fin de “The Wrong Man“, comme à l'époque de Carving (leur ancien groupe de punk).

Mat Bastard, infatigable, mène la danse pendant une heure et demie. Désormais chevelu — « à nouveau » diront les puristes —, il zigzague de part et d'autres de la scène, saute, crie… et répète les mêmes rituels dont on ne se lasse pas. Sur “Give Me Your Life“, il emmène toute la fosse à gauche, puis à droite de la salle. Sur “Bullet“, il fait asseoir le public pour le faire sauter d'un seul pas, faisant trembler le sol de l’Aéronef.

L’Aéronef, un lieu symbolique. “Ca signifie beaucoup pour nous. C'est là que tout a commencé, avec Carving“. C'est d'ailleurs le moment punk du concert, avec une version de “You Are“ totalement déjantée, avec un final proche du métal… puis le titre “Don't Wanna Be A Star“, composé justement aux heures de Carving. En invité sur scène, Mike, le frère de Matt avec qui il a créé le groupe à ses 13 ans. Nouveauté : après le pont, Matt s'empare de la guitare de Yann Stefani pour jouer lui-même le solo.

Après cet instant punk, c'est l'heure des titres pop. Les choeurs du tube “Ghost “résonnent dans la salle, sous les acclamations du public. Contrairement à la version radio, la guitare acoustique est bannie pour une version plus rock, un pont modifié depuis la dernière tournée et un final particulièrement pêchu. Yann entonne quelques accords avec un son clair, on reconnaît le début de “Être Heureux“, nouveau et unique titre en français du groupe. “Ca nous touche de vous voir plein de couleurs, plein de sueur, plein de différences. Parce qu'il paraît que ça n'arrive plus“, lance Matt avant de commencer à chanter. C'est le seul morceau aussi théâtral et engagé du groupe, qui n'hésite pas à citer “Marine“ (Le Pen) explicitement, contrairement à la version album.

La communion atteint son paroxysme sur “Birds Are Born To Fly“. Le public introduit tout seul le titre, avec les fameux “la-la-la“, Matt le dédie à la communauté de fans “We Are Bastards“. “Au début, c'était un groupe de potes, et maintenant ils sont 800 !“ lance-t-il. Le morceau était, dès le début, clairement taillé pour le live et ce soir, il fait résonner toute la salle d'une seule voix. Les deux jeunes de Carbon Airways, première partie de la soirée, sont invités prendre part à la fête sur scène.

À quelques minutes de la fin du concert, le groupe rend son traditionnel hommage à Manu Guiot, leur ingénieur du son. Petite danse du ventre, puis Matt propose de finir “comme des connards“ : une proposition qui reçoit les faveurs du public. Comme toujours, Skip The Use finit donc le concert sur un “Bastard Song“ explosif. On est encore sonné que le groupe a déjà fait ses adieux et quitté la scène. Pas grave, on les retrouvera en festival cet été, ou durant leur tournée d'automne. Car en plus d'être bons, ils sont partout.



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