Drôle d'oiseau que ce Taylor Kirk, originaire du canada (décidément, il va falloir m'expliquer ce qui se passe dans ce foutu pays) et surtout connu sous le nom de Timber Timbre. Après seulement deux albums (plus des enregistrements autoproduits), le voilà propulsé méga chouchou de la critique branchée et hype; mon dieu, aurions nous découvert le nouveau Tom Waits ?
Je me moque, mais force est de reconnaître que l'oiseau avec son "Hot Dreams" ne démérite surement pas. Continuant sur la lancée de son précédent album, "Creep On, Creepin' On", Kirk se balade de nouveau dans son néo-rockabilly halluciné, prolongement idéal de sa voix profonde et monocorde. On imaginerait sans mal cette musique accompagner une adaptation de Bukowski signée par David Lynch. Car oui, Timber Timbre est une musique aussi moite que le plus cauchemardesque des bayous, et où votre jus d'alligator est aussi agréable à boire qu'une paire de ciseaux. L'album, s'il reste sombre, n'en est pas pour autant une suite inbitable et inaudible de pleurnicheries à rallonge. Kirk, encore plus sur cet Hot Dreams, sait renverser la vapeur tout en évitant le hors sujet. Que ce soit avec la magnifique chanson titre ou bien avec "Grand Canyon", on sent de temps en temps une petite lueur, une percée de soleil adoucir quelque peu l'amertume de l'ensemble.
On peut aussi souligner que cette fameuse voix monocorde, hypnotisante et jamais vraiment lasse, ressemble presque à un aveu. La vie est noire, certes; la vie est belle, certainement. Ajoutez à cela toute une représentation et réinterprétation d'un imaginaire americana pur jus, et vous obtenez la meilleure bande originale pour la prochaine saison de True Detective. Et ce serait bien normal, car après tout, ces chansons sont d'une qualité rare, peut-être moins originales que ce propose un groupe comme The Revival Hour mais tout aussi brillantes. On pourrait même dire qu'un titre comme "The Three Sisters" élargit le spectre musical de Timber Timbre en invoquant le David Bowie instrumental période Low ou bien en faisant clairement usage de la soul avec "Hot Dreams" et ses chaleureux saxophones.
Vous l'aurez donc compris, le nouvel album de Timber Timbre fait partie des bonnes nouvelles de ce début d'année (bien entamée déjà) et qui malgré un consensus critique que l'on pourrait qualifier d'effrayant, voire de repoussant; mérite vraiment l'écoute. Quoique...
Soyons précis et concis; et ajoutons gaiement : âmes sensibles, s'abstenir; les trains fantômes du rêve américain, c'est pour les grands.
