Yannick Berger nous propose un mini album dédié au plaisir, à la liberté d'écrire sans se prendre la tête. L'homme a un long parcours derrière lui, groupes de rock et de métal, passage par Paris en quête de reconnaissance avant de retourner en province et d'y devenir ingénieur du son, de travailler aux Francofolies, pour le théâtre, de rencontrer de nombreux autres artistes, certains très connus (Cali) d'autres moins (la chanteuse Brisa Roché qui apparaît en guest sur "Looking for sunshine). L'auteur compositeur se fiche bien désormais de devenir une célébrité, comme il le précise sur sa biographie : son seul objectif est le plaisir, ce qui lui offre une grande liberté, celle d'attendre l'inspiration, de ne pas avoir à forcer les choses. La pression peut avoir du bon, mais la recherche systématique du tube, typique de ce genre d'univers musical, risque bien souvent de se solder par des échecs à répétition. Loin de telles considérations, Yannick Berger a donc relancé son projet solo (qui a déjà plusieurs sorties à son actif) et s'en revient, la tête vidée de ses ondes négatives.
A l'instar d'un Beck, l'artiste est un touche à tout attiré par la pop bien écrite, le rock frais et accrocheur, bref par des univers lumineux qui derrière des apparences "je ne me casse pas la tête" n'en négligent pour autant ni le fond, ni la forme. Ainsi, le morceau titre est d'une simplicité presqu'enfantine et parvient à rentrer sans mal dans le crâne des auditeurs. Non pas du fait de mélodies crasses, il est peu probable que vous passiez la journée avec cette "cochonnerie de mélodie" en tête. En revanche, sans forcément conserver en mémoire la dite mélodie, il est probable que vous vous souviendrez que ce titre un peu insignifiant vous a en fait plus marqué que vous ne l'auriez cru. D'où l'envie bien naturelle d'y revenir, et de se rendre compte que loin d'être insignifiant, ce mini album se mange sans faim. Encore une fois, la mélodie ne cherche pas à jouer les vers d'oreille, mais suit sa route tranquillement, avec des arrangements simples mais inspirés, le tout jouissant d'un enregistrement de grande qualité. Ici, pas de démonstration, du plaisir et rien d'autre !
Du coup, après un démarrage bien frais, on accueille avec plaisir l'excellent duo "Looking for sunshine". Preuve s'il en était besoin que ce mini album a plusieurs cordes à son arc. Fort de son expérience, Yannick Berger se ballade, passe de la pop au blues le long de chansns qui évoquent aussi bien les univers d'Aimee Mann que de Beck ou bien d'autres. 5 titres c'est peu, et c'est pourtant déjà bien assez pour convaincre. Chaleur, convivialité, plaisir sont les mots qui reviennent le plus à l'écoute. N'allez pas croire à un amoncellement de sucreries pour autant : l'auteur a du vécu, ce qui signifie qu'il a aussi connu son lot de galères et sait ajouter une petite touche de noirceur ici et là, témoignage que même en regardant la vie du bon côté, il convient de ne pas verser dans une naïve béatitude (n'est-ce pas Pharell Williams). Mais noirceur ne rime pas nécessairement avec pathos. 5 titres c'est peu. Pourtant, les 5 titres qui nous occupent donnent déjà beaucoup.